Retour sur la fausse démission de Chadli

chaddd411286051.jpgPar Ait Benali Boubekeur

L’ouverture démocratique en Algérie fut de courte durée. Ce fut l’une des éphémères. La responsabilité de cet arrêt s’incombe à ceux qui ont estimé que le peuple algérien n’était capable de choisir ses représentants. Bien que le choix puisse être par dépit, il n’en demeure pas moins que le choix du peuple fut, lors des élections du 26 décembre 1991, sans appel. Il s’agit pour ces millions d’Algériens de sanctionner un système ne pouvant pas répondre à leurs desiderata. Mais en se trouvant devant la victoire incontestée du Front Islamique du Salut (FIS),  les réels décideurs ont-ils agi de sorte à éviter à l’Algérie l’un des drames  les plus rudes qu’elle ait connue ? Ainsi, à l’annonce des résultats officiels du premier tour des élections législatives, rien n’indiquait en apparence une quelconque manigance des militaires. Mais, derrière la vitrine, les calculs furent légion.

Et si les nouveaux décideurs réclamaient la restitution des biens mal acquis, que ferions-nous alors. Cette option fut en tout cas analysée. La solution se trouva alors dans l’arrêt du processus pouvant conduire à l’alternance. Et ce qui les guida  fut  la sauvegarde des privilèges immenses. Ainsi, pour enclencher une troisième guerre d’Algérie, le haut commandement militaire avait cherché les raisons  dans une presse subordonnée. Celle-ci fut d’une allégeance infaillible au régime. Bien que  les leaders du FIS aient réagi avec une extrême vigilance à l’égard de cette presse partiale, la noria du renversement des résultats fut lancée. Car les organisateurs des élections s’étaient trompés sur les scores. D’ailleurs mêmes les vainqueurs  furent surpris par l’étendue de la victoire.  

Contacté par le journaliste de RFI, Abdelkader Hachani  fut médusé par le score réalisé. Tout compte fait, il attendait à ce que  le pourcentage de sièges ne dépasse pas les 30%. Mais une fois l’effet de surprise passé, les leaders du FIS s’employèrent à développer un langage rassurant pour calmer les esprits surchauffés.  Cela dit, affirmer  que les vainqueurs avaient une confiance en ce pouvoir, qui cherchait  la moindre étincelle pour allumer le brasier, fut un leurre. Car ce dernier avait des moyens très importants, notamment en jouant sur la peur. Sa force de mobilisation fut incontestable par tous les observateurs. D’ailleurs, ce régime n’a-t-il pas joué les courants les uns contre les autres pour se pérenniser depuis l’indépendance? Qui a donné les ailes à cette mouvance depuis l’indépendance ? Car, dans un pays musulman, il est nul besoin de jouer la carte religieuse. En revanche, face à la gabegie du régime, ces militants religieux voulurent combattre les dérives du système, notamment la corruption, en s’appuyant sur les principes justes de l’Islam.

Cependant,  une fois de plus, la presse aux ordres vint au secours de ce régime. En effet, la presse thuriféraire a joué un rôle moteur dans la manipulation de l’opinion  induisant des milliers voire des millions d’Algériens en erreur. Ainsi, au lendemain de l’annonce des résultats du scrutin,  Mohammed Said a prononcé dans un prêche des propos apaisants dont  la presse a déformé.  « Nous sommes tous des frères, celui qui versera une goutte de sang de son frère ne connaîtra pas le pardon », a-t-il dit.  Il a ajouté plus loin  « tout va bien et, grâce à dieu,  il n’existe aucune pomme de discorde entre nous. Pour renforcer notre fois, il faut nous conformer aux prescriptions divines sur la façon de nous habiller ou de nous nourrir ». Les correspondants de presse,  qui couvrirent la prière, interprétèrent les propos en les reformulant pour donner à peu prés  ceci : « Mohamed Said demande aux Algériens de changer leurs habitudes vestimentaires et alimentaires ». Un journaliste d’un titre britannique  affirma dans une interview que lui avait soi disant  accordée Hachani  que ce dernier « désire rompre les accords liant l’Algérie au CEE ». Quelques années plus tard,  le journaliste reconnut  n’avoir jamais rencontré l’intéressé.  L’interview fut imaginée en analysant ses discours, reconnut-il. Ainsi cette désinformation ne fut qu’une facette de l’action des putschistes.

