3 avril, 2011
Une expérience sur facebook: Quand le R.A.J.A fait trembler le SNJ
Source: http://reseaujour.centerblog.net/
La proposition du Réseau amical des journalistes en Algérie (R.A.J.A) de créer un nouveau syndicat devant encadrer la profession journalistique donne de la frousse au Syndicat national des journalistes (SNJ) actuellement dirigé par Kamel Amarni, qui en est le secrétaire général. En effet dès la parution de notre article sur ce blog http://reseaujour.centerblog.net/ proposant la création d’un syndicat, Kamel Amarni est venu taper à notre porte sur facebook pour «s’expliquer» et «répondre à toutes les questions» que nous voudrions bien lui poser. Mal lui en prit de descendre donc dans cette chaude arène, et vous savez, ce que l’amitié veut dire en Algérie.
Visiblement sur la défensive, le responsable en question a tenté en vain de convaincre l’auguste assemblée qui était en face de lui. Au reste, le décor était celui d’un tribunal, car tout le monde s’était rangé du côté du jury. Le représentant du SNJ, éperdument dans la peau de l’accusé, a dû se répandre durant plus d’une heure en force justification sur le statut professionnel du journaliste, texte de loi non encore effectif jusqu’au jour d’aujourd’hui, en dépit de sa publication dans le journal officiel. Le statut en question a été adopté selon lui «en 2008, et publié au JO, numéro 24, du 8 mai 2008».
Monsieur Amarni n’avait pas l’air de comprendre qu’un texte gelé faute de décrets d’application vaut absolument ce qu’il est réellement. C’est-à-dire rien. Absolument Rien. S’il n’y a pas de décrets d’application, c’est qu’on ne veut pas que ce statut soit appliqué. Et si on ne veut pas que ce texte soit appliqué, cela veut dire qu’il n’existe pas. Qu’il dérange beaucoup de cercles malgré ses insuffisances. Si à l’usine un carrosse neuf n’a pas reçu ses roues, il n’est pas encore un carrosse. Or le représentant du SNJ a essayé de se disculper en se cachant derrière le paravent de la promulgation de ce texte avorté tout en ne s’avisant pas qu’il aurait dû s’inquiéter et chercher les roues qui manquaient, au lieu de croiser les bras pendant 3 ans. N’empêche notre invité essuie dès son arrivée une salve de reproches. « Tu sais bien dans quelles conditions a été préparé le texte.
Vu le désordre qui règne dans la profession, il est impossible de considérer ce décret comme répondant à toutes les revendications des journalistes. Il serait honnête de dire que ni le SNJ, ni la « Fédération UGTA » ne sont représentatives de la presse. Il y a beaucoup d’éléments qui manquent à ce statut » lance Mehdi Mohamed du Quotidien d’Oran. Chafaâ Bouaiche, d’El Waqt quant à lui assène: «le SNJ n’a pas réuni son conseil national depuis 2003. Pouvez-vous nous donner la liste des membres du bureau national ? Que sont-ils devenus ?». Et de poursuivre «je suis journaliste et je n’ai jamais reçu d’ordre de Ould Abbes ni de Benflis» allusion au temps où les rumeurs donnaient l’ex chef de gouvernement comme successeur d’Abdelaziz Bouteflika.
A l’époque il est vrai le SG du SNJ s’était laissé convaincre que c’est Benflis qui allait devenir président de la république. «Kamel Amarni ferait mieux de démissionner ainsi que son équipe du SNJ et de remettre les clés du syndicat aux journalistes» conseille Larbi Graïne du Midi Libre. Et de s’dresser à Amarni «quand même, tu ne peux pas te targuer d’avoir arraché un statut professionnel mort-né en 2008». Kamel Amarni balbutie une réponse «le texte a été préparé sur proposition du SNJ. Cela avait pris 2 ans de travail. Nous avons pris comme référence, des dizaines de modèles dans le monde. Nous avons travaillé dessus pendant des mois. Le texte est correct. Il ne lui manque que des textes d’application».
Mehdi Mohamed revient à la charge : « le SNJ n’a aucun droit de parler au nom des journalistes. Le fait que le Pouvoir ait accepté le SNJ comme interlocuteur pour élaborer ce texte, tout en sachant que du point de vue statutaire, la direction du syndicat n’est pas légale, donc n’ayant pas le droit à l’existence, ça veut tout dire ». Kamel Amarni lâche un chef-d’œuvre en langue de bois « le plus choquant dans tout ça, c’est de voir ceux qui se prétendent » démocrates » comme les plus zélés quand il s’agit d’entraver un syndicat autonome, qui n’a aucune ressource, sinon la volonté de ses adhérents ». « Des journalistes dorment dans des hammams rétorque à l’autre bout Chafaâ Bouaiche alors que d’autres ont pris des logements mais ne veulent toujours pas rendre les clefs des chambres « sécuritaires ». Selon lui « certains journalistes ont sous-loué ces chambres ». Et de recommander « un débat sur cette question ».
Souhila Hafid