Le FFS est-il le prolongement du FLN Historique ?*
Fouloulou pour « Algérie Politique »
Ce qui intéressant dans ce débat est de vérifier la nécessité ou non de soutenir une lecture critique du FLN Historique et du mouvement national en général avant de débattre si le FFS est ou non son prolongement historique.
La personne du premier secrétaire lui-même est moins intéressante que sa fonction politique, la responsabilité de ses déclarations et la nature de son agenda politique.
S’il y a lieu d’opérer un rapprochement, avec toute précaution, entre le FLN historique et le FFS, il se situerait à ce niveau d’engagement: le FLN historique s’est positionné comme unique organisation politique à laquelle il serait judicieux d’ajouter l’organisation militaire ( FLN-ALN )- qui s’est appropriée la mission de la libération de l’Algérie et avec elle son mode opératoire: première république. Le FFS quand à lui se positionne comme porteur d’un nouveau projet politique de la seconde république: construire l’alternative démocratique et sociale.
Or, l’affirmation selon laquelle le FFS est le prolongement du FLN historique- entendue comme filiation- implique l’existence d’une sorte de ‘mécanique identitaire’ propre au FFS ou aux organisations politiques en Algérie et en vertu de laquelle il y aurait des mécanismes de d’acculturations et de formations internes instituant à titre exclusif la transmission, d’une génération à l’autre, d’une culture politique au sens large (impliquant des visions, des stratégies, des concepts, des préceptes, des outils …).(1)
Première nécessité donc: essayer de définir cet ‘FLN Historique’, puis les pratiques qu’il a instauré et vérifier leur prolongement dans le temps et dans l’espace.
Le ‘FLN historique’ d’abord est lui-même tributaire à des fondements préhistoriques. Préhistorique dans le sens de ce qui a précédé ou ce qui a été à l’origine de ce qui est devenu historique, c’est-à-dire une référence spatio-temporelle ou épistémologique.
Dans cette logique, on positionnera Aït-Ahmed comme préhistorique au FLN historique. Le moment fondateur du FLN historique en effet est lié au Rapport de Zeddine dans lequel Hocine Aït Ahmed (qui n’avait que 24 ans au moment des faits) a expliqué sa théorie devant le comité central élargi du Parti du peule algérien (PPA) selon laquelle le mouvement national ne devrait avoir qu’un seul et unique objectif qui est et demeure l’Indépendance totale et complète de l’Algérie et que la lutte armée est le seul moyen d’y parvenir et qu’il faille mettre à l’œuvre des formations des cadres politiques et militaires qui auront la mission de la mener. D’où l’Organisation Spéciale (OS). Cette résolution avait opéré un schisme définitif avec tous les autres courants dits nationalistes ou internationalistes qui espéraient encore trouver un compromis assimilationniste ou une forme honorable de compromission avec la grosse colonisation.
Il ne s’agit pas d’affirmer que Aït-Ahmed en est l’inventeur, mais celui qui a formalisé cette pensée.
Le FLN Historique est aussi lié à novembre 1954, à ceux qui ont pris la responsabilité historique de déclencher le mouvement armé. Or, les recherches et les témoignages ont démontré que le déclenchement de la guerre de libération n’est pas le résultat de la maturation du mouvement national mais a été beaucoup plus une tactique qui consiste à dépasser le pourrissement de la situation entre les Centralistes et les Messalistes, les mettant ainsi devant le fait accompli et de la mission historique de la libération armée du pays: Aït-Ahmed – encore lui – n’est pas étranger à cette manœuvre.
Ce n’est qu’au Congrès de la Soummam (20 août 1956) que se trouve une élaboration plus au moins formelle du FLN historique, FLN-ALN bien entendu.
Et là, il est pertinent de relever que le FLN historique ne fonctionnait pas véritablement comme un ‘front’ proprement dit de coalition pour les courants politiques (révolutionnaires, assimilationnistes, communistes, Oulémas), ou toutes les autres personnalités importantes qui ont ‘raté’ la locomotive du déclenchement armé. Le FLN-ALN a été une organisation au sens propre, avec ses structures et son mode de fonctionnement, d’action et territorialisation.
La montée en puissance de l’armée des frontières et la dépossession du GPRA (qui aurait pu être une sorte de prolongement au FLN Historique) ont vidé le FLN-ALN de son sens, dépossédé de ses missions et ajourné ses résolutions.
