22 avril, 2010
Autonomie de la Kabylie: Requiem pour une désillusion
Boudjemaa Medjkoun pour « Algérie Politique » L’évènement frise le ridicule. Ou plutôt, il l’est. Mais, celui-ci, n’a, certes, jamais tué personne. Les responsables du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK) le savent très bien pour avoir ce courage, ou culot dirais-je, d’annoncer la création d’un gouvernement provisoire kabyle à Paris. Oui, nous ne sommes pas en plein milieu des années 60 ou 70 du siècle dernier, mais bel et bien en avril 2010. Quelques « cadres-militants » virtuels sortis ne nulle part, et pour la plupart n’ayant jamais mis les pieds en Algérie depuis bien longtemps, une poignée de journalistes, la plupart marocains ou correspondants de journaux régionaux français, (entretenus?) ou simplement attirés par la curiosité, un palace au coeur de Paris, une déclaration laconique, et la kabyle est dotée d’un gouvernement. Même la France coloniale n’avait pas rêvé d’une telle aubaine !
A ce propos d’ailleurs, il est à se demander si le choix de la capitale française est fortuit, et s’il ne contient pas une certaine charge symbolique ! De même qu‘il est à se demander si ce n’est pas là une offre de service qui ne dit pas son nom…ou plutôt, qui le dit si bien ! D’ailleurs, à ce propos, l’on se rappelle sa sortie, pour le moins indécente, il y a une année déjà, pour saluer la décision du président français d’organiser un référendum d’autonomie en Martinique et appeler « la France, à suggérer cette idée à ses anciennes colonies ». Là on ne peut que regretter la mort de Frantz Fanon qui aurait été, peut-être, d’un secours aux responsables du MAK. Mais bon, il est dit plus haut que le ridicule, n’a pas encore fait de victimes…
De malversations en compromissions, de dérives en manipulations, les responsables du MAK, n’en finissent pas de se déjuger et d’aller de l’avant dans… ce qui semble être leur nature ! Et il n’est pas besoin de refaire un voyage dans le temps pour dépoussiérer les esprits amnésiques.
Pas plus loin que cette semaine, alors que 30 associations berbères activant en France, principalement à Paris, ont dénoncé la grossière manipulation et la mauvaise foi de ce mouvement qui a tenté de récupérer la manifestation organisée à Paris, il y a quelques jours, à l’appel de ces associations, en commémoration du 30ème anniversaire du Printemps berbère, celui-ci récidive, toute honte bue, au lendemain du 20 avril, en affirmant qu’ils sont « des dizaines de milliers de citoyens à être descendus dans les rues de la Kabylie pour réclamer la liberté pour le peuple kabyle » en réponse, bien sûr, à son appel. Ainsi, affirme-t-il, ils étaient »35 000 à 40 000 personnes à Tizi-ouzou, 35 000 à 40 000 à Vgayet et 5000 à 10 000 à Tuvirett« … Primo; exit donc, les autres régions de Kabylie, qui même si elles le sont, viennent d’apprendre que le MAK en a décidé autrement. Mais cela va de soit. On ne peut méconnaître l’histoire et exceller en géographie, ce couple bien soudé, depuis les premières années de scolarisation. Deuxio; et là encore, nulle besoin d’être un mathématicien émérite pour se rendre compte de la supercherie. Près de 90 000 personnes auraient donc marché ce 20 avril pour l’autonomie de la kabylie.