Selon José Garçon « le 6 janvier, une assemblée réunit 181 officiers supérieurs qui signent une pétition demandant la démission du président ». Pour étayer la thèse que les dés furent déjà jetés,  l’état major de l’armée  ordonna, le 8 janvier 1992,  le déploiement d’un dispositif militaire autour d’Alger, Oran et Constantine. Bien que  la constitution algérienne fasse du président le premier homme du pays en incarnant l’Etat et l’unité de la nation,  puisse nommer et révoquer les ministres et grade ou dégrade les militaires, le réel pouvoir se trouvait hélas ailleurs. D’où la question suivante : en ayant autant de pouvoir, Chadli aurait-il décidé, de son propre chef, de partir ? Il est difficile de croire cette hypothèse. Car une délégation militaire, conduite par Nezzar et les principaux responsables militaires,  se rendit le 9 janvier 1992 à la présidence pour demander tout uniment au président de se retirer dans l’honneur et de rédiger sa lettre de démission, et ce conformément à une pétition qu’auraient signée 181 officiers. Chadli aurait résisté pendant un petit moment aux pressions  mais il finit par accepter  de partir le 11 janvier.

Dans la lettre de démission,  il expliqua que son départ n’était  pas une fuite de responsabilité mais un sacrifice dans l’intérêt supérieur de la nation. Il s’agit là sûrement de récriminer les militaires qui l’ont forcé à partir. Car s’il s’était agi des islamistes,  il aurait simplement fait allusion au code  civil pour sanctionner les fraudeurs ayant permis la large victoire du FIS.  En tout cas, le départ du président ne fut pas le seul casse tête du haut commandement militaire.  La constitution de 1989 stipulait, dans ce cas de figure, que «  le président de l’assemblée nationale assure l’intérim du chef de l’état et prépare une élection dans 45 jours ». Or celui qui devait succéder au président fut éliminé en montant de toutes pièces la dissolution du parlement. D’après Ali Yahia Abdenour : « Belkhadem,  Président de l’APN,  a révélé au procès des dirigeants du FIS que Chadli,  Président qu’il avait rencontré le 7 janvier ne l’avait pas informé de la dissolution de l’assemblée (décret du 4 janvier) ». En somme,  le président ne pouvait  pas  démissionner dans un pays où il fut nommé. Son départ fut obtenu par des pressions.  Et les Algériens ont le droit de connaitre la vérité à défaut de pouvoir se prononcer sur les personnes qui les gouvernent.

Commentaires

  1. Said dit :

    ——version revue et corrigée——

    Un coup d’Etat, tout simplement. Le Coup d’Etat des faucons et ultras du Régime militaire. Le Coup d’Etat des plus durs et des plus mafieux de la Junte militaire dictatoriale au pouvoir depuis 1962. Un coup d’Etat préparé de longue date, mettant en avant le péril islamiste comme grand prétexte, sur fond de campagne de désinformation et propagande sur le modèle goebbelsien du mensonge total. L’islamisme surdimensionné, charcutage de la carte électoral, Les Généraux criminels ont usé de tous les artifices, pièges et sortilèges pour mener à bout leur plan diabolique, concerté avec des officines françaises qui donnent le là et déterminent la politique algérienne de l’Europe. Les Janviéristes étaient tous des anciens de l’Armée française, autoproclamés pudiquement DAF…

    Le Coup d’Etat avait pour but de restructurer « la domination de la caste militaro-mafieuse sur la société » . La caste ou camarilla qui constitue « un mouvement d‘intérêt communs« , selon le concept wéberien…Tout autre chose n’est que littérature !