Le FLN-ALN historique a donc été le résultat, la conséquence et la réponse des hommes et des femmes à l’écosystème de leur époque: politique, social, culturel, économique et sécuritaire. Le FLN-ALN historique n’a pas la prétention et les moyens se proposer comme modèle intemporel de mobilisation, d’organisation et d’action.
Il semble que le FLN-ALN historique fonctionne encore comme un mythe politique ou symbole idyllique de l’innocence et de la pureté patriotique.
De cet FLN Historique ont tout de même persisté des épisodes de gestion autoritaire des espaces politiques et publics, d’institution de crime comme mode de régulation des conflits politique, d’instruction de l’usage de la violence comme seul et unique moteur du changement.
C’est dans cet ordre d’idée que se pose la question de lecture critique du FLN historique et du mouvement national avant de le reprendre comme archétype ou aïeul politique.
Par ailleurs, la situation des libertés politiques et publiques en Algérie post-Indépendante ne vérifient en aucune manière une continuation généalogique entre le FFS et ce qui pourrait être le FLN Historique.
Les leçons à tirer de la critique du FLN historique ne peuvent qu’enrichir les idées et les mécanismes de la construction de l’alternative démocratique et sociale. A moins qu’il y ait une volonté délibérée de persister au niveau des slogans.
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(1) Voir par exemple le colloque : Hériter en politique :
Filiations, transmissions et générations politiques (Europe, XIXe – XXIe siècle) http://calenda.revues.org/nouvelle12922.html
(2) Le rapport figure dans le livre de Mohammed Harbi ‘Les Archives de la révolution algérienne, 1981’ (Jeune Afrique, 1981). A noter que Harbi y a mal renseigné l’âge d’Ait-Ahmed
*Titre d’El Mouhtarem
Ait Ahmed a été un des personnages les plus en vue qui a contribué tactiquement à ce qui serai devenu le FLN Historique.C’est ce qui a amené aujourd’hui et à juste titre,les militants du Front des Forces Socialistes à croire fermement que leur parti se situe dans le prolongement du FLN historique.Il est clair que le FLN de 1954 n’a pas demeuré inamovible,qu’il a été dévoyé de sa mission qui était celle de l’indépendance territoriale et politique du pays.
Lorsque le militant FFS vous dit qu’il est dans le prolongement du FLN historique,sachez faire une bonne lecture de son affirmation.Il s’agit bien de ce mouvement nationaliste pur qui a déclenché l’insurrection contre le colonialisme français.
Lorsque l’auteur du commentaire ci-dessus nous dit,je cite »la situation des libertés politiques et publiques en Algérie post-indépendance ne vérifient en aucune maniére une continuation généalogique entre le FFS et ce qui pourrait etre le FLN historique »,il y a là comme une certaine incompréhension dans la formulation de rapprochement entre les deux mouvements nationaux!Il n’a jamais été question pour le FFS de se situer dans ce qu’est devenu le FLN aprés l’ indépendance sachant que ce dernier est totalement effacé de l’arbre généalogique du FLN historique.Le FLN d’aujourd’hui na jamais été le frére du FLN historique,un non inscrit dans la famille réellement revolutionnaire!Il s’agit peut etre d’une usurpation de nom patronomyque!C’est d’ailleurs une différence de taille!
Nous allons célébrer dans quelques jours la date du premier novembre, symbole de la révolution algérienne. Plus d’un demi siècle après son avènement, que connaissons nous réellement de cette date ? Le premier novembre a t-il été une décision souveraine ou bien a-t-il été une action inspirée d’ailleurs ? Mohammed Boudiaf considéré à tort ou à raison comme le père du CRUA , a-t-il rejoint de son propre chef le 28 octobre le Caire ou bien lui a-t-on ordonné de le faire ? Dans ce cas qui lui a ordonné de le faire ? Que fut véritablement ce premier novembre au nom duquel des minorités archaïques, auréolées de la légitimité révolutionnaire, ont provoqué le désarroi en 1962 en expropriant, en excommuniant et en assassinant des centaines de milliers d’algériennes et d’algériens ?
A la veille de l’insurrection, hormis Hocine Ait Ahmed et Ahmed Benbella qui étaient connus pour avoir assurer de hautes responsabilités au sein du mouvement nationaliste, les autres membres du CRUA ainsi que les six chargés de rédiger la déclaration de guerre, étaient tous ou presque tous d’illustres inconnus.
