Le terrain des uns et des autres
Par Lahouari Addi, Le Soir d’Algérie 02 août 2010
Dans un texte inutilement long, paru dans Le Soir d’Algérie du 27 juillet 2010, le député du RCD, Maître Hakim Saheb, continue la polémique commencée par Nordine Aït Hamouda, me faisant un procès d’intention qui dépasse toutes les limites de l’entendement.
L’acte d’accusation qu’il dresse contre moi est tout simplement ahurissant: «Instrumentaliser une science dont j’affirme être l’unique détenteur, être de mauvaise foi, avoir une volonté délibérée de fausser le débat, pratiquer le terrorisme intellectuel propre aux cadres des systèmes totalitaires, avancer des contre-vérités soutenues par des allusions politiques pernicieuses, suggérer que Djaout est un éradicateur et Hachani un réconciliateur, défendre un projet politique dont je n’assume ni les expressions ni les conséquences, être objet d’égarements et auteur de manipulations, être habité par de vieilles haines, réanimer la machine à désinformer, être soumis à des chapelles politiques (entendre le FFS), être un récidiviste, persister à nager dans les eaux troubles du confusionnisme, faire preuve d’irresponsabilité politique, avoir choisi de quitter le pays, être un agent actif de la désinformation, etc.»
A lire cet acte d’accusation dressé par Maître Hakim Saheb, je suis passible d’une peine maximale d’emprisonnement à l’issue d’un procès stalinien. Heureusement pour les universitaires tentés par le débat public que le parti de Maître Saheb n’est pas au pouvoir. Mais les lecteurs du Soir d’Algérie et du Quotidien d’Oran sont habitués à mes analyses et prises de position et savent que ces accusations sans fondement discréditent celui qui les profère. Quand une polémique prend cette tournure, il vaut mieux l’arrêter car elle ne sert pas les mœurs politiques du pays. On peut avoir des positions politiques différentes et mener dans la presse nationale un débat serein. Ce n’est pas le cas avec Maître Saheb dont le texte est plein de contre-vérités, d’accusations gratuites et de mauvaise foi.
Je ne réponds pas sur le contrat de Rome, que j’ai soutenu, et qui aurait été une solution en 1995 à la crise politique, et qui aurait pu épargner la vie à des milliers de personnes tuées inutilement. Il n’y aurait pas eu tant d’assassinats, de disparus, de personnes torturées… pour lesquels les familles des victimes sont encore en quête de justice et de vérité. Je ne réponds pas non plus sur mon prétendu soutien au tribalisme d’Etat de Bouteflika. Sur ce point, l’imagination du député lui joue de vilains tours. J’ai suffisamment écrit là-dessus et il est inutile d’y revenir. Si le ton de Maître Saheb était serein, j’aurais développé ma position sur le régionalisme dans le système politique algérien, sur la difficile naissance de la démocratie dans un pays comme le nôtre en voie de sécularisation, et sur les divergences de fond qui nous séparent. Mais je refuse de participer à une polémique où l’adversaire est taxé de traître ou de charlatan. C’est une question de dignité pour les protagonistes du débat et aussi de respect pour le lecteur.
Je m’attarderais cependant sur le reproche que me fait Maître Saheb de ne pas être sur le terrain, et que, par conséquent, je n’ai aucune légitimité à parler de l’Algérie. Il refait le même coup que Daho Ould Kablia qui, il y a deux ans, dans les colonnes de ce même journal, me refusait lui aussi le droit de parler de l’Algérie du fait que j’habitais en France. Ould Kablia et Maître Saheb, même combat, ou la perversion du principe de la primauté de l’intérieur sur l’extérieur. Mais on peut être physiquement en Algérie et être coupé de la population, voire contre la population, vivant à Club-des-Pins.
Durant la décennie 1990, certains sont partis à l’étranger, d’autres ont préféré s’installer à Club-des-Pins sous la protection de l’armée. Maître Saheb ne sait pas que le terrain n’est pas forcément géographique. S’il croit être sur le terrain à l’Assemblée nationale, moyennant 300 000 dinars par mois pour servir de paravent démocratique à un régime autoritaire, c’est qu’il se trompe et trompe son monde. Il vaut mieux être à l’étranger que d’évoluer sur des terrains artificiels dessinés par les laboratoires.
