Sansal a été primé pour canoniser sa version déjà biaisée de l’histoire d’Algérie contemporaine
Par Bastos El Bombardi
Les livres de Sansal sont bons à lire. Il faut bien lire et écouter Sansal pour mesurer l’étendue du traumatisme en Algérie.
Le week-end par exemple, lors d’un voyage, le soir, pour se détendre, pour se distraire ou pour passer le temps.
Sa littérature ruisselle de témoignages et faits romancés imbibés de manipulations, intrigues, intox et sang des éditos de la presse algérienne de la décennie de guerre.
Il y a pour les amateurs un monde délicieux, schizophrénique et autiste, où l’on sait les choses mais on les ignore et les méprise. On s’enfonce dans l’erreur par orgueil, ou peut-être est-il trop tard pour rebrousser l’errance. C’est comme un alcoolique qui cache lui-même sa bouteille de whisky pour ne pas la trouver à portée de main. C’est comme un lâche qui se cache à lui-même la vérité pour rendre sa vie plus supportable, et espérer peut-être, par la force du désespoir, que, miraculeusement, les choses auraient à son insu pris une autre tournure.
Il ne faut pas lire Sansal si l’on veut comprendre ce qui s’est passé en Algérie. Sansal lui-même ainsi que ses œuvres font partie du drame algérien, un pays traumatisé qui ignore son traumatisme. Un pays qui s’entête à la démence là où il fallait chercher quiétude et thérapie.
Au bout d’une insomnie, je me suis servi, pour me punir sans doutes d’une faute quelconque, un gavage à Boualem Sansal sur ARTE, le 16 octobre.
Boulem Sansal a été primé alors non pas pour ce qu’il y a dans ses livres mais pour ce qu’il raconte autour de ses livres.
Boualem Sansal n’a pas été primé pour des proses ou esthétismes innovants. Il n’a pas été primé pour des ventes records dans le box office. Il n’a pas été primé pour des mérites dans le fond qui aurait touché du doigt une universalité ou une humanité quelconque par ses personnages ou trames.
Boulem Sansal a été primé pour canoniser sa version déjà faussée et biaisée de l’histoire d’Algérie contemporaine ! C’est là où réside le danger.
Il a été primé pour augmenter la superficialité et le flou de la situation en Algérie.
Pour confondre la réalité à la fiction, l’imposture intellectuelle veut primer des écrivains amuseurs là o* il fallait solliciter les historiens et chercheurs.
Les faits d’abords. Les faits sont sacrés et l’opinion est libre.
Les livres de Sansal sont bons à lire pour leurs opinions mais pas pour les faits. Pour se distraire donc. Ou changer des mots-croisés si on veut veux fuir la télé. Sans plus. Ou peut-être pour moins que cela car c’est pire ailleurs.
l’auteur de cet article reproche à sansal quelque chose qu’il refuse d’avouer: sa critique de l’islamisme et de l’islam. l’auteur est coupable de fourberie
dommage ,ils n’ont pas penser à primer hocine ait ahmed , ça aurait été plus conforme à l’histoire reelle de l’algerie. dommage
« Le village de l’Allemand » ou la recette du best-seller décomplexé
Par Ahmed Selmane, Algérie News, 12 avril 2008
C’est connu, les Algériens sont jaloux, envieux, insupportables qui ne supportent pas la réussite des autres. La preuve : ils n’arrêtent pas de questionner les enrichissements soudains et les subites notoriétés de ceux qui tiennent le haut du pavé des médias et de la finance. S’ils sont parfois des critiques inspirés, ils sont souvent de piètres commerçants. Il faut bien l’admettre, l’Algérie ne sait rien vendre, ni une image, ni des splendides paysages, ni les meilleures dattes de l’univers.
Boualem Sansal, lui, a du flair, il a choisi d’être universel ! Et quoi de plus universel que de mettre les Algériens face à la Shoah ! C’est connu, les Algériens sont jaloux, envieux, insupportables qui ne supportent pas la réussite des autres. La preuve : ils n’arrêtent pas de questionner les enrichissements soudains et les subites notoriétés de ceux qui tiennent le haut du pavé des médias et de la finance. S’ils sont parfois des critiques inspirés, ils sont souvent de piètres commerçants. Il faut bien l’admettre, l’Algérie ne sait rien vendre, ni une image, ni des splendides paysages, ni les meilleures dattes de l’univers.
