À Nantes, des patrons qui travaillent avec ce pays s’épaulent au sein d’un club.
«Près de deux ans pour être payé d’un marché public ? J’ai vécu cela en Algérie !» Le Nantais Pascal Mounier dirige la société d’ingénierie Ceris, à Saint-Herblain. En 2005, il a installé, en Algérie, où il participe à la construction d’hôpitaux, sa première filiale à l’étranger.
«Une population jeune, un pays vaste et en développement, le potentiel est immense, reconnaît-il, mais nous nous demandons tous les jours pourquoi nous y sommes venus, tant les affaires prennent des tournures inattendues !»
Des paiements en liquide
En 1994, le FMI a échelonné la dette du pays en échange de l’ouverture du marché. Sur le terrain, cela ne suit pas. La jungle administrative et financière favorise les dérapages. «Tout et n’importe quoi ¯ dont beaucoup de contrefaçons ¯ s’importe et se vend», constate Ahmed Tibaoui, directeur du World Trade Center d’Alger.
Un autre Nantais, Georges Amiand, a franchi la Méditerranée, en 2000, avec Idena, sa société de Sautron, pour vendre son savoir-faire dans la nutrition animale. Une entreprise 100 % de droit algérien et vingt personnes, à Blida, au sud d’Alger. «Il faut se battre sur tout. Notamment avec l’administration.» Et puis «dans l’élevage, tout est payé en liquide !» C’est pour tout cela que Pascal Mounier a lancé un club Algérie à la CCI de Nantes, avec une vingtaine de PME.
D’autant que, depuis quelques mois, le pays s’emploie à limiter ses importations. Plus possible, par exemple, d’y faire entrer du matériel d’occasion. « Comment expédier une nouvelle mélangeuse dans notre usine de Blida ? s’interroge Georges Amiand. En France, nous achetons ce matériel d’occasion, mais révisé.»
Élisabeth BUREAU.