Un petit calcul simplet, voire simpliste même, rétorqueront nos amis du MAK, suffit à démontrer la portée démesurée et insensée de tels propos. Ainsi, si l’on soustrait les militants des autres formations politiques qui émaillent la région ( FFS, RCD, PST, PT, FLN, RND, MSP…et autres), les personnes âgées, les handicapés, les enfants en bas âge, les filles et femmes aux foyer, parmi elles ma mère, les femmes enceintes, celles interdites de sortie, les malades, ceux qui avaient rendez-vous chez le médecin, les personnes hospitalisées et celles qui étaient dans les hôpitaux pour rendre visite à un proche ou un parent, les internés de l’hôpital psychiatrique de Oued-Aissi, ceux qui avaient des choses plus importantes à faire, ceux qui se rendaient à Alger ce jour là, ceux qui attendaient la réponse à leur demande de visa, ceux qui s’étaient saoulé la veille et n’arrivaient pas à dé-saouler, les amoureux qui s’étaient donnés rendez-vous pour profiter du soleil printanier, les indifférents, les autres qui ont un avis différents, les étudiants présents ce jour là dans les universités de différentes région d’Algérie, les immigrés, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, les zoufriya à l’usine ou dans les chantiers, la tchitchi des centres urbains cités, traditionnellement, indifférents à toutes les causes, les bourgeois (entendre les riches) et les personnes en voie de le devenir, les bureaucrates, les policiers, les gendarmes, les gardes communaux, le staff de
la JSK, les super-star des aarch, les fans de Mohamed Allaoua, et tout simplement, ceux et celles qui n’ont jamais entendu parler de l’autonomie ou du MAK, et ceux et celles qui sont contre cette idée, il est vraiment difficile d’imaginer comment les machines à calculer du MAK ont pu atteindre ce chiffre !
La politique est une chose sérieuse, dit-on, pour la confier au MAK, et celui-ci, est une organisation pas du tout sérieuse, pour le traiter en tant que telle. Surfant sur une crise identitaire bien réelle existant au sein de l’immigration, et entretenant une nostalgie et un mythe du retour à une sorte de « terre promise » qu’est la Kabylie, dont la réalité est aux antipodes de leurs discours, les responsables du MAK, transfuges indésirables dans toutes les organisations, tentent de compenser leur échecs répétitifs et à ériger leurs fantasmes en réalité. Ils feraient peut-être mieux de créer leur Etat autonome dans le département de la Seine Saint-Denis en le finançant par les revenus des brasseries et de foutre la paix à la Kabylie. A moins, qu’ils décident de joindre l’acte à la parole et de venir mener ce combat, en Kabylie même, aux cotés de ces « dizaines de milliers de personnes » qui portent leur revendication. Faisant un enfant dans le dos à l’histoire de l’Afrique du Nord, de tout temps peuplée par un peuple berbère, ils s’enfoncent dans une vision réductrice, et parlent d’un vaillant « peuple Kabyle ». Or, et d’après la simpliste définition qu’ils donnent de ce peuple, comme un groupe social vivant dans une aire géographique et parlant la même langue, ou plutôt dialecte, il serait mieux de dire alors « les peuples Kabyles » qui peuplent ce territoire. car, il suffit de sillonner cette Kabylie, de Jijel aux portes d’Alger, et des hauteurs de Béni Ouertilane aux rives de la méditerranée, pour se rendre compte que les populations y vivant parlent une multitude de langues et de dialectes et peinent souvent à s’entendre… et font appelle à d’autres langues !
Que les responsables du MAK et la bande de lurons qui les vénèrent, les sceptiques et les procureurs de tous bords, soient avisés d’avance; je n’ai eu aucune montée de nationalisme, je ne cherche à rendre service ni au DRS, ni au régime algérien, ni à Demagh El Aatrous ou au Dalaï Lama, ni à personne, mais, à la seule vérité, »…devant les hommes et devant l’Histoire ». A la seule vérité et à cette kabylie, au nom de laquelle, et sans son consentement, ces nouveaux apôtres du chaos et ces professionnels de l’organisation des défaites, veulent s’auto-proclamer rois et mages ! A cette partie d’Algérie, maintes fois, singularisée, minorisée, stigmatisée, blessée, violée, meurtrie, et que ces nouveaux prophètes, en pleine désillusion, veulent encore sacrifier sur l’autel de leurs intérêts mesquins et étroits. veut-on entraîner encore cette région dans une spirale de violence? Cherche-t-on à verser encore du sang, alors que, celui des victimes des événements de 2001 n’a pas encore entièrement séché ? Les Hommes et l’Histoire doivent désormais reconnaitres les leurs, quant aux autres, « qu’ils se taisent » !
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