Mohamed Ghrib, ancien ministre*: » Ce que la presse livre au lecteur traite des jeux de pouvoir que des réalités de la société »
Vingt ans après, quelle évaluation faites-vous par rapport à cette circulaire et plus particulièrement du champ médiatique en Algérie ?
Je ne vous donne que mon opinion personnelle, qu’il faudra sérieusement relativiser parce que je suis très peu informé des développements récents de la situation. Je ferai donc trois commentaires. En premier lieu, je constate que l’affranchissement de la presse indépendante de la relation ombilicale avec le Pouvoir n’est pas encore entièrement effectif dans la mesure où il n’a pas encore conduit à une rupture de dépendance par rapport à la totalité des clans du pouvoir. En deuxième lieu, la presse indépendante est encore très peu impliquée dans l’investigation et la production d’informations et ceci est d’un grand dommage pour la société qui a de plus en plus l’impression d’être plus manipulée qu’informée. En troisième lieu, ce qui est livré au lecteur traite le plus souvent des jeux de pouvoir que des réalités et préoccupations de la société. Ce sont souvent des opinions tranchées qui sont livrées au lecteur, sans les informations indispensables pour les comprendre et les analyser.
Elles laissent très peu de place à la réflexion et au débat et éloignent dangereusement les acteurs sociaux de l’implication sociale. En gonflant les désordres de la société sans précaution, on éloigne les lecteurs de la réalité et de la responsabilité sociale. Cela conduit au nihilisme, au mépris de soi, à l’extrémisme et à l’acceptation de l’exercice autoritaire du pouvoir. Ceci, au moment où, tous les jours, dans l’anonymat le plus total, s’accomplissent des actes parfois héroïques qui font que le pays tient, que nous avons de l’eau, de l’électricité, un minimum de service public et une envie de construire une société libre, prospère et solidaire.
*Ancien ministre du Travail dans le gouvernement de Mouloud Hamrouche. Lire l’entretien www.elwatan.com
Tous ces ministres dont les langues se délient dés qu’ils ne sont plus au gouvernement sont quelque peu inconvenantes.Pourquoi n’ont-ils pas tenté de se battre pour une information juste, lors de leur passage au gouvernement?Ils ont plutot privilégié leur poste à la place d’une lutte noble,celle d’une bonne gouvernance.
Aujourd’hui ,malgré tous les constats qu’ils peuvent faire et nous livrer ne serviront à rien:ils ont les mains nues!
Merci monsieur GHRIB Mohamed pour votre communication qui excite, en moi, l’appétit pour déguster un bon débat contradictoire d’idées.
Je partage volontiers votre très pertinente communication, à laquelle je voudrais ajouter quelques impressions et idées personnelles.
J’abonde ainsi dans le sens de votre affirmation qui dit: « L’affranchissement de la presse indépendante de la relation ombilicale avec le pouvoir, n’a pas encore conduit à une rupture de dépendance par rapport à la totalité des clans du pouvoir ». Je constate en effet que chaque canard de la presse algérienne, privée ou dite indépendante, traine obligatoirement un fil à la patte, le reliant à tel ou tel clan civil, militaire ou policier ou parallèle du pouvoir. Ainsi, tout litige ou différent qui éclate à l’intérieur de la « famille clanique » sera exposé dans la forme et le fond, puis diffusé, par les canards protagonistes correspondants, comme une information et de manière telle, qu’elle trompe, désinforme et manipule le lecteur non initié. Parce que cette désinformation leur est, à mon avis, exigée, de gré ou de force, par le strict respect de la protection et de la pérennisation du régime politique en cours, en tant que socle commun aux différents clans du pouvoir en place.
En guise de poudre aux yeux, une certaine liberté de ton purement formelle accompagne quelquefois des critiques à l’encontre des institution du pouvoir, mais vise beaucoup moins les dogmes, les raisons d’Etat et les mobiles claires et objectifs, que les personnes, sans jamais atteindre évidemment les décideurs de l’ombre et de l’omerta. C’est ainsi que l’autocensure réflexe conditionné est consentie plus ou moins volontairement dans la mentalité des éditorialistes algériens.
Il n’est pas permis à ces voltairiens d’expliciter, d’argumenter et de pousser leurs analyses satiriques, plus ou moins littéraires, jusqu’à évoquer et justifier la nécessaire et radicale rupture avec le régime politique en place. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que cette presse privée dite indépendante, s’autorise à franchir la ligne rouge établie, en explicitant les avantages et l’intérêt commun d’une alternative démocratique et pacifique que souhaite le peuple timidement, et que réclame sans cesse, depuis 1963 à ce jour, le parti FFS de AÏT AHMED Hocine, parmi de rares autres. C’est là qu’apparaissent le déficit professionnel en matière d’investigation journalistique ainsi que la résignation au renoncement à ce qu’on aimerait réaliser librement. C’est ce qui va aboutir à la manipulation du lecteur crédule en particulier, et de la population en général. Je termine, après mes excuses pour de la longueur de ma communication et mes remerciements pour votre attention, par la citation de Machiavel, rapportée par un journaliste digne de ce nom et auteur d’une pertinente tribune intitulée « Changer de république pour vaincre les abus ». Cette citation est la suivante: « Que les princes ne se plaignent pas des fautes commises par les peuples soumis à leur autorité, car elles ne peuvent venir que de leur négligence ou de leur mauvais exemple ».
Le journalisme algérien est mis sous les verrous de la censure depuis l’avortement des législatives de 1992 et la loi de l’état d’urgence décrétée par le pouvoir.Peut-etre que cet état de fait arrange quelques uns d’entre eux ,en ce sens qu’ils se sont sucrés par des services publicitaires qu’on leur a offert en guise d’obéissance obligée!
Le professionalisme journalistique a totalement disparu malgré lui dans notre pays.Irrespect de la déontologie d’informer justement et appartenance à des clans du pouvoir sont le rituel de nostre presse .
Le canard nous sert de passe-temps plutot que de lecture intéressant notre information générale.C’est devenu une véritable habitude chez certains d’entre nous de passer chez son buraliste au petit matin pour acheter son journal, non pour s’imprégner de ce qui se passe dans le monde mais par simple curiosité de lire du n’importe quoi!Rien de sérieux,rien de véridique n’est rapporté par la multitude de chiffons que produisent nos malheureux journalistes.Ils le font pour gagner tout simplement leur vie mais pas pour informer le citoyen!
père de l industrie voilà…