Kamel Belkacem s’en va…ses écrits restent

belkacem.jpgLe journaliste Kamel Belkacem, est décédé vendredi dans un hôpital de Malaga, en Espagne, à l’âge de 69 ans des suites d’une longue maladie. Durant le règne du parti unique, Kamel Belkacem était rédacteur en chef du quotidien El Moudjahid puis directeur de l’hebdomadaire Algérie Actualité. « La presse algérienne vient de perdre l’un de ses pionniers et militants de la première heure pour la liberté de la presse et d’expression », a déclaré Abdelkrim Djaâd à Liberté en hommage à son ancien patron.  Pour bien connaître « ce militant de la première heure pour la liberté d’expression en Algérie », je publie un article qu’il a écrit en mars 1980 après l’interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri à l’université de Tizi-Ouzou. El Mouhtarem

Kamel Belkacem, El Moudjahid, 20 mars 1980.

« Des étudiants du Centre universitaire de Tizi-Ouzou ont exprimé leur mécontentement il y a quelques jours à la suite d’une conférence annulée d’un homme qui, pour prétendre être le chantier d’une culture berbère, n’a rien fait de tel comme contribution à son pays que rédiger un travail de «création intellectuelle sur la culture aztèque…» (1) avant d’accorder une interview à un quotidien parisien où il confond inquisition chrétienne, monarchie marocaine et l’Islam et la Révolution algérienne.

On peut facilement comprendre pourquoi notre jeune génération a tout à gagner en se défiant de tels intellectuels (2). Les vérités d’un Kateb Yacine ou à un Malek Haddad, même si elles ne font pas l’unanimité, sont les actes de foi patriotiques, un désir profond de communier. L’incident que certains milieux ont tenté de récupérer n’a, il faut dire, aucune commune mesure avec la tournure qu’il a prise. Les valeurs arabo-islamiques fondamentales de notre société et, principalement l’Islam qui a trouvé le meilleur accueil en Kabylie, n’ont jamais été édifiées sur l’intolérance et le repli sur soi-même. La Nation algérienne a trouvé son unité dans sa diversité et si, à un moment donné, nous avions jugé avec une grande sévérité les passions non retenues de jeunes, enthousiastes certes, au nom de l’arabisation, il convient par ailleurs, en pareil cas de dire à ceux qui se réfugient derrière d’autres slogans, d’observer la plus grande vigilance à l’égard de ces slogans.

Au moment où la Direction politique, à l’écoute des masses prend en charge tous les problèmes des citoyens, afin de les résoudre de manière globale et juste, notre peuple n’a que faire des donneurs de leçons et particulièrement de gens qui n’ont rien donné ni à leur peuple ni à la révolution, à des moments où la contribution de chaque Algérien à la cause nationale était symbole de sacrifice et d’amour de la patrie. La langue arabe – revendication de notre peuple – est notre langue nationale et il est tant qu’elle reprenne la place qui lui revient dans tous les secteurs d’activités du pays.

Nous ne pouvons en effet continuer à lier le destin des générations futures et notre indépendance à une langue étrangère qui fût la langue de nos oppresseurs, de notre dépersonnalisation. L’arabisation, contrairement à ce qu’en pensent certains passéiste bornés et «Mac Cartyses» de la culture se traduira dans notre vie de tous les jours de façon réfléchie et révolutionnaire et avec l’adhésion de l’ensemble des Algériens. L’expérience nous a appris que toute tentative d’imposer quelque chose à notre peuple est vaine et relève de l’irresponsabilité.

La culture algérienne sortie, de ses ghettos, de ses inhibitions et de ses interdits – dus le plus souvent à quelques bureaucrates trop zélés qu’à autre chose- doit renaître grâce à l’apport des Algériens qui n’ont pas été engendrés quoiqu’en disent certains dans le berceau de la Rome antique ni dans ce du royaume du Macherek. Elle est l’expression d’une civilisation arabo-islamique qui s’est tondue harmonieusement dans les traditions et spécificités des peuples d’Afrique du Nord. Les plus grands acquis de notre peuple ne se sont pas réalisés à coups de slogans, ni contre volonté des masses populaires. »

(1) Les « Aztèques » ce glorieux peuple anéanti par les Conquistadores, a fait aussi l’objet d’études célèbres de la part d’un certain Jacques Soustelle de triste mémoire. Curieux choix de ce thème. (2) S’agissant de la participation à la guerre de libération est-il nécessaire de rappeler son refus de souscrire à un manifeste en faveur du FLN en 1956 et on dédain pour les moudjahidine de 1954, qualifiés par lui dans les colonnes de « l’Echo d’Alger » de chacals des Aurès.

