3 mai, 2010
Algérie: Confrères, voilà mon solde tous comptes
Par Hassan Moali
En lisant le dossier préparé par nos amis de la Tribune notamment l’article de Ghada- je la félicite d’avoir repris admirablement bien la formule géniale de Benchicou à la sauce journalistique- je n’ai pas pu résister à la tentation de griffonner quelques chose sur ce 3 mal, euh … 3 mai. J’ai aimé que des journalistes tirent, enfin, aussi sèchement sur cette corporation. Il fallait le faire et briser ce corporatisme de mauvais goût qui consiste à cacher nos tares tout en se permettant de dénoncer celles des autres. Très commode, en effet, cette posture de «flingeurs» que nous entretenons jalousement au nom de la liberté d’expression. Oui, mais avons–nous le courage nous, journalistes et patrons de presse de nous déshabiller- au sens intellectuel du terme- devant les Algériens et leur dire tout ce que nous savons et qui nous fréquentons ? Je ne pense pas que nous en soyons capables. Parce que, quelque part, beaucoup d’entre nous n’apprécieront pas que leur image artificiellement fardée soit déformée par le contact direct, par la vérité toute crue.
Me concernant, la seule chose qui me lie encore à cette corporation, c’est le souvenir de nos confrères assassinés. J’en ai trop vu entre 1994 et 1999 pour oublier leur sacrifice. Parfois, je me surprends à m’interroger si leur mort, atroce pour beaucoup, n’aurait pas servi une contre cause et non pas celle des journalistes. Et là, je ne pourrai m’empêcher de penser à nos défunts amis Mohamed Issami, Baya Gacemi et avant eux Chawki Madani. Chawki et Mohamed ont été terrassé par des crises cardiaques dans le «bagne» d’El Manar, à Sid Fredj. Baya, elle, a craqué dans un hôpital parisien fatiguée sans doute d’attendre un geste ne serait ce que pour son talent de la part de ses confrères d’hier. Pour ces trois cas, il s’agit, de mon point de vue, d’une non assistance à journaliste en danger. Pendant ce temps, la presse dite indépendante- je préfère la qualifier de privée- a fabriqué ses milliardaires. Çà roule carrosse et çà parle espadon…