  2. achair dit :

    l’assassina de boudiaf . de matoub. de mahiou …. la liste est longue tu ne parle pas

  3. Tag dit :

    Pourquoi le ressusciter ?
    A ma connaissance le peuple Algérien l’a oublié !!!!

  4. Wahrani dit :

    Les nations construisent un aeroport en 5 annees. L’Algerie a mis 20 ans pour construire l’aeroport de Houari Boumedienne. De meme, l’autoroute de l’Est n’a jamais ete finie,etc… Pour ces grands projets, des milliards de dollars sont deverses, mais ou sont-ils passes? Beaucoup de mains balladeuses s’y sont trempes, et la chakkara est partie dans des banques etrangeres, ou achats de patrimoines a l’etranger.
    Personne n’en parle, ni demande des comptes, ni meme la Cour national des Comptes. Tout ce beau monde devrait un jour rendre compte au peuple algerien, comme en Tunisie, le President Ben Ali (a charge son avion, et parti en Arabie), et le President Moubarak (70 billions de dollars, sa fortune).
    Et chez nous, c’est la maladie du silence.

  5. kamel hamamouche dit :

    scandale saint george +club des pins melzi ouyahia factures inpayée du rnd tu ne parles pas quoi encore rebrabb
    et encore harcelement sexuel au cabinet du premier minstere

    et hamamouche le dsk d’algerie

  6. Me dit :

    Ils se sont débarrassés de Chadli, ils ont tué 200 000 civiles et militaires , ils sont tous des généraux et leurs complices, ils sont d’anciens officiers de la France qui ont rejoint le FLN en 1961, ils ont créé le RND, parti des corrompus et des minables, ils ont vendu le pays, le peuple algérien ne les intéressent pas, ils sont aux ordres de la France, pour eux voler, tuer c’est comme manger un steak

  7. sgp dit :

    l’algérie est malade de ses fils harkis.
    elle est malade des passe droits, de la misère de son peuple et de sa jeunesse perdue et laissée pour compte par ses dirigeants qui n’ont aucune compétence pour diriger un riche pays.
    elle est malade de la corruption générée par sa rente pétrolière et ses richesses.
    Elle est malade par ses pseudo politiciens qui s’enfichent royalement de son peuple.
    Elle est malade car elle est maudit par dieu qui ne reconnait plus ses siens… A suivre…

  8. Pauvre Algerie dit :

    de gaulle en fin tacticien , nous a choisi les hommes qui nous gouvernent 50 ans après une indépendance confisquée par les DAF et le clan de oujda ,dans leur sinistre projet ils ont commencé par liquider les patriotes , les révolutionnaires et les authentiques , les maitres de l’algérie importatrice de sucre , blé et allumettes et autres produits chinois doivent etre jeter dans les poubelles de l’histoire ….

  9. Tarik dit :

    On peut remacher, ruminer les analyses politiques et le marasme socio-politico-economique du pays, voulu et orcherstre par les « appartenants a la famille revolutionnaire ». Mais parmi tous ces hauts fonctionnaires, il y a la tuberculose, a ne citer que des officiers de l’armee francaise sont devenus Presidents: A citer, Ben Bella ahmed etait adjudant, Chadli Bendjedid etait sergeant, etc.. alors qui sont les harkis, les vrais harkis, les faux moudjahids, les faux moudjahids. Toute la problematique est fouinee la-dessous.
    Les grands harkis sont devenus de hauts fonctionnaires de l’Etat algerien, les petits harkis paysans sont devenus les boucs emissaires: Il faut nettoyer les grands harkis et les petits harkis, et revaloriser nos vrais moudjahidines dont certains sont dans la precarite.
    Vive les vrais moudjahidines et moudjahidates.

  10. khalil dit :

    sais l a bien resume

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