Par R.Z.
“C’est la forme la plus exquise du comportement politicien, qui consiste à utiliser un fait vrai pour en faire un mensonge.” René Barjavel
Le mensonge, passe-temps favori de nos gouvernants, on en est habitués, mais reconnaissons tout de même que celui que vient de réaliser le ministre des Affaire religieuses dépasse la dose prescrite. Vous rendez-vous compte ! «Il n’y a pas de pauvres en Algérie, ce n’est qu’une invention des médias !» A la bonheur ! Il a une sacrée chance de ne pas être à la place de Pinocchio, notre gardien de la moralité publique…
A qui espère-t-il faire avaler un conte aussi inénarrable ? Sous quel angle aborder une telle énormité ? Par quel bout prendre un tel parjure. Serait-ce l’effet du jeûne ? Non, pas ça ! Un ministre qui veille au respect des valeurs de l’islam ne se laisse pas aller aux tentations pour commettre un tel pécher ! Serait-il frappé de cécité ? Non, voyons ! Il voit bien… Il doit bien y avoir une explication rationnelle pour nous faire entendre ce qui dépasse l’entendement.
Qui sont ces médias qui inventent la pauvreté dans notre pays ? Est-ce que, par exemple, l’«Unique» figure parmi ces médias sataniques ? Non, ce média est objectif, honnête, ne dit que la vérité et n’invente que la richesse. Et puis, avons-nous besoin des médias inventeurs de mensonges pour connaître ces vérités ?
N’allez pas croire que cela nous réjouisse ! N’allez pas chercher une quelconque «accointance avec des réseaux d’intérêts à l’extérieur» ou une quelconque collusion avec l’agence étrangère d’invention de pauvres en Algérie qui n’existe pas encore. Elle est partout… Mettez vos lunettes. Regardez autour de vous, tout près, au loin, au centre, aux quatre points cardinaux, sur les côtés, dans les airs et les mers, les ruelles et leurs poubelles, les marchés et les escaliers, de jour comme de nuit… Partout où les yeux peuvent poser le regard… Elle ne se cache point. Elle n’a rien à cacher. Elle est aussi nue que la vérité… Sans apparat ni déguisement. Elle est de tous âges, au féminin et au masculin. Elle est là, la pauvreté. Elle rode, gagne du terrain. Elle se compte par centaines de milliers de «coupe-faim».
A la lecture de cette affirmation qui nie l’existence de pauvres dans ce pays riche, la question qui doit tarauder l’esprit est naturellement celle de savoir à qui sont destinés alors ces couffins du Ramadhan. Cette année, selon ces médias «pointés du doigt», 1.2 million de familles vont bénéficier de ces «kits de survie». Si l’on compte une moyenne de 6 membres dans chacune de ces familles, faites le calcul… A qui ses sommes colossales provenant de la Zakat sont-elles destinées ? Eh oui ! Si les Algériens qui en bénéficient ne sont pas des pauvres, alors nous sommes en droit de nous interroger sur leur vraie destination, même si on sait que des personnes «pas pauvres» figurent à l’article du couffin du Ramadhan et elles se comptent même parmi des responsables… Ils ne sont ni fous ni menteurs ni riches les habitants de Boudjalbana (Khenchela) qui accusent les élus locaux de bourrer les listes des personnes socialement démunies et, pour exprimer leur colère, squattent une école primaire pour s’emparer des couffins du Ramadhan destinés aux nécessiteux.
La question reste toujours posée. Plus qu’une interrogation, c’est véritablement une énigme. Inextricable et inévitablement absurde: Qui sont ces pauvres qui ne sont pas pauvres mais considérés comme tels et à qui on octroie des couffins du Ramadhan, qui s’en vont vadrouiller en Tunisie et, avant de regagner le pays, font une escale aux Lieux-Saints pour «se purifier les os» ?
Mentir, c’est vilain …Et quand c’est le fait d’un commis de l’État, c’est condamnable. Et lorsque ce commis se trouve être ministre des affaires religieuses ? Mensonge d’État ? Sauver les apparences ? Assurément, voilà la seule et unique explication rationnelle. Ces millions d’Algériens pauvres est un drame certain pour l’humanité algérienne, ces menteurs qui leur concèdent des couffins de survie et qui les prennent pour des touristes en est un autre. Quelle misère !