Lahlali pour « Algérie Politique »
M. El Erg Echergui.
Pourquoi pas l’Algérie, en effet ? Vous avez parfaitement raison d’espérer et moi avec vous. Et pas seulement en matière spatiale mais dans tous les autres domaines, oui, pourquoi pas mon pays, pourquoi pas les Algériens mes frères, pourquoi pas mes propres enfants ? Malheureusement, il y a cette réalité obstinée qui nous refroidit à chaque tentative d’espérance. Sans vouloir avoir raison absolument ni polémiquer, j’aimerai encore répondre à la mise au point que vous m’avez adressée.
1. Je ne brocarde pas et n’ai jamais brocardé les scientifiques algériens. J’ai trop d’estime pour eux pour oser une critique déplacée. Pour les avoir approchés, je les trouve formidables: ils sont compétents et modestes pour la plupart. Ceux qui ont choisi de rester en Algérie malgré le peu de considération dont ils jouissent de la part des pouvoirs publics, notamment en termes de salaires et de conditions de travail (comparez avec les députés et les footballeurs par exemple), ceux qui ont choisi de rester donc devraient à mes yeux être primés et décorés. Les autres, ceux qui ont choisi de quitter le pays pour des cieux plus cléments ne sont pas à blâmer non plus car il est légitime qu’ils cherchent à s’épanouir aussi bien au plan professionnel que matériel.
2. Je ne cultive pas de sentiment d’infériorité et ne cherche pas non plus à étouffer l’espoir ; j’estime seulement qu’il est vain (mortel dirait Benabi) de se nourrir d’illusions. Pensez-vous qu’au motif de ne pas décourager un chercheur, il faille travestir la réalité ?
3. S’agissant de “nos” satellites, ce sont des engins fabriqués et lancés à l’étranger. Je ne sais pas dans quelle mesure nos chercheurs ont été associés à leur fabrication mais je reste septique quant à la réalité d’un transfert de technologie.
4. L’exploitation des satellites lancés est, si je ne m’abuse, une opération essentiellement commerciale (photographie, téléphonie, télévision, hydraulique), car il faut bien rentabiliser ces engins. Avons-nous sur ce point un bilan du 1er satellite ?
5. L’Agence spatiale algérienne n’est pas au stade embryonnaire. Elle existe depuis 7 ans environ et avant elle et encore maintenant le Centre spatial d’Arzew qui gère les 2 satellites algériens. L’Agence est une administration dont la création obéit à des considérations autres que scientifiques (besoin de propagande interne et politique de prestige). Je dirai même plus: sa création a freiné le développement du Centre spatial d’Arzew.
6. Les Marocains et même les Tunisiens, avec le peu de moyens dont ils disposent avancent lentement et discrètement. Il n’est exclu qu’un jour nous importions de la technologie chez eux. Nos satellites ne les inquiètent pas outre mesure. Il y en a tellement dans le ciel qui offrent de meilleurs services que les nôtres !
7. Vous citez l’Iran et vous savez, monsieur, que les dirigeants de ce pays ont des objectifs et une détermination claire qui a fait reculer Israel et les texans.
8. Nos dirigeants, nos scientifiques, nous-mêmes, gagnerions à être moins exubérants car il n’y a vraiment pas de quoi être fiers. Les peuples de la planète nous regardent. Cordialement et sans passion.