L. A.
Mr ADDI , votre réponse faite au député du RCD est aussi claire,nette que cinglante.C’est ce qu’on appelle communément remettre les pendules à l’heure. Ces éradicateurs invétérés,qui avaient rejeté le contrat de Rome dans le fond et dans la forme, doivent se rendre compte qu’ils avaient commis une grave erreur; le constat est des plus odieux en décomptant le nombre d’assassinats,de disparitions forcées engendrée par leur refus de participer au règlement politique de la crise née des élections législatives avortées.Beaucoup de sang algérien a coulé depuis le rejet du contrat qui devait mettre fin à notre tragédie nationale. Sur un autre plan, on vous a reproché injustement d’élire résidence en France pendant les années de braise qu’avait connu l’Algérie alors qu’à ce moment précis, ces derniers s’étaient bien calfeutrés dans un autre pays qui s’appelle le Club des Pins! Mais ne craignez rien monsieur ADDI, vous n’êtes pas le seul à avoir été critiqué dans ce sens, car on a fait la même chose de Hocine Ait Ahmed qu’on a taxé de faire du tourisme politique!Les mauvaises langues ne cessent de déverser du venin et de casser du sucre sur le dos des autres lorsqu’il s’agit de justifier leurs erreurs.Aussi,à mon avis il vaudrait mieux continuer la lutte pour une vraie démocratie ,le seul souci à prendre en compte car le reste n’est polémique sans lendemain heureux pour la nation toute entière.
Je ne comprends pas comment des gens qui ont permis l’instauration de la dictature et de l’état d’urgence depuis « 1990 » osent parler aujourd’hui alors que le pays est ruiné sur tous les plans.
Je ne comprends pas aussi comment qu’en « 2000 » participent au régime de Bouteflika qu’ils ont réincarné osent aujourd’hui parler et critiquer ces personnes HONETTES qui ont fui le pays alors que l’erreur leur incombes au premier lieu puisque qu’ils avaient participé à la consolidation de cette tyrannie.
Je ne comprends pas aussi en comment en « 2010 » ils osent encore parler et critiquer les régimes dont ils sont devenus des « MANCHES A BALAI ».
Je pense que Mr LAHOUARI ne devra s’attarder sur cette polémique surtout avec les « DEMONCRATES= pouvoir des démons » et non les démocrates, des gens qui ont arrêté les élections et le processus démocratique, participent directement ou indirectement aux crimes auxquels le peuple algérien étais condamné ne mérite pas autant de respect et surtout un débat intellectuel dont ils ne comprennent absolument RIEN.
« Le terrain des uns et des autres », dites-vous.
Hakim SAHEB, dont la signification de ses prénom et nom sont en totale opposition avec son comportement d’avocat des pauvres et des causes perdues, qu’il se prétend, se trouve bien là où il est, sur son terrain.
Ce perchoir-mangeoire d’où il peut plaider sur ce genre d’affaires et déverser sa fétide diarrhée verbale qui est secondaire à son indigestion de la justice, de la vérité et des causes justes.
Le professeur Lahouari ADDI vient de lui faire la réponse qui convient.
Merci, professeur, de nous accepter sur votre terrain.
j’ai tjrs suivi et admiré vos analyses politiques sur le chaos algerien…je suis un algerien de la kabylie maritime(bgayet/bougie/bejaia)…la pertinence,la profondeur et la clarté de vos dissertations ne souffrent d’aucune « roublardise politicienne » mais relevent plus d’une approche scientifique de la chose politique!!!!personnellement je ne vois aucune difference entre les attaques des « clients de l’apn grassement rétribués a porter la critique aux rare hommes encoreintegres de notre pays tels ait ahmed ou lahouari addi …tout le reste ..toute la valetaille a chacune SON ROLE dans la desinformation au service des parrains …role des democrates:rcd pour contrer le FFS..DES ISLAMISTES:hamas(nahnah et bouguerra) contre le FIS…des trotskistes: pt (da louiza) pour annihiler le PST’(chawki)..des « nationalistes » …rnd pour limiter le FLN (de mehri et hamrouche) ajoutez a cela l’ugta (coquille vide de sidi said) pour annihiler les VRAIS SYNDICATS…AUTONOMES….MERCI MONSIEUR ADDi d’etre encore du cote qui n’est pas « WAGGEF »….
Participer à la ruine économique et politique du pays, et oser parler et critiquer ceux qui de tout temps on déploré la situation catastrophique du pays, c’est vraiment le comble!
Notre député et son parti, ont-ils un jour soulevé le problème de la levée de l’état d’urgence qui continue de bloquer le travail politique des démocrates.Sait-il que que pour une simple réunion de parti, les militants sont obligés de demander une autorisation laquelle généralement leur est refusée par l’administration quelquefois sans motif ? Sait-il que, pendant que les députés touchent 35 MILLIONS de centimes, il en est qui crèvent la faim et jettent leurs corps gratuitement aux poissons. Sait-il qu’en raison du tout sécuritaire , l’automobiliste se tape des chaines de deux longues heures à cause des barrages autoroutiers. Sait-il que nos pauvres citoyens subissent quotidiennement le mépris et l’arrogance de l’injustice du pays .
