16 avril, 2010
Les parents des victimes du Printemps noir: « Les Aârouch nous ont utilisés à fond ! »
Saïd Mokrab, 64 ans, père de Azzedine, assassiné le 28 avril 2001, dans le village Thaourir Amokrane, à Larbaâ nath Irathen, wilaya de Tizi Ouzou, est déterminé à relancer la justice. Atteint d’une balle au niveau de la gorge, le chauffeur de bus de 23 ans meurt sur le coup. Son père Saïd, qui n’a pu retenir ses larmes, pleure son fils comme s’il venait de l’enterrer. «Il me manque de plus en plus. Chaque mois d’avril, ma famille est en deuil, chacun de nous pleure en cachette. Si mon fils était un malfrat, qu’on le juge et qu’on le condamne, je lui mettrais moi-même des barreaux sur sa tombe. A-t-il mérité de mourir de la sorte ?»
La perte cruelle de son fils n’est pas l’unique source de sa souffrance. Pour Saïd, certains ont profité de cette situation d’amalgame pour instrumentaliser les victimes. «J’en veux à ceux qui se sont servis des parents des victimes. Les Aârouch nous ont utilisés à fond ! », dénonce-t-il vigoureusement, avant de continuer :«Pour légitimer leur mouvement, ils ont profité de la détresse des parents de victimes. Combien de fois ai-je participé aux conclaves des Aârouch ? Combien de fois m’ont-ils promis de combattre pour la vérité et la justice ? Aujourd’hui, je suis abandonné, et je ne suis pas le seul à l’être», déplore-t-il. Même son de cloche chez Abdennour Sidhoum, père de Karim, mort à l’âge de 17 ans à Akbou (Béjaïa).