A quand la fin des violences ?

berrian3np4.jpgSaid Radjef pour  »Algérie Politique » 

Comment juger l’action du 1er Novembre 1954 à la lumière des événements que vit aujourd’hui le pays ? A l’expérience des événements vécus, peut-on dire que le Conseil de la révolution pour l’unité et l’action (CRUA) fut  poussé à son insu à la révolution ? La démocratie est-elle possible sans alternance et sans paix ? Notre pays est-il souverain ou bien est-il à la merci  des lobbies militaro-industriels et autres gangsters qui dictent dans une mondialisation défavorable aux pays pauvres, leurs lois ? Quel seront l’avenir et le destin des futures générations ? Nos enfants seront-ils des bouches inutiles à nourrir et des bras sans emplois ? Dans ce cas quel sens donner aux incommensurables sacrifices consentis pas plusieurs générations ?…Telles sont les questions  que je me pose chaque jour et que je propose à la réflexion de nos amis internautes ?
 
Depuis plus d’un siècle le pays vit sans discontinuer dans une atmosphère de guerre et de violences inouïes. Aux événements génocidaires du 08 mai 1945 dont on dit qu’une partie de responsabilité incombe aux cadres opportunistes des AML, succéda  l’insurrection du 1 novembre 1954 dans un climat de négation et de règlements de compte entre les différentes composantes du mouvement nationaliste. Aux lendemains des Accords d’Evian, la situation ne s’est guère  apaisée .Et  c’est par la sagesse, toujours cette sagesse légendaire de Hocine Aït-Ahmed, Krim Belkacem, Ferhat Abbas et Ben Youcef Benkhedda que le sang des algériennes et des algériens ne coula pas encore à flots, lorsque au Congrès de Tripoli, durant l’été 1962, l’armée des frontières composée essentiellement de mercenaires, décida  de confisquer par la force la souveraineté du peuple. Et ce fut un miracle que les Accords d’Evian ne fussent pas remis en cause par la colonisation encore présente sur le sol algérien.

Le coup d’Etat du 19 juin clôtura la série de pillage, d’expropriations, d’intimidations, de saccage et d’assassinats de centaines de milliers de pieds noirs, de juifs et d’européens d’origine algérienne par un désastre intellectuel, civilisatrice, culturel et  politique .Les libertés collective et individuelle furent brisées sur l’autel de la propagande .et du mensonge. Dans les villes et villages, les principes de la démocratie et de l’activité politique et syndicale furent totalement anéantis par la terreur. Dans les compagnes, la paysannerie fut vidée de sa substance par la révolution agraire qui ouvrit les portes çà un exode rural massif et incontrôlé L’identité algérienne plusieurs fois millénaires et qui s’est enrichie au contact d’autres cultures et civilisations, vacilla et , entre l’Orient et l’Occident, sut plus sur quel pied danser. Cette identité dans laquelle les berbères, les musulmans, les chrétiens les juifs, les arabes et les européens se reconnaissaient pleinement, prit soudainement des rides pour ne devenir qu’un vulgaire instrument de propagande au service d’un nationalisme dégradant, étroit et obtus. Et on a appelé ça les miracles de la révolution algérienne !
 
Ali Oubouzzar, fraîchement ministre de la planification au lendemain de la mort de Boumediene, confia que le président défunt n’avait de compte à la Chase Manathan Bank, mais cependant l’Algérie comptait plus de milliardaires que Paris, Londres, Madrid et Washington réunis, alors qu’à cette époque toutes les richesses étaient selon les lois en vigueur, la propriété exclusive de l’Etat. Les bruits des bottes retentirent de plus en plus fort ; l’ANP ne laisse planer aucun doute sur la succession du dictateur Boumediene décédé dans des conditions obscures. A partir de l’ENITA à Bordj El Bahri, l’armée choisit sans passer par les urnes son président , en la personne du Colonel Chadli Bendjdid.. Peu après, les institutions connurent un rythme de clochardisation accéléré devant une constitution  impuissante et incapable de rétablir la paix et la justice pour lesquelles le peuple s’était soulevé le 1er novembre 1954. Invité à donner son avis sur cette période, Kateb Yacine eut cette réponse ; « L’histoire de l’Algérie est comme l’histoire de ce cochon a qui on a donné du miel ; au lieu de le manger, il le traîne dans son fumier pour  ensuite  l’abandonner. »
 
Dans la Mitidja apparurent les premiers groupes islamistes armés sous la bannière de Bouali. Selon  certains témoignages d’officiers de haut rang, « ces groupes terroristes » seraient mobilisés dans les casernes juste après le Printemps berbère, pour empêcher toute renaissance en mesure d’engendrer de nouvelles énergies démocratiques dans le pays.. Alors que le Mur de Berlin tombait, alors que des lueurs démocratiques apparurent à travers le monde, la loi du 23 février de 1989 autorisant le multipartisme tourna  à l’avantage des généraux qui démirent le président Chadli de ses fonctions et imposèrent une sale guerre au cours de laquelle le  peuple .fut contraint de choisir entre un Etat terroriste et un Etat policier. Phalanges de la mort, terrorisme pédagogique, fusillades en masses, disparitions, enlèvements,assassinats collectifs, tortures, transformations d’usines et d’unités de production, jadis fleuron de l’industrie, en casernes et en détachements militaires….enfin, bref, le 1er novembre et l’indépendance  tombaient en décrépitude totale
 
Mais jusqu’à quand ce coup d’Etat permanent ? Jusqu’à quand cette atmosphère de guerre civile qui angoisse tout un peuple ? Jusqu’à quand les violences qui terrorisent et qui incitent à l’exil et à la lâcheté ?  Jusqu’à quand la complaisance de l’Occident  et des instances internationales ?

Commentaires

  1. Baraka dit :

    À chaque fois que notre cher Radjef poste un article, soyez sure que le prochain commentaire proviendrait de Ammisaid…un duo incontournable, merci pour vous deux.

  2. smail dit :

    Malheureusement,le pays continue de vivre dans un marasme politique jamais égalé à cause des pillages engendrés par une dictature et une tyranie qui ne veulent pas se retirer et laisser place à une justice sociale!
    Nous continuerons à vivre la perversion et la corruption à plein si nous,petit peuple,n’arrivons pas à nous entendre pour y mettre définitivement fin!
    Nous les algériens savons tous critiquer mais nous ne mettons jamais le doigt sur ce qui nous brise quotidiennement!
    Souhaitons qu’un jour nous puissions nous rassembler pour combattre ensemble tout le mal qui nous ronge et ronge le pays tout entier!
    Saha aidkom et que Dieu nous reserve le meilleur avenir dont nous revons tous inchallah!

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