Les Touaregs libyens accusent les anti-kadhafistes de « massacres »
ALGER (AP) — Le représentant de la Coordination des Touaregs pour la Libye, Ishak Ag Al-Husseini, accuse les opposants à Moammar Kadhafi d’avoir mené des « liquidations collectives » contre sa communauté, appelant l’Algérie à ouvrir ses frontières pour leur permettre de rejoindre les tribus touaregs du sud algérien.
« La situation est catastrophique. Les Touaregs de Libye souffrent le martyre à cause de la traque dont ils sont l’objet de la part des révolutionnaires qui les considèrent comme faisant partie des soutiens de Kadhafi. Chaque jour, il y a des liquidations physiques collectives à cause des idées reçues sur la position des Touaregs », affirme-t-il dans un entretien paru dimanche dans le quotidien arabophone « Al-Khabar ».
Il y a environ 600.000 Touaregs en Libye et « ils ne soutiennent pas tous Kadhafi », assure M. Husseini en ajoutant qu’environ 500 d’entre eux ont pu gagner le territoire algérien après la chute de Tripoli « et le début des massacres collectifs ».
« C’est par centaines qu’ils arrivent chaque jour au checkpoint de Debdeb, cherchant la sécurité, d’autant plus que l’Algérie, dont nous attendons une aide, est le pays le plus proche des villes où vivent les Touaregs comme Ghadamès », poursuit Ishak Ag al-Husseini qui demande « une protection des instances onusiennes » face à ce qu’il qualifie de « crimes contre l’humanité ».
Maghreb Intelligence
Exclusif : Le plan de l’Algérie pour déstabiliser le nouveau pouvoir libyen
Posté le : 5 septembre, 2011
Les dirigeants algériens n’ont pas encore intégré la défaite du colonel Mouammar Kadhafi. Tout le long des ces dix derniers mois, Alger n’avait en effet pas ménagé ses efforts pour venir en aide au guide la révolution. D’après un ancien ministre algérien, même si le bouillonnant colonel avait toujours mené la vie dure aux généraux algériens, notamment dans la Sahel, il a toujours su se montrer un allié loyal et reconnaissant. Les généraux algériens ont ainsi bénéficié du soutien sans faille de Kadhafi pendant la guerre contre les islamistes du FIS. En outre, en Afrique, les deux pays poursuivaient pratiquement les mêmes objectifs tout en ayant des agendas différents. Au Maghreb, la Libye de Kadhafi et l’Algérie des généraux constituaient une alliance qui ambitionnait de dicter sa loi aux autres pays de la région. Aujourd’hui, l’Algérie ne veut pas reconnaitre le nouveau pouvoir à Tripoli. Les membres du CNT ont ainsi parfaitement décodé les déclarations de Mouard Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères. Ce dernier a conditionné la reconnaissance du CNT par la constitution d’un gouvernement qui comprenne toutes « les sensibilités » libyennes. Le ministre faisait allusion, selon un membre de la rébellion libyenne, aux populations Touaregs. En effet, sous l’instigation du DRS algérien (Les services de renseignement), des milliers de combattants touaregs ont rejoint les forces de Kadhafi. Après la prise de Tripoli, les combattants touaregs se sont repliés vers la ville de Ghadamès sur la frontière algérienne. Selon des sources occidentales à Tunis, le DRS tente depuis une dizaine de jours d’inciter les Touaregs à ne pas rejoindre le nouveau pouvoir libyen. D’ailleurs, Ghadamès a été le théâtre d’affrontements entre les forces armées du CNT et des hommes armés touaregs. D’après les mêmes sources, Alger pourrait recréer un Polisario-bis en encourageant un mouvement sécessionniste touareg dans le sud ouest libyen. Ce sera, selon des anciens de la DGSE, une manière de « tenir » le nouveau pouvoir qui s’installera à Tripoli. En effet, Alger craint une Libye démocratique et puissante financièrement dans laquelle les islamistes modérés joueraient un rôle primordial, d’autant plus que la Tunisie voisine s’éloigne elle aussi de l’Algérie. « Le pouvoir algérien, coupé de la nouvelle réalité géostratégique, a du mal à esquisser une ligne de conduite cohérente. A Alger, le pouvoir réel est dépassé puisque le président Bouteflika est très malade et que les généraux Toufik « Mediène », patron du DRS et Ahmed Gaïd-Salah, chef de l’état-major de l’APN, ont dépassé les soixante-dix ans », explique un haut responsable français, très au fait des coulisses du pouvoir à Alger.