Commentaires

  1. amghar azzamni dit :

    On a pris pour habitude,lorsqu’une personne meurt et est sur le point de rejoindre sa demeure éternelle où il doit rendre sérieusement des comptes avec beaucoup de rigueur et de justice divine,de demander pour lui la clémence de Dieu.
    Cependant,il est des personnes qui,ayant fait beaucoup de mal soit directement ou éventuellement par personnes interposées,pour ceux-la il nous est extrêmement difficile d’avaler ou d’exprimer notre pardon.
    Dans le cas de ce journaliste ,nous avons eu à lire ses articles tendancieux et très critiques surtout ceux concernant toute l’opposition au régime auquel il est resté servile et bien attaché.L’histoire est très sévère envers les détracteurs et parfois elle leur réserve des destins des plus atroces !
    Le cas de Kamel Benbelkacem est trés frappant:mourir en terre étrangère est déjà une véritable sanction pour avoir été un nervi du régime de l’époque où même le rictus était interdit et passible d’emprisonnement ou d’enfouissement dans l’oubli total.
    Aussi, pour avoir témoigné de mauvaise foi contre des intellectuels opposants au régime et avoir insidieusement souillé leurs mémoires, ne lui promet pas la clémence tant espérée par les siens et de ceux qu’il a servi durant son passage sur terre!
    Mais,toutefois en tant que musulman,nous ne pouvons que prononcer la formule magique utilisée dans de telles circonstances: »Allah yarhamou »!
    Nul ne peut interférer sur les décisions et le verdict que Dieu réserve à ses créatures!

  2. stiti dit :

    clair net et precis ,no comment

  3. farid dit :

    je ne sais par pourquoi le titre de cet article n’est pas inclu.

  4. boncourage dit :

    Le malaise kabyle
    par Mouloud Mammeri

    Sur les allégations me concernant personnellement, je fais l’hypothèse charitable que votre bonne foi a été surprise et que ce qui ailleurs s’appellerait mensonge et diffamation (et serait à ce titre passible des tribunaux) n’a été chez vous qu’erreur d’information. Il va de soi que je n’ai jamais écrit dans l’Echo d’Alger l’article mentionné dans votre texte. Il va sans dire que je n’ai jamais eu à refuser de signer le mystérieux manifeste pro – FLN de 1956 que vous évoquez en termes sibyllins.

    Je serais heureux néanmoins que cet incident soit pour vous l’occasion de prendre une dernière leçon sur la façon même dont vous concevez votre métier. Le journalisme est un métier noble mais difficile. La première fonction et à vrai dire le premier devoir d’un journal d’information comme le vôtre est naturellement d’informer. Objectivement s’il se peut, en tout cas en toute conscience. Votre premier devoir était donc, quand vous avez appris ces événements (et non pas dix jours plus tard), d’envoyer un de vos collaborateurs se renseigner sur place sur ce qui s’est passé exactement afin de le relater ensuite dans vos colonnes.

    Vous avez ainsi oublié de rapporter à vos lecteurs l’objet du mécontentement des étudiants. Cela les aurait pourtant beaucoup intéressés. Cela leur aurait permis en même temps de se faire une opinion personnelle. Ils n’ont eu hélas droit qu’à la vôtre. Vous auriez pu pourtant leur apprendre qu’il est des Algériens pour penser qu’on ne peut pas parler de la poésie kabyle ancienne à des universitaires algériens.

    La poésie kabyle fait partie du patrimoine national

    Nous sommes cependant quelques-uns à penser que la poésie kabyle est tout simplement une poésie algérienne, dont les Kabyles n’ont pas la propriété exclusive, qu’elle appartient au contraire à tous les Algériens, tout comme la poésie d’autres poètes algériens anciens comment Ben Mseyyeb, Ben Triki, Ben Sahla, Lakhdar Ben Khlouf, fait partie de notre commun patrimoine.

    En second lieu, un journaliste digne (et il en est beaucoup, je vous assure) considère que l’honnêteté intellectuelle, cela existe, et que c’est un des beaux attributs de la fonction – même et surtout quand on écrit dans un organe national : là moins qu’ailleurs on ne peut se permettre de batifoler avec la vérité.

    Je parle de la vérité des faits, car pour celle des idées il faut une dose solide d’outrecuidance pour prétendre qu’on la détient. Mais visiblement pareil scrupule ne vous étouffe pas. Avec une superbe assurance et dans une confusion extrême vous légiférez ; mieux : vous donnez des leçons.