Voilà donc ,respectueux député, quelques situations dégradantes que vit le citoyen qui vous a élu et auxquelles vous devriez vous vous atteler à régler au lieu de vous attaquez à des personnes telles que Mr ADDI El Houari ou autres qui luttent quotidiennement sur le terrain avec des mains nues!
Nul humain n’est parfait ou excepté de tout reproche. Certes que M. Lahouari Addi fait parti de la classe des sociologues éclairés. Certes qu’il a beaucoup écrit pour éclairer nos lanternes. Cependant, les principes auxquels nous croyons, nous font parfois dévier d’une certaine logique. Dans ce contexte, on ne peut donc blâmer M. Addi s’il a soutenu le contrat de « San Egidio ». La composante de la société – musulmane – algérienne, qu’il a étudié avec sérénité, lui a joué un mauvais tour et l’a poussé à soutenir ce « contrat de Rome » qui allait mettre fin à la Première et dernière République algérienne, qui n’est pas du tout démocratique, mais « dictocratique ». (Mes excuses pour avoir inventé un mot étranger à la langue de Molière).
Dr Sadi avait raison puisque Mahsas fut accusé de corruption par un agent espagnol et puisque Addi Lahouari vit « confortablement en France »!
Si pour le Dr Saïd Sadi, la calomnie de « fils de harki » dont il fut la cible, a été dictée de très haut dans le système, force est de constater que, malheureusement, sa riposte concertée et coordonnée avec ses hommes contre le Prof. Lahouari Addi, utilise, quant à elle, un argumentaire qui vient de très bas.
La réaction de Norddine Aït Hamouda et maintenant celle de maître Hakim Saheb, montrent que dans le jeu des outrages, de la vitupération et de la violence verbale gratuite, par relais interposés, propres à la voyoucratie, l’équipe dirigeante du Rassemblement pour la culture et la démocratie n’est pas à la traîne. Cette technique usée jusqu’à la corde, dont eux-mêmes ont été victimes récemment, a pour but de faire diversion au débat fond et le Dr Sadi le sait très bien. Cette intention délibérée de créer un cafouillage en dégradant le niveau du débat s’impose à des personnes politiques dépourvues d’une conscience intellectuelle et préférant user d’une logique approximative pour riposter à des questions pertinentes qui les mettent dans une situation délicate dans laquelle ils se trouvent désarmés et fragiles. La difficulté de répondre sereinement et rationnellement est perçue comme une agression contre leur personne puisqu’elle les confond devant l’auditoire, dont leurs propres partisans.
Le Prof. Lahouari Addi n’a pourtant pas participé dans la campagne de dénigrement contre le Dr Sadi, au contraire, il l’a presque soutenu puisqu’il a déclaré que le livre de Sadi a délégitimé le pouvoir. Monsieur Addi a simplement saisi la balle au bond en profitant des sentiments de Sadi à l’égard du MALG de 1962, pour faire un parallèle avec le DRS de 1992; un parallèle déroutant qui révèle une contradiction difficile à nier objectivement et exige des explications de Dr Sadi qui a préféré cette fois garder le silence alors qu’il a su répliquer à d’autres « attaques » politiques. Serait-il à court d’arguments intellectuels et dépassionnés parlant? Il sait pourtant que la question d’accointance avec les « décideurs » au début de la décennie rouge le poursuit comme une honte et constitue la principale erreur de son parti politique. Il aurait pu saisir cette occasion pour s’expliquer calmement et revenir sur cette grave période sur un terrain strictement politique. Un grand nombre de compatriotes, y compris moi-même, sont séduits aujourd’hui par la qualité et la teneur de ses discours républicains et démocratiques, mais cette histoire de relation filiale avec les Services et les généraux empêche de nombreux Algériens à lui faire confiance. Son discours ressemblerait à celui d’un général comme Khaled Nezzar lorsqu’il évite de parler de la gestion de la situation sécuritaire et du terrorisme. Une personne sanguinaire ne peut faire de la politique, elle tue et réprime pour imposer sa vision de la société.
