L’instauration de l’état d’urgence et du couvre-feu est-elle une avancée démocratique ?
Par Maamar BOUDERSA
L’évènement qui a occupé la scène internationale est, sans aucun doute, la situation dramatique que vit la Tunisie. Les commentaires sont larges, multiples et variés. Chacun qualifie les évènements selon ses convictions et ses objectifs. Mais aucun n’a relevé le fait que les mesures prises par le nouveau pouvoir de l’ancien régime, toujours en place, et en particulier l’instauration de l’état d’urgence et du couvre-feu, constituent une restriction des libertés démocratiques ; et donc un renforcement de la dictature, malgré la fuite et non la chute du dictateur.
En Tunisie, il n’y a pas un nouveau régime, instauré selon les règles démocratiques universelles : élection d’une Assemblée Constituante pour élaborer, voter et adopter la nouvelle constitution, loi fondamentale du nouveau régime. Ce projet n’est pas à l’ordre du jour, ni de la part du pouvoir, ni de la part de l’opposition qui, à ma connaissance, n’a pas dénoncé l’instauration de l’état de siège et du couvre-feu.
Selon l’article 46 de la constitution tunisienne, le président de la république peut prendre des mesures exceptionnelles pour un délai indéterminé, selon la procédure prescrite par l’article. A ma connaissance, le président en fuite n’a pas signé un décret instaurant l’état d’urgence. D’où l’inconstitutionnalité de la décision restreignant les libertés fondamentales reconnues par la constitution aux « citoyens » tunisiens.
En instaurant l’état d’urgence, le pouvoir peut organiser un carnaval électoral pour désigner le remplaçant de la pièce usée. Cela a été qualifié pat les commentateurs de période de transition. Il s’agit de la transition vers moins de libertés et moins de droits. Les Tunisiens, en l’absence d’une direction politique, capable d’imposer le vrai changement démocratique, ont perdu leurs sacrifices, récupérés par le système de pouvoir qui a sacrifié Benali pour se perpétuer.
il ya tjs deux raisons pour faire quelque chose:une bonne raison et la vrais raison.
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Camarade Mammar, tout d’abord heureux de te lire encore une fois.
Je voudrais te signaler que personnellement je me suis exprimé sur cette démarche florentine du pouvoir benaliste de Tunisie qui est celle de l’instauration de l’ État d’ Urgence qui ressemblerait tout à fait à celui instauré en Algérie suite à l’avortement du processus électoral en 1992 et qui a donné naissance à la création du HAUT COMITÉ D ÉTAT qui a présidé ce qui restait de la république algérienne dite » démocratique et populaire « .Tout ceci, et tu as raison de le souligner cher camarade, ne pourrait qu’aboutir à une autre forme de restrictions diverses et en particulier les libertés individuelles.
La solution,bien évidemment et logiquement est de nettoyer le pays du reste du régime totalitaire de Ben Ali et revenir rapidement à des élections libres et démocratiques pour ramener la paix civile en Tunisie.
L’usage de la force n’a jamais été un moyen pédagogique porteur de bons résultats; aussi, organiser des élections sous état d’urgence,ne pourrait en sortir qu’un collectif de députés assujettis et un Président qui ne serait finalement qu’une simple Potiche.
« L’instauration de l’état d’urgence et du couvre-feu, est-elle une avancée démocratique? », vous interrogez-vous.
Bien sûr que ça ne saurait être démocratique.
Mais, considérant que Ben Ali avait qualifié le soulèvement du peuple tunisien « d’acte terroriste » type « AQMI », il lui semblait logique de décréter la loi de l’état d’urgence.
Sachant que cet état d’urgence qui permet aux préfets civiles de faire appel à l’intervention de l’armée, a été décrété, deux jours avant la dissolution du parlement et la révocation du gouvernement, par le président de la république tunisienne, Ben Ali, qui avait décidé de temporairement la Tunisie, avec l’espoir d’y retourner ultérieurement. C’est pourquoi il avait aussitôt délégué ses pouvoirs présidentiels à son ancien premier ministre, Mohammed Ghannouchi, conformément aux dispositions de l’article 56 de la Constitution tunisienne.
Mais, l’intervention du Conseil constitutionnel sous l’effet de je ne sais quel instruction du « chef d’orchestre », invisible comme la CIA, de ce scénario de soulèvement général, d’apparence spontané, a fait valoir la « vacation permanente du poste présidentiel » et invoqué les dispositions de l’article 57 de la même Constitution nationale. L’intérimaire sera désormais l’ex-président de la chambre des députés, Fouad Mebazaa à la place de l’ex-premier ministre Mohamed Ghannouchi.
C’est-à-dire, comme on dit chez nous: Elaab Hamida, Wa Errecham Hamida, Fi Dar Hamida », ou encore en bref, « juge et partie ».
Il me semble qu’il n’y a pas encore de volonté politique pour permettre à la véritable démocratie d’être exercée par le peuple tunisien.
D’où la nécessité du ressourcement politique pour prévenir la violence et introduire pacifiquement l’alternative démocratique et sociale en Tunisie et en Algérie.