19 avril, 2010
Djamel Zenati à El Watan: «Il faut réinventer le militantisme»
N.B: Les passages en rouge ne sont pas parus dans l’interview publiée par El Watan. Censure ?
Qu’est-ce que le printemps berbère a apporté à la revendication amazigh et au combat démocratique ?
Le printemps berbère de 1980 est le fruit d’une accumulation de luttes menées dans des conditions extrêmement difficiles par des femmes et des hommes qui n’avaient que la force de leur conviction face à une dictature dotée de tous les moyens de terreur et de guerre idéologique. Le printemps de 1980 a eu également le mérite de rompre avec la clandestinité et le caractère épars et atomisé de la militance amazigh. Il a été une sorte de synthèse qui a ouvert des perspectives à l’ensemble de la société.
La revendication est rationnellement formulée. La question amazigh est désormais inscrite dans une problématique générale articulant histoire, identité, culture et développement. De ce fait, il a permis des convergences et des jonctions avec plusieurs segments de la société civile en gestation.
Il est clairement apparu que le combat pour la réhabilitation de tous les éléments constitutifs de l’algérianité est indissociable du combat pour la construction d’un Etat moderne et la mise en place d’un système politique démocratique. Pour tout cela, le printemps berbère de 1980 a été un moment historique fort.
D’ailleurs, le pouvoir, en plus de la répression physique, réagira très vite sur plusieurs registres. Il organisera, par exemple, une saisie discrète et minutieuse de tous les livres de Mammeri, Yacine, Marx, Lénine et inondera les librairies de publications de prédicateurs et autres « douktours » intégristes.
Il apportera un soutien direct aux activistes islamistes dans les campus et cités universitaires afin de contenir le mouvement estudiantin libre. L’assassinat de Kamel Amzal est malheureusement l’un des résultats de cette stratégie.