L’association des disparus tire sur la commission Ksentini

algeriesmain1.jpgLa décision prise en Conseil des ministres, mercredi dernier, au sujet du nouveau statut de la commission de promotion des droits de l’homme, pour sa mise à niveau avec les conventions pertinentes des Nation Unies, commence déjà à donner lieu à une polémique.

 

«Il ne suffit pas de changer des textes et des hommes pour changer de pratiques», commentait l’avocat Khaled Bourayou pour qui ce qui compte le plus c’est la volonté politique de promouvoir les droits de l’homme dans notre pays.

 

Hier, c’est l’association des familles des disparus (ANFD) qui a donné de la voix à travers un long communiqué dans lequel elle assimile la décision du Conseil des ministres à une manœuvre annonciatrice de la politique d’amnistie, qui sera le futur chantier politique de Bouteflika.

 

«C’est le parachèvement de la politique d’impunité qui se précise» et surtout une volonté de «parer au refus de la Commission des droits de l’homme de l’ONU d’abriter en son sein un instrument qui, jusque-là, n’a servi que ceux qui l’ont mis en place», lit-on dans le communiqué de l’ANFD.

 

 

 

 

En fait, explique encore l’ANFD, «l’enjeu est double». Comment? «En présentant sur le plan interne cette reconfiguration comme une nouvelle étape, il s’agit de faire avaliser le travail déjà accompli dans la voie du processus d’impunité, cela est particulièrement vrai pour les disparitions forcées».

 

Le relookage de la commission, du point de vue de l’ANFD, à travers la recherche de la caution onusienne, serait de «servir le projet d’amnésie sans vérité que le candidat Bouteflika a sorti lors de la campagne électorale».

 

L’association des disparus considère que la refondation de la commission Ksentini, à travers un décret législatif et même l’intégration de compétences algériennes qui activent dans les ONG internationales «ne suffira pas». Car ce que reproche l’ONU au mécanisme de Ksentini, au-delà de son relookage, aspect purement formel, est sa conception spécifiquement Droits de l’homme et son inféodation au pouvoir qui en a fait une machine de guerre contre les vrais militants des droits de l’homme en Algérie.

 

«De tout temps, la dénonciation des défenseurs des droits de l’homme, personnalités, ligues et associations confondues et les attaques contre les ONG internationales ont constitué une constante du Pouvoir. Bien plus encore, les membres appointés font la promotion de l’action de l’exécutif, parasitant les voix des défenseurs des droits de l’homme et des victimes, polluant tout débat à ce sujet», observe encore l’association des disparus.

 

Celle-ci réitère ses critiques contre la commission Ksentini notamment le fait d’avoir constamment soutenu que la torture procède des comportements individuels. «Affirmer que la torture n’est pas une règle, mais procède d’un comportement individuel d’agents, que nos prisons répondent aux normes de la dignité humaine, que la liberté d’association et de presse a progressé, que la pauvreté est une invention de la presse, que le chômage est vaincu» relève, selon le bureau de l’ANFD, d’une «idyllisation» de la réalité de la part de la commission Ksentini dont le zèle en faveur du pouvoir est dénoncé.

 

Dans la dernière partie de son communiqué, l’ANFD dresse une sorte de bilan de la Commission et pointe en particulier le fameux mécanisme ad hoc mis en place par Bouteflika au sujet des disparus. «Le rapport remis au chef de l’Etat, en mars 2005, n’a jamais été rendu public et cette absence de transparence n’est pas fortuite», est-il rappelé par l’ANFD pour qui «seule la vérité et la justice et l’amorce d’un processus démocratique peuvent garantir de tourner la page du conflit par un nécessaire travail de mémoire pour les familles des victimes».

 

H. Senouci, La Voix de l’Oranie

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