A la fin du procès des deux militants du FFS de Ghardaia, Kacem Bouhdiba et Abderrahmane Fekhar, Maître Belaid Hamroun, membre du collectif d’avocats, a répondu aux questions d’Algérie Politique.
Le collectif d’avocats a relevé plusieurs anomalies dans le dossier...
Maître Hamroun: Après avoir retiré le dossier de fond de l’affaire Kacem Bouhdiba et Abderrahmane Fekhar, nous avons relevé plusieurs anomalies. En effet, dans l’affaire, il y a un seul témoin; il s’agit d’un mineur, Bazine K. fils du défunt Brahim Bazine (affaire Baba Nedjar), dont le témoignage est truffé de contradictions.
Lorsque, en 2004, le véhicule du Croissant rouge algérien (CRA) que conduisait le défunt Bazine Brahim, a été «incendié», une plainte a été déposée, mais à aucun moment on a cité les deux accusés. Ce n’est qu’une année plus tard, en septembre 2005, lors de l’ouverture du dossier de l’affaire Bazine Brahim, que l’enquête ait pris une autre tournure. Bazine K. a accusé K. Bouhdiba et A. Fekhar d’avoir incendié le véhicule que conduisait son défunt père. Je pense qu’il a fait ces déclarations sous la pression. Je pense également que le but de ceux qui se cachent dans l’ombre, c’est de jeter en prison des militants pour leur appartenance au Front des Forces Socialistes.
Lors de la plaidoirie, Maître Mokrane Aït Larbi a déclaré que l’incendie du véhicule relèverait de la pure invention…
Effectivement, dans le dossier, nous avons constaté qu’une expertise a été faite après l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation. Ils ont instruit une enquête par le magistrat instructeur… Une expertise a été faite à base de photos d’un véhicule incendié. Il n’y apas eu ce qu’on appelle dans le langage juridique, la preuve matérielle. Le corp de l’infraction n’existepas. La protection civile de Ghardaia a qualifié l’incendie de criminel alors que dans son expertise, elle s’est basée seulement sur quatre photos. L’expertise est caduque du moment qu’elle a été faite par des gens qui n’ont pas la compétence.
Par ailleurs, en matière juridique, pour faite une expertise en conformité avec le Code de procédures pénales, il faut recourir à des experts assermentés et agrées par la justice.
Vous avez remis en cause également l’authenticité des photos…
Dans ladite expertise, on ne dit pas d’où proviennent les photos. Ils disent qu’elles ont été prises en 2004. Je vous donne un exemple d’anomalie: aucune des quatre photos ne montre la plaque d’imatriculation du véhicule « incendié » ! Il n’existe donc aucun indice prouvant que le véhicule du CRA a été réellement incendié ou du moins qu’il s’agit du véhicule en question.
D’ailleurs, lors de son auditionné par la police, le responsable du CRA a affirmé que le véhicule a été réparé peu de temps après l’incident. Il y a donc des preuves qui ont été cachées. Sinon pourquoi avoir procédé à la réparation du véhicule étant donné que c’est la pièce maîtresse sur laquelle doit se baser l’enquête. Je pense qu’il y a une volonté de dissimuler quelque chose et d’entraver l’enquête.
Dés l’ouverture du procès, Maître Ahmine a relevé un vice de procédure. Il s’agit du non respect de l’article 66 du code de procédures pénales. En matière criminelle, il doit y avoir enquête préliminaire, alors que dans le dossier, nous avons constaté l’absence de PV de police. Ils nous ont apporté des PV de police qui concernent l’affaire Mohamed Baba Nedjar.
A notre grand éétonnement, lors de l’audience, on nous sort des PV dont on ignorait, jusque là, l’existence. A la lecture des déclarations des victimes par le président du tribunal criminel, on a relevé des contradictions. Lorsque le témoin Bazine K. et le défunt Bazine Brahim avaient déposé plainte le 25 décembre 2004 auprès de la police judiciaire, l’enquête devait suivre son cours. Il fallait convoquer les deux accusés Bouhdiba et Fekhar. Et ce n’est qu’au mois d’octobre 2005, à l’ouverture de l’affaire Bazine, qu’ils ont été convoqués.
Propose recueillis à Ghardaia par El Mouhtarem