Pour les hommes de Sadi, il ne fallait pas plus que la levée de voile sur la contradiction de monsieur Sadi pour qu’ils montent au créneau et se chargent de lui ravaler ses paroles pour son outrecuidance. Ils transforment le débat en une bagarre de rue où tous les coups sont permis. « Et pourtant elle tourne » aurait dit le professeur Addi, dans son for intérieur… Le débat est clos peut-être, mais ses séquelles ne sont pas pour faire soigner l’image du RCD qui perd un peu plus de sa crédibilité. C’est le prix à payer pour avoir agressé verbalement un intellectuel de renom dont l’Algérie est vraiment fière.
Ainsi est faite la place publique algérienne, car le mal ne réside pas seulement chez le pari de Sadi. Plus on braille, plus on insulte, plus on louvoie et plus on est forcément intik…
Le Dr Sadi avait raison, puisque Mahsas fut accusé de corruption par un agent espagnol et puisque le Prof. Lahouari Addi vit « confortablement en France »…
Si pour le Dr Saïd Sadi, la calomnie suprême de « fils de harki » dont il fut la cible, a été dictée de très haut dans le système, force est de constater que, malheureusement, sa riposte concertée et coordonnée avec ses hommes contre le Prof. Lahouari Addi, utilise, quant à elle, un argumentaire qui vient de très bas.
La réaction de Norddine Aït Hamouda et maintenant celle de maître Hakim Saheb, montrent que dans le jeu des outrages, de la vitupération et de la violence verbale gratuite, par relais interposés, propres à la voyoucratie, l’équipe dirigeante du Rassemblement pour la culture et la démocratie n’est pas à la traîne. Cette technique usée jusqu’à la corde, dont eux-mêmes ont été victimes récemment, a pour but de faire diversion au débat fond et le Dr Sadi le sait très bien. Cette intention délibérée de créer un cafouillage en dégradant le niveau du débat distinguent les personnes politiques qui, dépourvues d’une conscience intellectuelle, préfèrent user d’une logique approximative pour riposter à des questions pertinentes qui les mettent dans une situation délicate dans laquelle ils se trouvent désarmés et fragiles. La difficulté de répondre sereinement et rationnellement est perçue comme une agression contre leur personne puisqu’elle les confond devant l’auditoire, dont leurs propres partisans.
Le Prof. Lahouari Addi n’a pourtant pas participé dans la campagne de dénigrement contre le Dr Sadi. Au contraire, il l’a presque soutenu puisqu’il a déclaré que le livre de Sadi a délégitimé le pouvoir. Monsieur Addi, qui est arrivé comme un cheveu sur la soupe, a simplement saisi la balle au bond en profitant des sentiments de Sadi à l’égard du MALG de 1962, pour faire un parallèle avec le DRS de 1992; un parallèle déroutant qui révèle une contradiction difficile à nier objectivement et exige des explications de Dr Sadi qui a préféré cette fois garder le silence alors qu’il a su répliquer à d’autres « attaques » politiques. Serait-il à court d’arguments intellectuels et dépassionnés ? Il sait pourtant que la question d’accointance avec les « décideurs » au début de la décennie rouge le poursuit comme une honte et constitue la principale erreur de son parti politique. Il aurait pu saisir cette occasion pour s’expliquer calmement et revenir sur cette grave période sur un terrain strictement politique. Un grand nombre de compatriotes, y compris moi-même, sont séduits aujourd’hui par la qualité et la teneur de ses discours républicains et démocratiques, mais cette histoire de relation filiale avec les Services et les généraux empêche de nombreux Algériens à lui faire confiance. Son discours ressemblerait à celui d’un général comme Khaled Nezzar lorsqu’il évite de parler de la gestion de la situation sécuritaire et du terrorisme. Une personne sanguinaire ne peut faire de la politique, elle tue et réprime pour imposer sa vision de la société.
Pour les hommes de Sadi, il ne fallait pas plus que la levée de voile sur la contradiction de monsieur Sadi pour qu’ils montent au créneau et se chargent de lui ravaler ses paroles pour son outrecuidance. Ils se comportent comme des videurs d’un night-club qui débarrassent du plancher les intrus responsables de la mauvaise humeur du boss… Ils transforment alors le débat en une bagarre de rue où tous les coups sont permis. Il est regrettable de voir ainsi deux hommes politiques se présentant comme appartenant à l’opposition au régime autoritaire de Bouteflika, se conduisent en hommes de main.
Sied-t-il à un fils d’un grand Chahid de ternir l’image d’un grand intellectuel? Ceux qui cherchent le confort en France, ils se taisent ou collaborent avec le système. Ses tristes faux-fuyants ont donné plus de force aux remarques du Prof. Addi. « Et pourtant, elle tourne! » aurait dit celui-ci, dans son for intérieur…
Le débat est clos peut-être, mais ses séquelles ne sont pas pour faire soigner l’image du RCD qui perd un peu plus de sa crédibilité. C’est le prix à payer pour avoir agressé verbalement un intellectuel de renom dont l’Algérie est fière.
