R.Z pour « Algérie Politique »
Au deuxième jour de la grève illimitée déclenchée par les travailleurs de
la SOCERCA Amizour (Béjaia), la situation reste tendue et on peut même dire que c’est la rupture entre le personnel gréviste et la direction de l’entreprise. En effet, comme réponse à l’action de protestation et aux revendications formulées, par les protestataires, on a appris que le secrétaire général de la section syndicale, Arezki Fatah a été suspendu. C’est dans la matinée d’aujourd’hui que «la sanction» lui a été notifiée par
la direction.
Interrogé à ce propos, Arezki Fatah s’est dit serein et non étonné de la réaction de la direction. « Cette suspension injuste, confie-t-il, ne me surprend guère et dénote le désarroi des responsables face à la détermination et à l’unité des travailleurs qui agissent dans la plus grande légalité et dignement pour l’aboutissement de leurs revendications légitimes.» Et d’ajouter: ” Il faut savoir que les travailleurs ont, volontairement, fait l’impasse sur leurs droits depuis une année et se sont sacrifiés au profit de leur entreprise, mais cette situation ne peut plus durer!”
Dans une déclaration rendue publique le lundi 2 mai, le Conseil syndical de l’entreprise dénonce la tutelle qui, « s’obstine au silence, fuit ses responsabilités et nous laisse dans le doute et le flou”. En fait, c’est un véritable S.O.S que lancent les travailleurs qui déclarent “réfuter la situation que traverse leur société livrée à elle-même”. Les rédacteurs de la déclaration pointent du doigt les responsables en notant: ” Personne ne se soucie de notre cas, car ces responsables sont censés améliorer nos conditions de vie, […] ont choisi le chemin le plus court pour notre mise à mort et ils ont oublié nos supplices. “Aujourd’hui, considère le Conseil syndical, nous nous dressons devant cette tutelle absente avec fierté et courage et à travers cette action légitime à tous points de vue, nous disons qu’ils ont failli à leur tâche et qu’ils doivent assumer leurs erreurs et ce n’est pas à nous de payer pour les erreurs des autres”, est-il mentionné dans le document, en guise de conclusion.
Consécutivement à ce nouveau rebondissement, une initiative du représentant du Conseil de participation pour rencontrer le directeur à propos de la situation qui prévaut au sein de l’entreprise s’est soldée par un échec, puisque ce dernier a tout simplement refusé de le recevoir. Selon nos sources, le directeur lui a fait savoir que s’il voulait lui transmettre « son bonjour » il était le bienvenu, mais que, si l’objet de sa venue était la suspension du secrétaire général de la section syndicale, « sa présence dans son bureau était indésirable. »
Constatant le manque de volonté de la direction de l’entreprise privilégiant les intimidations, les travailleurs sont passés au “durcissement ” de leur mouvement de protestation, en cadenassant le portail de l’entreprise, empêchant, de ce fait tout mouvement de va et vient.
Par ailleurs un journaliste de
la Radio Soummam qui a sollicité aujourd’hui une entrevue avec le directeur a eu droit, lui aussi à une répartie du même genre : « Vous n’êtes pas invité! ». Sur les ondes de la même Radio, dans son bulletin d’informations de 11 heures, le journaliste a répliqué : « Monsieur le directeur, nous ne sommes pas venus prendre part à une fête ! »
Rappelons que les revendications des travailleurs concernent, notamment, la révision de la grille salariale à 100 %, la réactualisation du plan de carrière gelé depuis 2005, la révision de la prime de départ à la retraite (01 mois pour une année de travail), la rénovation de l’outil de travail de l’entreprise, la bonification de cinq catégorie pour le personnel partant à la retraite.