    Vous dites la volonté, que vous-même appelez unanime, du peuple algérien comme si ce peuple vous avait par délégation expresse communiqué ses pensées profondes et chargé de les exprimer. Entreprise risquée ou prétention candide ? Quelques affirmations aussi péremptoires dans la forme qu’approximatives dans le fond peuvent être l’expression de vos idées (si l’on peut dire) personnelles. Pourquoi en accabler le peuple ?

    Il n’est naturellement pas possible de traiter en quelques lignes la masse des problèmes auxquels vous avez, vous, la chance d’avoir déjà trouvé les solutions. Je vais donc tenter de ramener à quelque cohérence la confusion des points que vous évoquez.

    Vous me faites le chantre de la culture berbère et c’est vrai. Cette culture est la mienne, elle est aussi la vôtre. Elle est une des composantes de la culture algérienne, elle contribue à l’enrichir, à la diversifier, et à ce titre je tiens (comme vous devriez le faire avec moi) non seulement à la maintenir mais à la développer.

    Mais, si du moins j’ai bien compris votre propos, vous considérez comme impossible le fait de vouloir le développement de cette culture avec ce qu’en vrac et au hasard de votre plume vous appelez les valeurs arabo-islamiques, l’indépendance culturelle, etc.

    Vous êtes naturellement libre d’avoir une pareille opinion. Ce n’est pas la mienne. Je considère personnellement qu’au fond de culture berbère, qui nous est commun à tous, l’islam et les valeurs islamiques sont venues apporter un élément essentiel à la définition de notre identité. Je considère que l’islam des premiers siècles a été un instrument de libération et d’émancipation de l’homme maghrébin. Je pense que par la suite il a été le ciment idéologique de la résistance nationale aux menées espagnoles et portugaises sur nos côtes. Naturellement, entre les différents visages qu’il peut prendre dans la réalité, j’opte quant à moi pour le plus humain, celui qui est le plus progressiste, le plus libérateur, et non pour le visage différent qu’il a pu présenter aux heures sombres de notre histoire.

    Une diversité refusée dans les faits

    La contradiction visiblement ne vous gêne pas. « La nation algérienne, écrivez-vous, a trouvé son unité dans sa diversité. » Voilà un sain principe, mais comment le conciliez-vous avec l’article que vous venez de commettre ? Cette diversité que vous êtes fier d’affirmer dans les mots, cela ne vous gêne pas de la refuser aussitôt dans les faits ? Si je comprends bien, vous voulez vous donner en même temps le beau rôle d’un libéralisme de principe avec les avantages de la tyrannie idéologique, en un mot être en même temps progressiste dans les termes et totalitaire dans les faits. Ne vous y trompez pas : ce genre d’agissements n’a pas la vie longue. On peut tromper tout le monde quelque temps, on peut tromper tout le temps quelques hommes, on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. C’est un autre que moi qui l’a dit au XIXe siècle et l’adage depuis a toujours été vérité.

    Le véritable problème est donc premièrement dans la conception étrange que vous avez de votre métier. Que vous soyez totalitaire, c’est votre droit, mais vous concevrez aisément que d’autres Algériens préfèrent à la pratique des slogans contradictoires celle de l’analyse honnête. Le véritable problème est deuxièmement dans la vision que vous voulez imposer à la culture algérienne, évoluant entre l’oukase et la déclaration de bonne intention toujours démentie dans les faits.

    L’unité algérienne est une donnée de fait. Elle se défini, comme incidemment vous l’avez écrit, dans la diversité, et non point dans l’unicité. A cette unité dans la diversité correspond une culture vivante. La culture algérienne est, dites-vous, « sortie de ses ghettos, de ses inhibitions et de ses interdits ». Votre article est la preuve éclatante qu’hélas elle y est enfoncée jusqu’au cou.

    Mais soyer tranquille : elle en a vu d’autres, la culture algérienne, et une fois de plus elle s’en sortira. Elle s’en sortira, car « toute tentative d’imposer quelque chose à notre peuple est vaine et relève de l’irresponsabilité ». C’est votre propre prose. Dommage que vous n’y croyiez pas !

    Mouloud Mammeri.

    Extrait de : Le Matin de Paris, le 11 avril 1980.

  5. miloud dit :

    bonsoir,
    cet homme est un merdeux,bon debarras,il a fait trop de mal avec ses ecrits a la con.

