Algérie: « Cachez-moi ses mères que je ne saurais voir »!
ASSOCIATION NATIONALE DES FAMILLES DE DISPARUS
Confirmant une fois de plus son statut de porte parole des services de sécurité en matière de verrouillage de la vie publique et de la répression des libertés, Farouk Ksentini, président de la CNCPPDH, annonce que le tabassage des mères de disparus les mercredi 03 et 11 août derniers survient suite à une décision venue d’en haut de « se conformer à la loi » qui dicte l’interdiction de toutes les manifestations publiques.
L’alibi invoqué, toujours selon la même source, est: « on a filmé un rassemblement des familles de disparus et on a formellement reconnu 4 femmes étrangères »!
Par contre, sur le bilan du projet phare du deuxième mandat de Bouteflika, à savoir la charte dite « pour la paix et la réconciliation nationale », Farouk Ksentini ne sait rien. Il ne connaît pas le bilan de la commission de suivi de cette charte ni le nombre de terroristes « repentis », ni le budget consacré à sa réalisation tout en soulignant que la prospérité de l’Etat autorise toutes les dépenses.
Seule information dont il dispose est que le dossier des disparus est réglé à « 95 ou 96% ».
Nous savons que tous ces dossiers ne sont pas gérés par la CNCPPDH mais rien n’autorise son président à balayer du revers de la main la douleur, la stigmatisation et la hogra dont sont victimes des milliers de familles algériennes. Ces familles et les algériens en général n’ont que faire de savoir qu’il est contre la violence.
En se targuant du label de la promotion des droits de l’Homme, la déontologie et la morale dictent que le président de la CNCPPDH dénonce et condamne sans équivoque la répression dont étaient victimes de vielles femmes au lieu d’appeler à plus de répression en soulignant et en nous rappelant que l’Etat d’urgence interdit aux algériens de manifester.
Pour le reste; c’est-à-dire l’essentiel, si le chef de l’Etat passe à l’acte après avoir déclaré « vous me faites honte dans le monde entier comme des pleureuses avec vos photos, le passé est mort, le passé est mort! »*, il confirme que la charte n’a rien réglé et que le temps est venu de « cachez ses femmes qu’il ne veut plus voir ».
S’agissant d’un traumatisme infligé à des dizaines de milliers d’algériennes et d’algériens par des agents de l’Etat dont l’ampleur dénote incontestablement d’une décision politique centrale, aucune mesure autoritariste ne peut réconcilier les bourreaux et les victimes. L’ANFD rappelle que son combat depuis 1998 est la connaissance de la vérité et la justice loin de tout esprit de vengeance. Les documents et les témoignages existent dans l’immense majorité des cas; c’est l’orientation politique qui consacre l’impunité pour tous qui dicte le traitement actuel des dossiers lourds de la décennie rouge.
Le combat des familles de disparus est un combat pour construire un avenir apaisé qui appelle la vérité et la justice pour un pardon dans la dignité.
* Discours du candidat Bouteflika à la salle Harcha le 15 septembre 1999
Le Bureau National de l’ANFD
Alger, le 16 Août 2010
« Algérie: cachez-moi ces mères que je ne saurais voir », dites-vous.
Le comble de l’hypocrisie de Tartuffe de Molière dans sa célèbre esclation: « Cachez-moi ces seins que je ne saurais voir ! », trouve son application chez le thuriféraire avocat de la maison de la démagogique RADP. Celui-ci se cache derrière la fumeuse CNCPPDH pour ses clamer sans réserve ses dithyrambes envers celle-là, afin de mépriser un peu plus les droits et la dignité des mères et familles des disparitions forcées qui savent à qui s’adresser.
Quelle que soit la loi dissuasive des tenants du régime autoritaire et arbitraire en place, la loi divine est en faveur de la légitimité des demandes réclamant la vérité, la justice et l’équitable dédommagement.
Rappelez-vous que cette dernière loi est universelle, messieurs les bourreaux sur terre !