Affaire Matoub: qui sont les assassins ?

matoub.jpgArticle paru dans le bulletin « Kilkzanfu… » n° 12-13 (novembre-décembre 2000) qui reste toujours d’actualité.

C’est en juin 1998 que Matoub Lounès fut assassiné pas loin de son village au cœur de la Kabylie. Cet assassinat a bouleversé le monde entier et la Kabylie en particulier. La population kabyle a aussitôt déferlé sur Tizi-Ouzou. Des manifestations publiques ont gagné le pays kabyle entier.

Quelques heures après cet assassinat, Noureddine Aït-Hamouda intervient dans les médias internationaux (comme France-Infos) pour affirmer que les assassins sont les islamistes du GIA, idée fixe également développée par Khalida Messaoudi, députée-RCD au parlement algérien.

C’est ainsi une véritable « pression » médiatique qui s’exerce pour faire admettre la thèse du GIA dans l’assassinat de Lounès. Même Malika Matoub déclare que les assassins sont les islamistes du GIA. Plusieurs observateurs se posaient déjà la question de l’intérêt du RCD à vouloir imposer à l’opinion la thèse du GIA dans cet assassinat.

Malgré cette pression, les jeunes manifestants de Kabylie envahissant les rues clamaient fort « Pouvoir assassin ! ». Cette phrase à elle seule résume ce que pense la Kabylie profonde de cet assassinat. La junte militaire, au pouvoir depuis 1962, est clairement mise en cause et rendue responsable de ce crime politique par les foules des manifestants.

Quelques jours plus tard, Malika Matoub revient sur ses déclarations initiales et, avec sa mère, demande à ce que toute la vérité soit faite sur l’assassinat. Elles exigent qu’une véritable enquête soit diligentée. Elles relèvent plusieurs points d’ombre dans la gestion faite par les autorités de cette affaire. C’est au tour de Nadia Matoub, par la suite, de se joindre aux voix de Malika et sa mère pour demander une enquête sur l’assassinat. Elle n’exclut aucune thèse quant aux auteurs de l’assassinat.

Dans un texte rendu public par le MAOL, Mouvement algérien des officiers libres, en désaccord avec les généraux au pouvoir, il est donné des détails très accablants concernant l’assassinat de Matoub Lounès. Des responsables du RCD, en l’occurence Nourredine Aït-Hamouda et Khalida Messaoudi ont été cités dans ce texte. D’après le MAOL, Noureddine Aït Hamouda aurait joué un rôle important dans le complot de l’assassinat de Lounès commandité par le haut commandement militaire algérien dans le but de déstabiliser Zeroual et le pousser au départ.

Le dernier épisode en date est le reportage réalisé par la chaîne de télévision française Canal+, dans le cadre de son émission « 90 minutes », consacré à l’affaire Matoub et intitulé « la grande manip ». Ce que l’on peut retenir de ce reportage c’est la convergence de l’ensemble des témoignages vers la thèse d’un assassinat organisé par la junte militaire algérienne. Les témoignages de Malika et Nadia Matoub incitent à se poser des questions quant à l’intérêt du RCD, ou du moins de certains de ses membres dont Nourredine Aït-Hamouda, à vouloir imposer à l’opinion la thèse du GIA dans l’assassinat de Matoub.

Ainsi Malika Matoub affirme être félicitée par Nourredine Aït-Hamouda pour avoir soutenu que le GIA était le responsable de l’assassinat, et il lui aurait même proposé de lui faire rencontrer des personnes du haut commandement militaire qui sont satisfaits de ses déclarations. Nadia Matoub, affirme néanmoins que des éléments du RCD lui avaient promis des visas pour elle et ses soeurs ; en contrepartie, elle devait tenir une conférence de presse à Tizi-Ouzou pour laquelle ils lui ont rédigé la déclaration préliminaire qui disait en substance que les assassins étaient des éléments du GIA.

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