  6. Tag dit :

    Moi je dis que Kamel Belkacem est parti avec ses torchons. Il n’est autre qu’un écrivaillon au service de ses maîtres. Rédacteur en chef de la Pravda de l’époque noire où il lui est permis de calomnier la sagesse voire notre Dda El-Mouloud.

  7. kamil dit :

    Kamel Belkacem est un personnage auquel l’histoire rend hommage aujourd’hui pour avoir pu s’exprimer librement lorsque la liberté d’expression était des lors un outil dangereux mais nécessaire, ceux qui ont réellement connu cet homme lui rendent hommage encore aujourd’hui dans toutes les presses que ça soit nationale ou internationale , jusqu’a ce jour je ne me rappelle pas encore avoir vu autant de reconnaissance a un personnage , ni politique. Kamel Belkacem a tout donner pour son pays, son exil était seulement due a son état de santé vu qu’il été obliger de suivre des traitements intensifs a l’étranger, mais de quel droit tu te permet de juger ou d’interpréter une sanction d’être enterre a l’étranger, quel serais le meilleur repos sinon d’être prêt de ces proches .par respect a sa mémoire y sa trajectoire et par décence la moindre des chose a faire c’est de rendre hommage a cet grand homme et cesse de diffamer.

  8. Kadder dit :

    Monsieur Kamil, quand vous ecrivez que « Kamel Belkacem est un personnage auquel l’histoire rend hommage aujourd’hui pour avoir pu s’exprimer librement lorsque la liberté d’expression était des lors un outil dangereux mais nécessaire, ceux qui ont réellement connu cet homme lui rendent hommage encore aujourd’hui… » Ou vous êtes de bonne foi, auquel pas de problème..OU vous êtes un de ses proches qui voudraient encore en 2010 camoufler la vérité. Kamel Belkacem est le produit du système Larbi Belkheir – Mohamed Megueddem. Il a été un chantre du « t’bzniss » dans les colonnes d’algérie actualité avec le feu vert de ses sponsors du pouvoir. Il croyait en ce qu’il écrivait mais il interdisait à ses contradicteurs de s’exprimer. Kamel Belgacem, militant de la liberté de la presse, une super blague, kho ! Et Dieu reconnaitra les siens !

  9. kamil dit :

    kadder , un petite question , qu’es ce que vous appeler par militant de la liberté de la presse , éclairer mon ignorance , vous oser critiquer un personnage tel que Kamel Belkacem ,qui a dédier une grande partie de son existence a l’information sans but lucratif et n’a fait que se sacrifier afin de dire la vérité ,alors la seule chose qui me viens a l’esprit ‘c’est que vous estes ou bien un de ses anciens collaborateurs qui durant son vivant n’a pas pu le convaincre , ou bien un ignorant qui a oublier tout ce que cet homme a du faire et risquer afin que les choses changent. Une fois encore, tout en respectant la liberté d’expression, j’aurai aimer que de son vivant ceux qui se permettent de le critiquer aujourd’hui se serai mesurai a son niveau intellectuel. .

  10. Lewnes dit :

    Il ira rejoindre la longue liste des laches qui croupirons dans les poubelles de l’Histoire.

    Et dire que cette serpière osé prononcé le nom de Dda L’mouloud a travers sa bouche immonde.

    La Kabylie éternelle enterra tous ces minables qui ne mérite pas d’avoir foulé un jour le pied de cette belle province libre et rebelle.

  11. kamil dit :

    Lewnes c’est de quelle origine?, on voit d’ou tu viens, je veux dire des poubelles ;vu que tu en parle si bien .Ceux qui n’ont pas de respect aux défins ne mérite même pas mon intérêt.
    Je suis Kabyle et fier de l’être mais je reconnais aussi le courage et la trajectoire professionnelle de cet homme qui repose en paie.

  12. abdel dit :

    deux choses peuvent etre ecrites

    Une chose hypocrite qui consiste a dire llah yarrahmou, ce fut un grand homme qui tt donné pour son pays et il est mort comme meurent les grands. Moudjahedd kabir

    Une chose sincere qui consiste a dire que c’est Une merde de moins pour cette merde de systeme qui a castré un peuple entier.

  13. Nadia dit :

    Comment peut-on militer pour la liberté de la presse quand on ne reconnait pas à toutes les opinions de s’exprimer? J’aimerais bien que l’on m’explique cette contradiction. Je dirai d’une manière élégante qu’il a été le produit de la pensée unique, de l’idéologie du système, qu’il a défendue au cours de sa carrière de journaliste peu brillant

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