Un imam n’est pas un croque-mort

sididjafar.jpgEl Erg Echergui pour « Algérie Politique »

Je ne sais pas quel dessein véritable se cache derrière l’idée saugrenue que la construction une mosquée hors d’un cimetière ou son agrandissement est un signe de salafisme. Cette idée, brandie subitement par le comité de village après avoir donné son accord, est aussi tendancieuse que futile. Parce que s’il y a des salafistes à Aghribs, ils s’accommoderont de n’importe quelle mosquée et l’utiliseront comme un point d’appui pour propager leurs idées rétrogrades.

Sans parler de l’insupportable absence de l’autorité de l’Etat et l’ingérence d’un système tribal archaïque dans les affaires publiques, la volte-face du comité est grave dans le sens que ses membres se discréditent totalement et ont fourni la preuve que leur parole n’a pas de poids; ils sont sensibles aux influences externes et sensibles aux manipulations de toutes sortes. Car, ou bien le comité a été abusé par « les salafistes » qui auraient caché une volonté de construire une base arrière au terrorisme, ou bien après avoir donné son aval, il s’est laissé embobiner par les laïcs qui ont imposé leur volonté et leur vision à des gens qui connaissent pourtant bien l’association religieuse dont les membres sont issus de la société d’Aghrib. Dans les deux cas de figure, le sens des principes de ce comité en pâtira pour longtemps.

Si l’association religieuse est composée de salafistes dangereux, elle ne serait pas moins dangereuse en la confinant au voisinage des morts. L’explication de cette levée de boucliers violente contre la nouvelle mosquée se trouve ailleurs, pas très loin : elle se trouverait dans les officines du RCD qui a prouvé que le comité du village est sous sa coupe. Ce parti a aussi prouvé sa capacité d’endoctriner et de mobiliser des jeunes pour les utiliser dans des actes violents et a prouvé qu’il peut se substituer à l’autorité publique sans être inquiété par le pouvoir.

C’est sur ce terrain qu’il faut débattre et non pas sur la prétendue coutume ancestrale qui obligerait les musulmans à construire des mosquées au milieu des tombes. Il est aberrant d’associer un lieu de culte avec la mort, ce n’est pas sa vocation. Or le lieu de cette « mosquée » inspire la mort et la désolation. Sur les marches qui conduisent vers le parvis de cette chapelle ardente, il aurait été plus logique de poser des crânes humains et doter la chapelle avec un orgue à tubes pour les requiems…

Je ne pense pas que fuir un extrémisme avéré pour aller tomber dans les bras d’un autre extrémisme camouflé sous la soutane de la démocratie est la bonne conduite à adopter.

Dernière chose, votre injonction « arrêtez de… » me rappelle un certain « layazouz » des salafistes…

La démocratie a encore du chemin à faire en Algérie

Commentaires

  1. Slimane n'Oulkhou dit :

    Vous dites : « système tribal archaïque », ça resume votre mépris. Vous ne comprennez rien au fonctionnement de la société traditionnelle.

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