26 ans et 15 minutes…
R.Z. pour « Algérie politique »
«Je ne suis pas vraiment libre si je prive quelqu’un d’autre de sa liberté. L’opprimé et l’oppresseur sont tous deux dépossédés de leur humanité.» Nelson Mandela.
Depuis sa première édition en Uruguay, et à la faveur du principe de la rotation adopté par la Fifa, la coupe du monde de football élit domicile en continent africain et plus exactement en Afrique du Sud dont la candidature à son organisation a recueilli 14 voix contre 10 pour le Maroc et zéro pour… l’Egypte.
Autant cet événement est, pour nous Africains, une fierté autant cela constitue une hantise. La hantise de ne pas être «à la hauteur» de l’événement. Celle de ne pas … « rentrer dans l’histoire» du football mondial. Tous les regards seront braqués sur le pays de Mandela. Celui qui a guidé et mené son peuple vers la liberté et la démocratie. Beaucoup de pays «jaloux» et envieux attendront certainement au tournant, cette belle vielle Afrique, qui a tant donné au patrimoine universel et enduré les affres de l’esclavage et des colonialismes. Et voilà qu’elle reçoit « ce cadeau» de s’occuper de l’organisation du Mondial, qui était jusque là, l’apanage des pays «développés».
Il est fort à parier que, «des observateurs» qui auraient aimé que cette compétition mondiale ait lieu en Europe ou là-bas en Amérique, ne laisseront échapper aucun détail, rien au hasard dans l’aspect organisationnel. Pour se donner raison et, au premier « couac », diront à la face du monde que confier l’organisation d’un rendez-vous footballistique aussi important était une erreur et à celle des Africains : « Merci et adieu !»
Certes le football n’est pas une science exacte et l’ambition des Africains n’est pas de remporter ce trophée tant convoité, même si d’aucuns caressent ce beau rêve, les autres diront que s’ils arrivent à relever le défi et de remporter celui de l’organisation, ça aura déjà le goût d’une victoire. Certains diront, voilà que l’on invite, une fois encore, les Africains à rester dans leur «rôle», de faire dans l’exhibition, de ne pas avoir des ambitions.
Au-delà du football et de ce droit légitime de l’Afrique d’organiser une coupe du monde de football, grâce aux progrès extraordinaires réalisés par les équipes du continent noir, les peuples d’Afrique aspirent aussi à la démocratie, au progrès social et économique retardé par des tragédies de l’histoire : de la traite au colonialisme, ce que tentent de nier «les civilisés».
On n’oubliera pas de sitôt la déclaration du président français, dans son discours arrogant, du 26 juillet 2007, à Dakar où il a tenu des propos outrageants à l’égard des peuples d’Afrique: «Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire.»
Si on postule que l’homme africain «n’est pas assez entré dans l’histoire », c’est parce que les anciens empires esclavagistes et coloniaux, à commencer par la France, l’on fait entrer dans les sinistres cales des bateaux de la traite négrière et considéré comme un sous-homme.
L’Afrique du Sud, qui a connu les affres de l’apartheid sous les regards des hommes « civilisés », avec leur silence complice, n’a pu briser les chaînes de l’esclavagisme moderne que grâce au combat de tout un peuple uni, décidé à prendre son destin en mains autour du grand Mandela qui a sacrifié sa vie pour la nation de «l’Arc-en-ciel» et qui a fait irréversiblement entrer son pays dans l’Histoire pour dire à la face des pays «civilisés»: Vous pouvez rédigez toutes les déclarations des droits de l’homme que vous voulez et que vous ne voulez que pour les «vôtres», vous ne saurez jamais rédiger le livre «noir» de votre histoire. Nous l’avons fait à votre place. Nous étions nés libres, vous nous avez privés de notre liberté et enfermés dans vos geôles.
Il est intéressant de voir comment tout le monde se demande si «Madiba», du haut de des 92 ans et fatigué, assistera à la cérémonie d’ouverture du Mondial. Tout le monde est tenu en haleine. « Madiba » ne déclare pas… forfait. Il sera bel et bien au rendez-vous, pour… un quart d’heure. Lui qui a passé plus d’un quart de sa vie comme forçat, offrira bien 15 minutes de sa liberté et sera présent pour faire honneur à l’Humanité et, encore une fois, dira au monde « civilisé » : « Je suis toujours là !» L’Afrique aura déjà «gagné» sa coupe du monde…
* Officiellement annoncé à la cérémonie d’ouverture du Mondial, finalement et malheureusement Mandela n’y sera pas, en raison du décès de l’une de ses arrière-petites filles dans un accident de voiture
Merci Mandela tu as eu ta coupe du monde. Tu es le seul et l’unique président en Afrique à ne pas tripoter une constitution. Encore mille, million, milliard de fois merci. L’ANC a gagné quand d’autres sigles ont perdu.