Par Yenna-Yas winna
Je viens d’apprendre la nouvelle.
J’ai rencontré Hamida à deux ou trois reprises lors de débats sur la démocratie en Algérie vers 1990/1992 puisque je suis d’origine kabyle comme elle. Nous étions tous les deux dans la mouvance “démocrate” même si nous partagions pas les mêmes idées. Elle était au FFS. J’étais au RCD. Inutile de dire que je n’y suis plus depuis longtemps. On finit toujours par comprendre la manipulation. Quel gâchis ! Mais ceci est une autre histoire.
Elle avait cette ténacité tendre, cette volonté bienveillante, ce courage tranquille d’une “opposante” qui s’oppose avec une sorte d’intelligence du coeur. Je ne l’ai jamais vu haineuse ou méchante même si elle était claire et déterminée.
Comment ne pas être en admiration face à ce joyaux de la nature si fin, si pur et si authentique. J’étais subjugué. Qui ne l’était pas ? Et je ne l’ai rencontrée qu’une ou deux fois dans ma vie. Quelques dizaines de minutes tout au plus. Et je m’en souviens encore près de vingt ans plus tard, comme si c’était hier ! Elle était exceptionnelle.
Elle était à mes yeux le parfait symbole de ces années folles où nous croyions tous, dur comme fer, que la démocratie aller enfin libérer et rendre justice à notre peuple, meurtri par tant d’années de haine machiavélique, de violence gratuite et d’oppression programmée dans l’archipel du goulag de la SM.
Ses yeux dégageait une sorte de peine joyeuse qui résumait à la fois son parcours personnel douloureux et sa soif de justice et de liberté avec un je ne sais quoi de doux et de tolérant.
Je viens d’acheter son livre dont j’ai découvert l’existence hier. Je l’ai lu d’une traite. J’avais les larmes aux yeux à maintes et maintes reprises, moi qui ne la connaît guère. C’était comme une invitation à partager une intimité spirituelle, une connivence toute en sensibilité entre gens de bien.
J’étais en effet spirituellement avec elle le temps de la lire juste pour lui dire combien j’admire son parcours humain, tellement humain et si bref parmi nous “les vivants”.
Sa vision était sincère, totale, sans réserve, à forcer l’admiration. Et même si elle a commis des erreurs – qui n’en commet pas? – elle l’aura fait de bonne foi.
Je suis de ceux qui croient que l’on peut mourir le coeur léger à partir du moment où l’on aura donné un sens à sa vie en suivant un code de conduite juste et honnête tout en défendant des valeurs nobles. C’était le cas de Hamida.
Même si tu as choisi de partir si vite, nous ne t’aurons jamais perdue tant que nous resterons fidèles à l’esprit épris de justice et de liberté qui a animé ta démarche ici-bas.
Repose en paix petite soeur.