Luttes d’influence autour de la Sonatrach

khelil.jpgParu in le monde diplomatique
Ahmed Djezairi
 

 

Le président-directeur général de la Sonatrach — la plus grande entreprise algérienne, un monopole public qui gère les hydrocarbures et le gaz dans le pays —, ainsi que plusieurs hauts cadres de la société, ont été placés sous contrôle judiciaire, comme le ministre algérien de l’énergie l’a confirmé lundi 18 janvier. Selon la presse algérienne, l’enquête porterait sur des malversations présumées en lien avec des passations de marchés. Mais le fond de l’«affaire Sonatrach» pourrait s’avérer plus politique.

 

Contrairement à ce qui a été beaucoup écrit ces derniers jours, M. Abdelaziz Bouteflika n’a pas décapité l’état-major de la Sonatrach – tous des cadres originaires de l’ouest comme lui et nommés par lui – pour lutter contre la corruption.

 

C’est en réalité une initiative des services de sécurité militaire, avec qui le président est en lutte ouverte depuis des mois. Il va perdre dans l’affaire son dernier point d’appui, le contrôle de la rente pétrolière et des relations avec l’extérieur, intéressé en priorité par le sous-sol saharien.

 

Son ministre du pétrole, en place depuis décembre 1999, est sur la sellette. El Watan, un quotidien francophone qui relaie souvent les vues des services, le met en cause à sa une du 17 janvier. Est-il le bénéficiaire ou le responsable du scandale ? La réponse est dans la question : il doit partir.

 

Que va faire M. Bouteflika ? Sans doute rien …

 

Isolé, il n’a pas su depuis dix ans construire et animer une coalition, décevant tour à tour les Kabyles, l’intelligentsia, les technocrates, la jeunesse et «sa» région d’origine, l’Oranie, victime de la fermeture persistante de la frontière avec le Maroc. Son équipe ministérielle de départ s’est effilochée au fil du temps. Les grandes puissances, enfin, lui battent froid, de Sarkozy à Obama et Poutine, indifférents à ce président in partibus qui tient mal ses promesses.

 

Il n’a plus les moyens de contre-attaquer face à ses adversaires en kaki qui contrôlent tous les services de sécurité. Le DRS, l’ex-Sécurité militaire, a échappé à la présidence en 1990, la Sûreté nationale en 1995 et la gendarmerie nationale reste «une force militaire investie de missions de sécurité publique».

 

Le président peut espérer tout au plus une rémission. Les circonstances l’y aident. L’équipe nationale de football, engagée dans la Coupe d’Afrique des Nations qui se déroule actuellement en Angola, est qualifiée pour le Mondial, qui aura lieu en Afrique du Sud en juin. Sa réussite captive l’opinion publique et monopolise l’attention des médias. Tant que «les Verts» gagnent des matchs, leur popularité rejaillit en partie sur lui et le met provisoirement à l’abri.

 

La fête finie, on passera alors, toujours au nom de la lutte contre la corruption, à une autre étape: la mise en cause de son petit frère, Saïd, dont le tout-Alger susurre qu’il collectionne les pots-de-vin. Sentant la menace, M. Bouteflika l’a éloigné ces derniers mois de la présidence, où il était jusqu’alors incontournable.

 

L’objectif des services est d’obtenir la démission volontaire (au moins en apparence), pour raisons de santé, de M. Bouteflika, qui a été sérieusement malade en 2005-2007. Il y a deux précédents : celui du président Chadli Bendjedid en 1992 et celui de son successeur Lamine Zeroual en 1998. Une virulente campagne de presse contre son bras droit, le général Mohamed Betchine, avait obtenu son départ, suivi par celui du président.

 

Le même homme était à la manœuvre: le tout-puissant général Médiene, chef du Département Recherche et Sécurité (DRS) de l’état-major, en place depuis bientôt vingt ans… Sans son aval, aucune nomination, aucun contrat, aucun accord n’est possible. Depuis la réélection de Bouteflika pour un troisième mandat, en avril 2009, il bloque la constitution d’un nouveau gouvernement, impose au président un premier ministre qu’il déteste et interdit le congrès du FLN, le seul parti encore aux mains de ses partisans.

 

Trois des quatre présidents de la République algérienne depuis l’indépendance ont été déposés ou assassinés. Le cinquième, Abdelaziz Bouteflika, a désormais le choix entre partir, comme Chadli et Zeroual, ou rester, au risque de périr, comme Mohamed Boudiaf en 1992, dans un coup fourré…

Commentaires

  1. mohand dit :