Ainsi est faite la place publique algérienne, car le mal ne réside pas seulement chez le pari de Sadi. Plus on braille, plus on insulte, plus on louvoie et plus on est forcément « intik »…
Je dédie cet article à l’auteur de la caricature que j’ai apprécié beaucoup.
Bonne lecture.
« Vox populi : L’Algérie de «deux mains»
Comment sera l’Algérie de «deux mains» ? Il faut d’abord l’imaginer politiquement pour donner une réponse correcte, évaluée en rapport avec le climat actuel. Vue de face, l’Algérie de «deux mains», comme celle d’aujourd’hui d’ailleurs, fonctionnera comme toujours avec les «deux mains».
Les «deux mains» ont encore de beaux jours devant elles. Il ne s’agit pas des deux mains qui travaillent, mais des «deux mains» qui applaudissent. On ne peut concevoir une main applaudissant en solitaire ! D’autant plus que notre dicton local «yed wahda matsefaq » est toujours d’actualité. Demain n’en finira jamais, et les «deux mains», aussi, n’en finiront jamais d’applaudir ou de se lever. Il suffit juste de braquer les yeux sur le petit écran de l’Unique pour voir les «deux mains» toujours à l’œuvre, si elles n’applaudissent pas, elles sont levées vers le haut. Et lorsque les «deux mains» sont levées vers le haut, il faut toujours s’attendre à une nouvelle catastrophe. Les «deux mains» ont facilité à l’Algérie cette singularité de ne pas fonctionner selon les normes universelles, le choix du week-end particulier en est un exemple frappant. Cependant, il ne faut pas oublier que la main est un organe de préhension et un récepteur sensitif important. Le «couple cerveau-main» préside aux relations de l’homme avec son environnement. C’est spontanément qu’on frotte les deux mains, dès qu’on appréhende l’encaissement d’une forte somme d’argent. La jouissance que procure le frottement des deux mains à l’idée d’encaisser un butin continue dès la première caresse sur les babines. Comment allons-nous avancer dans la modernité si les «deux mains» ne sauront qu’applaudir, à défaut de travailler ? Vue de profil, cette question est à mettre aux oubliettes pour ne pas entraver l’ordre établi par la gouvernance actuelle. Il faut donner le temps au temps, attendre que les puits de pétrole se tarissent et que d’autres générations naissent avec d’autres mentalités. Si l’Algérie est le seul pays au monde à construire des autoroutes sur fonds propres du Trésor public, c’est la faute à Hassi Messaoud et aux «deux mains» qui applaudissent. Il y a à boire et à manger dans ce méga-projet en perpétuelle réévaluation et qui a englouti plus de dollars que d’agrégats. Le projet étant étatique, c’est pour cette raison qu’à l’achèvement de chaque kilomètre, c’est le ministre en personne qui inaugure le tronçon qui sera ouvert à la circulation, avec bien sûr la bénédiction d’une foule applaudissant avec les «deux mains». Le comble est que le moindre centimètre de l’autoroute Est-Ouest est réalisé par des mains étrangères, qui, elles, n’applaudissent pas mais travaillent à l’ouvrage et renflouent les caisses de leurs pays en sus de l’exploitation des pauvres autochtones. A cette cadence, il doit bien y avoir des paires de mains cachées quelque part qui sont chargées de mesurer au centimètre carré le grand serpent qui traverse le pays d’est en ouest ou vice-versa. On peut penser aussi qu’à chaque déplacement du ministre sur le site autoroutier, les paires de mains cachées s’attellent à faire le décompte avant de se mettre à la bouffe avec «les deux mains», tout en prenant soin de garder la bouche pleine pour ne pas pouvoir parler. Pratiquement, toute œuvre est réalisée avec le concours des deux mains. Mais lorsque les «deux mains» se mettent à applaudir ou à s’élever haut, il faut toujours s’attendre à des catastrophes humaines. En plus, quand les «deux mains» se tapent l’une sur l’autre pour faire un tonnerre d’applaudissement, c’est toujours pour réaliser une œuvre satanique. C’est après le tapage des «deux mains» que les promesses sont faites pour demain, des promesses qui ne seront malheureusement jamais tenues, car truffées de mensonge, comme les œuvres de Satan.
B. Amar
Source: http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2010/03/31/article.php?sid=97913&cid=34