Mais Boualem Sansal, lui, a trouvé le créneau salutaire et le bon réseau pour vendre. Dérogeons donc à ces travers dont on nous accable et saluons cette remarquable réussite en matière de pénétration d’un marché étranger particulièrement fermé. Même s’il fait de nous des suppôts du nazisme. Les prestigieux plateaux s’illuminent et Israël se découvre enfin un grief « historique » à l’égard des algériens, transformés en héritiers putatifs d’Adolf Hitler. S’il se mettait à écrire quelque chose de proche de la vérité historique – par exemple que les colons français ont été massivement vichystes et antisémites et que le mouvement national algérien a été d’une sévérité sans faille à l’égard des individus tentés par le fascisme – cela ne marcherait pas. En France, on n’apprécie guère l’auto-flagellation coloniale et on a la repentance sélective. Il n’existe pas de créneau pour ceux qui ressassent la « vieille histoire », celle des enfumades et des tortures. C’est éculé, c’est moisi et puis ça va dans le sens du « pouvoir » à Alger et même de ses islamistes…
Bref, l’Histoire n’est pas vendable, la recherche de la vérité n’est pas dans l’air du temps : ce n’est pas assez spectaculaire et c’est à la marge du monde. Pensez-vous, madame, qui donnerait un euro pour une histoire d’algérien… ? Boualem Sansal, lui, a du flair, il a choisi d’être universel ! Et quoi de plus universel que de mettre les algériens face à la Shoah ! Enfin, un algérien qui invoque le thème insurpassable de notre temps (celui qui justifie l’ordalie des palestiniens) et qui dame le pion à ces arabo-berbères musulmans qui se croient totalement innocent du crime européen de l’extermination des juifs. Quel bon sujet ! C’est un indécent travestissement ? De l’invention pure et simple ? Et alors ? Ce n’est pas grave. Après tout, on a bien eu l’ineffable BHL et son « romanquète »…Dans la propagande de l’Axe du Bien, la littérature ça sert à inventer la réalité, en attendant, par glissements successifs, de faire du mensonge la vérité indéniable.
Le bon créneau et le bon réseau
Et puis, que viendrait faire ici une interrogation morale ? L’éthique ne tient pas d’étal sur ce marché : on ne fait que répondre à une demande. C’est le b.a.ba du commerce : dénicher le bon créneau et mobiliser le bon réseau. Tout est question d’opportunité à saisir et Sansal l’a saisie à bras le corps. Il a vraiment pigé le truc, il sait vendre, il sait se vendre. Et puis vous êtes piégés par la règle : si vous dites que le roman se base sur des affabulations, vous êtes un « agent du pouvoir » quand vous n’êtes pas un islamo-fasciste qui menace la littérature civilisée.
Alors plutôt que de critiquer Sansal, il faut au contraire rendre hommage à son sens aigu de l’opportunité commerciale…. Après tout, le trabendisme est souverain, pourquoi les belles lettres échapperaient- elles à sa loi d’airain ? On le sait, le trabendisme consiste à vendre ce qui n’est pas disponible sur le marché en prenant quelques libertés avec le droit. Sur le marché de la stigmatisation anti-barbare, il manquait donc une Algérie nazie. Qu’à cela ne tienne, on l’invente, en prenant ses aises avec l’Histoire ? C’est pas mal, les ingrédients : l’arabe au couteau, le bon colon, l’influence hitlérienne sur les indépendantistes algériens.
Mmm… succulent !
Allez écrivains en puissance ou en devenir, au lieu de vous offusquer de l’indignité décomplexée de Sansal, faites comme lui, gagner la reconnaissance et l’argent que la Civilisation distribue sans compter à ses laudateurs. Voici les ingrédients du produit qui marche. Bien sur, vous pouvez creusez le filon de l’Algérie nazie, mais Sansal l’occupe déjà. Faites plutôt une petite étude du marché et tentez de satisfaire la demande. Les market makers sont là pour vous préparer sans cesse le terrain. Allez y ! Vous pourriez raconter l’histoire d’un couple mixte (homosexuel de préférence) débarquant discrètement en Algérie, bravant Al-Qaïda et le DRS pour venir sauver des femmes voilées du harem d’un épouvantable barbu en rut. Surtout ne reculez devant rien. N’hésitez pas à raconter le calvaire d’une blanche captive, une poétesse (ça paye) de mère française et d’un père arabe converti au salafisme qui l’a kidnappée depuis longtemps. Et pour faire actu, faites aider les héros qui viennent la libérer par de braves évangélistes locaux…
« Profond », « courageux » et « indépendant »
Vous pouvez même réécrire l’histoire en inventant les forfaits des arabes vichystes d’Alger sous Pétain qui seraient combattus par des colons philosémites. C’est le César indiscutable de la mise en scène, le Goncourt assuré du nouveau réalisme décomplexé! Vous prouverez combien la colonisation était bienfait, joie de vivre et tendresse ! Et pourquoi pas, imaginez des Katibas de l’ALN montant à l’assaut en chantant le « Horst Wessel Lied » tandis que les braves légionnaires de la 10eme division parachutiste (dont beaucoup étaient d’authentiques SS, eux) résisteraient vaillamment en entonnant « Hava Naguila ».
Ce n’est en rien conforme à la réalité ? Ne vous en faites pas : dites que c’est conforme à l’esprit. Comme ça, vous passerez pour « profond », « courageux », « indépendant », pour quelqu’un qui ose s’attaquer aux tabous de ce peuple maléfique, libidineux et secrètement taraudé par le désir de violer toutes les blanches. N’hésitez pas à parler de « Kamikaze du sexe », de déviances particulièrement sadiques, c’est l’ingrédient nécessaire, l’idéal littéraire revisité par le commerce. Vous gagnerez des sous, on vous garantira la célébrité, les prix, la reconnaissance. On ne vous donnera pas de burnous rouge, ça ne se fait plus mais on louera, la larme à l’oeil et un trémolo dans la voix, vos talents de contempteurs de l’obscurantisme et de héraut de la modernité…
Camarades écrivains, à vos plumes supplétives, à vos claviers mercenaires, ne laissez pas passer les opportunités du marché !
A. S.