Lorsque à travers son appel du 27 décembre 1953-qui deviendra historique par la force des choses- à la base militante du MTLD contre son comité central auquel il retira sa confiance, Messali était certain de neutraliser ses adversaires qui lui contestaient le leadership, mais il était loin de se douter que son appel allait modifier l’ordre des choses et entraîner de nouveaux rapports de force. En effet, il venait, sans le savoir, d’enclencher un processus qui allait embraser l’Algérie durant huit années consécutives et, par-delà les frontières de ce pays, sonner le glas de l’ère de la colonisation directe et influer du coup sur le destin de centaines de millions de femmes et d’hommes.
Par la Proclamation du premier novembre rédigée à Rais Hamidou et tirée à Ighil Imoula, le groupe des « 22 » appelait les algériennes et les algériens à la lutte armée contre la colonisation. Mais par cette action, la colonisation n’était pas la seule visées .La décision d’engager la lutte armée dans les conditions connues de tous,était également dirigée contre l’ensemble des partis et des factions du pays tels que l’UDMA , les Oulémas, le CC du MTLD , le PCA et en particulier Messali. En somme toutes les élites du pays. De ce fait, peut-on dire que les combattants du premier novembre avaient la certitude de la victoire malgré l’allure titanesque du combat qu’ils décidèrent d’entreprendre ? Etaient-ils mûs par une foi sans commune mesure avec le destin de leur action et le devenir de leur peuple et de leur pays ? Ou bien alors convaincus de la dislocation (la lutte qui opposait Messali à son comité central) irrémédiable du MTLD, avaient-ils consciemment et délibérément opté pour cette espèce de fuite en avant qui déboucha miraculeusement sur la destruction de vastes empires coloniaux ? Ou bien alors y avait-il tout cela à la fois dans le conscient et le subconscient des hommes du CRUA ?
Il faut dire que la façon dont les architectes du premier novembre ont procédé au déclenchement de l’insurrection cachait bien des choses. En effet, aux visées révolutionnaires du PPA-MTLD, conduites par Messali en sa qualité d’homme politique lucide représentant l’Algérie au Panafricain Congres aux côtés de N’Krumah- cette organisation qui prônait l’indépendance de tous les pays africains et dont F Fanon nous parlera quelques années plus tard-, le groupe des « 22 » avait vite substitué l’objectif franchement réduit et étroit qu’est l’indépendance du pays. Comme si il suffisait que le pays soit indépendant pour que la prospérité, la justice et le développement touchent tous les secteurs et qu’enfin une conscience nationale algérienne raisonnée naisse. Les déclencheurs de la lutte armée ne savaient-ils donc pas ce que le mot révolution veut dire ? Si « Que Faire ? » de Lénine était la formule magique des Bolcheviks, quelle était celle des révolutionnaires algériens en 1954 ? Qui leur appris l’alphabet de la révolution ? Comment se fait-il que Boudiaf et ses amis aient osé « jeter la révolution à la rue » qui était peuplée par des paysans majoritairement analphabètes et écarter tous les dirigeants du mouvement national qui leur ont appris l’alphabet non plus, cette fois-ci révolutionnaire, mais disons- le, politique. N’est-il pas absurde le fait de prétendre mener une révolution à caractère nationaliste tout en écartant (en le trompant volontairement sur la date du déclenchement) le père du nationalisme algérien qui a rédigé avec ses propres mains l’Appel aux militants le 27 décembre 1953 , lu au Congrès de Hornu , que ses adversaires ont lancé au peuple algérien le 1er novembre 1954 au nom du CRUA ?
A la lumière de toutes les vérités à effet de bombe que certains essaient par complaisance et par lâcheté de dissimuler à tout prix, n’est-il pas du devoir des intellectuels et des universitaires de la nouvelle génération d’interroger les conditions occultes dans lesquelles le premier novembre semble être né ?
Il me semble que c’est un vieux texte nous présente ici le camarade Radjef car le ier Novembre est passé depuis mtnt 20 jours!
Bonsoir tout le monde. Effectivement le papier est vieux, mais son contenu est plus que jamais d’actualité.
OK camarade Radjef!Nous avons trés bien compris.
Salutations!
Oh oui bien sur que Sir Hocine AIT-AHMED est dans le combat pour la démocratie mais pas le F.F.S comme le prétendent ceratins, je suis témoin à Bejaia que c’est un élu APW F.L.N qui à élu certains 1ers secretaires de section avec la main bien sur du P/APW et ces acolytes.