« Frère H’mida, tu as du constater que le serment avait été trahi »
Taoues pour « Algérie Politique »
Cher frère H’mida,
De là où tu te trouves, bienheureux parmi les bienheureux, tu as du constater, la mort dans l’âme, cette âme qui survit à l’écorce terrestre, que le serment avait été trahi et par ceux-là même qui en ont certainement fait le moins possible, voire qui excellaient déjà dans l’art de la duperie et qui persistent dans leur aveuglement.
Quel gâchis ! Non, vous ne méritiez pas cela vous qui, avec une bravoure que seuls les authentiques héros possèdent vraiment, avez consenti le plus dur des sacrifices qui soit: celui de la renonciation à la vie pour le triomphe de vos idéaux, des idéaux bien galvaudés depuis et convoqués selon que de besoin !
J’ai lu qu’aujourd’hui vous allez avoir votre statue en bronze, afin, selon le journaliste auteur de l’article, que vous ne souffriez plus: des aléas de la nature et de l’abandon”. Comme si vous pouviez encore être atteint de quelque façon que ce soit, des aléas et autres vicissitudes de ce bas, et ingrat, monde !
Paix à vous, très cher frère H’mida, ainsi qu’à tous les chahidate et chouhada.
Cher modérateur, il me parait qu’il aurait aussi fallu distinguer, pour les memes raisons, la lettre que Zahia Kharfallah avait envoyé à son avocat:
«En face des tortionnaires de la villa Susini, des incendiaires des mechtas, je me sens à jamais innocente».«Cher Maître, je m’excuse si mon ton vous paraît un peu grave, mais la question pour moi à son importance : ma grâce. N’y réfléchissez plus. Je ne veux pas la solliciter personnellement et n’aimerais pas que vous la demandiez pour moi.
Je ne me sens, en effet, ni vaincue ni coupable. Je suis une prisonnière de guerre et l’armée à laquelle j’appartiens est déjà victorieuse.
C’est elle qui doit me libérer ou me venger si je meurs assassinée. En face des tortionnaires de la villa Susini, des incendiaires des mechtas, je me sens à jamais innocente. Que Messieurs les responsables français décident. Il s’agit de leur honneur, après tout, il n’y va que de ma vie. Je vous prie de m’excuser encore et de croire, cher Maître, à mon amitié.»
Chapeau bien bas, chère soeur !
Très belle lettre, Taous. Il fallait effectivement une sensibilité toute féminine, mais il est vrai que vous nous avez habitués à votre humanisme dans ces colonnes, pour percevoir l’extraordinaire engagement, le désintéressement, l’abnégation et le don de soi des deux valeureux cités.
Le courage et la lucidité de ces authentiques héros forcent le respect et rend plus amer encore le constat que leurs sacrifices a été vain.