    Et si ce sont des actions concertées, pourquoi aussi ne pas regarder sous cette perspective pour expliquer cela.
    Pour que deux ensembles s’opposent il y a un certain nombre de conditions préalables. Il faut que la politique de l’un est différente de celle de l’autre,ou que l’ambition pousse l’un à se poser en alternative à l’autre. Or l’analyse ,même sommaire, n’y résiste dans le cas des 2 antagonistes désignés comme tels.
    En 1999 il est communément admis que le Président a été choisi par les décideurs (les Généraux) et le peuple était d’accord puisqu’il a voté pour Bouteflika à une majorité suffisante , les bourrages d’urnes n’ont été faits en fait que pour maintenir la tradition du gonflement inconsidéré des suffrages.
    En 2004 il a été aidé par des procédés insoupconnés avant leur concrétisation. Le deal a pu être trouvé et appliqué au détriment de l’autre voie qu’on a écarté ine fine.
    En 2009, c’est tous les politiques et les militaires et une grande partie de milliardaires qui ne veulent pas que ça change, accréditant l’idée qu’il n’y a pas un homme en mesure de réunir autour d’eux le concensus. Mais en fait , le travail de banalisation et d’effacement de certaines situations n’est pas tout à fait terminé il faut donc ne rien changer. (les milliards empruntés, les biens acquis dans l’opacité, les irrégularités diverses et les faveurs qu’ils ont engrangé dans l’illégalité, sans oubliers les questions de justice qui finiront bien un jour par se poser.)
    Cette continuité rencontre les désirs insatiables de ceux qui tirent leurs marrons des feux dans la joie sans se soucier de tous ceux qui les regardent faire et qui désapprouvent leurs actions et leurs comportements outranciés.
    Ils s’imaginent arriver à la phase où les désirs des uns sont des ordres aux autres.
    Dans l’affaire il n’ y a pas que le Président, lequel peut à son âge vouloir , Allah houa aalam, se dresser du bon côté des acteurs pour qu’enfin il fasse ce qu’il a promis et qu’il n’a pas fait.
    Ceux qui veulent que la situation désastreuse de l’Algérie sur le plan de la Gouvernance ne change pas , ce sont eux qui veulent nous faire croire qu’il y a une guerre larvée entre les deux antagonistes.
    Or en 2010, je pense que les choses ont évolué et que les militaires ne veulent pas le pouvoir car s’ils le voulaient rien ni personne ne peut les en empêcher.
    Les deux parties antagonistes , pourraient être de ce point de vue solidaires dans cette guerre intérieure, car elle concerne la souveraineté nationale. Il y a des hommes proches de Bouteflika qui pensent qu’ils peuvent continuer à voler dans l’impunité et il y a aussi des hommes de l’autre partie, qui s’imaginent que c’est eux le pouvoir et qu’ils font et défont les hommes comme ils le veulent.
    Les deux composantes se gavent sans retenue. La situation a atteint des sommets inimaginables. Les élèments des deux clans ne sont mus que par l’argent, les clans se sont formés et des organisations mafieuses sont nées et si on ne mettait pas fin à leurs agissements rien ne pourrait les arrêter. Quand on arrive que des ministères organisent la dilapidation par personnes interposées, après les APC et les APW etc.. ce n’est plus tenable.
    Ceux qui connaissent par exemple l’histoire de certains pays à l’agonie , comme Haiti par exemple pour ne citer que ce petit pays , savent que rien ne résiste à la mafia quand elle est forte et qu’un pays peut devenir une jungle pour son peuple. Personne ne souhaite cela à la génération qui vient, riches , puissants ou pauvres tous nous aspirons à laisser à nos enfants le meilleur possible.
    J’ai pensé à un sursaut de nationalisme et de raison que les âges de l’un et de l’autre peuvent enfin permettre.
    BOUTEFLIKA a 73 ans et MEDIENE (puisque c’est autour de lui que toute la critique s’opère) a le même age. A cet age on aspire a quoi quand on est intelligent comme le sont les deux principaux personnages de l’Etat? Et bien je crois à de bonnes actions à des coups de baroud, pour dire aux leurs et au peuple , la récréation est finie. Ceux qui se sont permis d’abuser et de profiter doivent rendre des comptes , rendre les biens volés , et ceux qui se cachent nous le saurons , puisqu’on exige que les déclarations de patrimoine soient enfin faites pour tous…
    N’est ce pas vraisemblable que cela puisse être , et que les bruits de bottes ne sont en fait que le résultat de manigance de ceux qui dans le sillage de ces deux personnages ne veulent pas d’une armistice.
    Même des hommes qui se font la guerre il arrive un moment où ils s’entendent , or ces deux antagonistes ne se sont faits aucune guerre.
    Ils pensaient probablement que les hommes qu’ils ont choisis étaient au dessus de tout reproches, ils découvrent au fur à mesure des diagnostics qu’il n’en est rien, au contraire, assurés de l’impunité ils ont tranformé l’Algérie en une cour ou les conduites défigurent l’image qu’on a toujours voulu donner de l’Algérie.
    La gravité de la situation appelle des mesures grandioses en convoquant tout ce qu’il y a de noble dans les hommes pour éviter que l’opération ne se perd dans les méandres étrangers à la loi des hommes et les principes Divins.

    Mohand

  2. beddan dit :

    Le peuple attend avec impatience son sauveur, celui qui pensera plus à ses enfants q’aux prédateurs étrangers, celui qui fera payer tous ceux qui vendu le patrimoine algérien à 70%, voir plus.
    Celui qui dira à ceux qui se sont trempés dans la magouille (algériens bien sûr) de rendre ce qu’ils ont pris. Enfin celui qui pensera aux générations futures.
    Enfin celui qui laissera qui laissera un nom pour le peuple algérien.

  3. TAMZALI dit :

    Nous avons besoin de plus de temps
    Nous n’avons pas besoins de troubles en ces jours-ci
    Notre souci et celui comment trouver de l’emploie a ceux qui n’en n’ont pas
    Beaucoup de nos cadres sont dans le besoin
    Il est important de mettre la production de tous produits en marche avec les installations que nous avons par la suite pensé à gérer ses malversations
    Je réitère nous n’avons pas besoin de trouble surtout maintenant

  4. kaddour dit :

    ou est le milliard de DOLLARS que larbi belkheir possedait???

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