Algérie-Politique

Karim Aimeur pour « Algérie Politique »

Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), Bouguerra Soltani, a abordé la semaine passée le sujet sensible de la lutte contre la corruption. Selon lui, 12 facteurs comme le terrorisme, le manque de transparence, le trafic d’influence et l’absence des partis politique favorisent la propagation de ce phénomène. Soltani a dit que son parti travaille pour sortir le sujet de la corruption qui était un sujet tabou de son cadre officiel vers un cadre plus large qui implique toute la société algérienne. 

«La corruption doit être un sujet populaire et non officiel et il faut s’attaquer à ses sources », a-t-il tranché en faisant le lien entre ce phénomène et celui du terrorisme. Ces déclarations ont été faites dans le cadre d’une journée parlementaire sur la lutte contre le corruption, organisée par le groupe parlementaire de sa formation. Seulement l’intention de Soltani perd toute sa substance car elle émane d’une personne qui cache sous son bureau des dossiers de corruption qu’il affirmait détenir il y a quatre ans. A l’époque, il avait fallu l’intervention de Bouteflika pour l’astreindre à choisir : allié de pouvoir ou opposition.

Le président du MSP avait, bien sûr, choisi le camp du pouvoir qui lui assure protection et impunité. Soltani a été également convié par le premier magistrat du pays à sortir les dossiers ou à se taire. Bouguerra s’est tu en expliquant plus tard que tout a été réglé en haut lieu. Et depuis, rien n’a filtré sur ces dossiers.

Où sont-ils donc les dossiers de Soltani sur la corruption ?En marge de cette journée parlementaire, Soltani s’est demandé pourquoi les dossiers de corruption dévoilés par la presse ne concernent que ses ministres ? Y-a-t-il donc d’autres affaires « cachées » ? Ou s’agit t-il d’un complot ourdi contre le MSP.«Je ne dis pas qu’il y a un complot contre nous», a-t-il répondu.

Du point de vue personnel, il était préférable que le président du MSP profite de la conjoncture actuelle pour tirer ses dossiers «s’ils existent» au lieu que le groupe parlementaire de son parti organise une journée «bidon» sur la corruption. D’ailleurs, les débats étaient stériles et les travaux étaient tenus dans une salle fantôme avec des débats orientés et des invités triés sur le volet. Aucune des grandes affaires qui ont secoué le pays n’a été évoquée.

Peut-on concevoir un débat sur la corruption en évacuant les affaires Khalifa, Achour Abderahmane, le scandale de l’autoroute Est-ouest et le dernier scandale de Sonatrach ? Autant imaginer une coupe du monde sans l’Italie ou le Brésil. Les vraies questions ont été tout simplement «loupées».

Une intervenante a osé appeler la presse à jouer un rôle dans la lutte contre la corruption sans jamais évoquer la dépénalisation de délit de presse. Mais quel rôle la presse peut-elle jouer quand un journaliste et un entrepreneur qui ont dénoncé une tentative de corruption « perpétrée » par un maire son condamnés, récemment », à six mois de prison ferme ? Ne faut-il pas commencer par dépénaliser le délit de presse (4^e pouvoir ?) pour lutter efficacement contre ce phénomène qui « menace le processus de démocratisation du pays » ? Ce qui a ajouté à la stérilité de cette journée est l’intervention du modérateur des débats pour interrompre les intervenants quand ils rentrent dans le vif de sujet sous prétexte que le temps presse.

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