A 78 ans, il est retenu en Algérie après avoir vendu sa maison

rabah.jpgLe Franco-Algérien demeurant à Satolas devait rentrer au début du mois. Pour un problème douanier, son passeport a été confisqué et ce cardiaque vit dans le dénuement le plus complet. Il y a urgence à le rapatrier

 

Ils sont à bout. Au bord de l’épuisement physique et psychologique. Elle, Raymonde, dans la maison de famille de Satolas et lui, Rabbah, recueilli dans la famille d’un neveu à Bou Saada dans le Sud Algérien. Une vingtaine de personnes vivent là dans des conditions précaires sous une chaleur étouffante et en pleine période de ramadan.

 

Vraiment pas le cadre idéal pour cet ancien infirmier du centre Léon-Bérard, âgé de 78 ans, suivi pour de grosses difficultés liées à l’hypertension et ayant subi ces quinze dernières années un quadruple pontage coronarien. Son seul crime : avoir vendu le 23 juillet une maison construite sur un terrain de Eddis. Une vente en bonne et due forme, enregistrée sous acte notarié et payée en Dinars, en toute transparence. Arrivé le 23 juillet pour conclure la transaction, Rabbah tente d’ouvrir un compte pour y déposer son argent et face aux tracasseries administratives, se ravise. Pourquoi ne pas faire comme tout le monde et changer l’argent en euros pour reprendre l’avion avec un peu plus de 30 000 euros en poche. En poche car le retraité qui n’a rien d’un délinquant ou d’un trafiquant a glissé la liasse de billets dans son pantalon tout comme les papiers parfaitement authentiques qui attestent de la vente.

Rien de plus simple aux douaniers de l’aéroport de Sétif, le 3 août avant l’embarquement, de saisir l’argent mais aussi le passeport français de Rabbah, qui réside dans le Rhône depuis plus de 50 ans. Au terme d’une garde à vue sans complaisance, il est inculpé de « trafic de devises étrangères »,et laissé en liberté avec pour obligation de pointer tous les dimanches dans l’attente d’un hypothétique jugement. Libre mais sans le moindre sou vaillant en poche. Jeté à la rue. Raymonde, elle, tente de remuer ciel et terre pour faire rapatrier son époux : « Les trente mille euros, vous pensez bien qu’on s’en fiche », lâche-t-elle avec l’accent qui ne trompe pas chez les honnêtes gens.

Sans baisser les bras mais face à l’inertie des autorités algériennes, elle est parvenue à rejoindre Rabbah à Bou Saada, le 10 août, avec un billet open pour lui apporter un peu de réconfort et surtout les 10 médicaments dont il a besoin quotidiennement pour ses problèmes de santé. Aujourd’hui, c’est une femme combative mais presque désespérée qui attend le retour de celui qui partage sa vie depuis 46 ans. Une vie de droiture et de confiance. Naturellement, elle n’ose imaginer le pire même si l’idée lui effleure l’esprit. « Il n’en peut plus moralement et une dysenterie lui a fait perdre 15 kilos ». Elle n’en peut plus elle-même, de ce silence et de l’incertitude d’une audience qui mettrait fin à une détention qui ne dit pas son nom. Car au fond, Rabbah, dans le pire des cas, aurait lésé le fisc. Mais à l’heure où l’Algérie opère une opération « mains propres » pour éviter la fuite des capitaux à l’étranger des grands trusts du pays ou des investisseurs de tout poil, la prise d’un petit poisson est sans doute moins risquée que celle de gros requins. Une valeur d’exemple qui, vu d’ici, parait totalement disproportionnée 

Michel Girod www.leprogres.fr 

 

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