Je suis jaloux de mes amis tunisiens !
Kamel DAOUD, membre du Conseil National de la LADDH
Je viens de passer une semaine en Tunisie en pleine campagne électorale. A mon grand étonnement à aucun moment je n’ai rencontré de signes d’inquiétude ni de pessimisme. J’ai rencontré avant tout des militants des droits de l’homme et j’ai beaucoup parlé dans la rue, à Bizerte sur la mythique avenue Habib Bourguiba comme dans les quartiers populaires, à Hammamet comme à Nefza ou à Tabarka. Une euphorie ambiante, le sourire sur le visage des jeunes et des moins jeunes, des femmes (avec ou sans foulards) comme des hommes, beaucoup d’espoir. A aucun moment je n’ai ressenti violence ou agressivité envers ma condition d’Algérien tout à fait apparente. Et puis en me renseignant j’ai pu constater le prodigieux travail de préparation des élections en moins d’un an il fallait reconstituer les listes électorales former des scrutateurs, établir la loi électorale (avec une parité hommes femmes exigée et obtenue par les militants des droits de l’homme et acceptée par la mouvance islamiste, rien que ça !). Sans la pression d’un Ministère de l’Intérieur qui a joué le jeu, sans la moindre « odeur » de police politique
Moi je parie sur le succès de la transition démocratique et l’élection de l’Assemblée constituante.
Et puis je n’ai pas pu m’empêcher de penser à l’aventure démocratique que nous Algériens avons vécue de juin 1991 à janvier 1992. On n’y avait vraiment cru à la démocratie dans notre pays mais ils nous ont dit que le FIS qui venait de triompher aux élections législatives avait « un couteau7 entre les dents ». Beaucoup de laïco-démocrates l’ont cru et ont applaudi à la suspension brutale des élections par des Généraux qui ont cru qu’ils ont sauvé le pays de la « barbarie intégriste » Quelle tristesse !
J’ai entendu les discours d’En Nahdha et de son dirigeant historique Ghannouchi. Et, tout démocrate soucieux de la liberté d’opinion que je suis, je vous avoue que si j’étais Tunisien je voterai pour En Nahdha car je ne peux imaginer un Maghreb sans Islam et une Constitution qui l’ignore. Les islamistes tunisiens n’ont rien à voir avec le salafisme que l’on tente de monter en épingle. Là est la sagesse des démocrates et des militants des droits de l’homme tunisiens.
Je viens d’apprendre que les Libyens vont partir pour une élection d’une assemblée Constituante dans les 8 mois.
Mais qui a déjà dit que l’élection d’une assemblée constituante était la voie royale de la démocratie ? Peut-être le FFS en Algérie?
Photo: El Mouhtarem
Qu’allah protege le peuple tunisien , qu’il vive en paix
La Tunisie et l’Egypte ont réussi là ou l’Algérie a échoué lamentablement en 1980, 1988 1992, 2001 et 2009.
Peuple et Armée tunisiens et égyptiens ont pris le destin de leur pays en mains lorsque Benali et Moubarak le conduisait vers l’abime.
Ils disposaient pourtant encore d’une grande marge de manoeuvre.
Chez nous, malgré les échecs dramatiques répétés, le même cheptel politique est indéfiniment reconduit dans ses fonctions ou dans d’autres.
On ne provoque pas le diable impunément et la descente aux enfers ne fait que commencer, croyez moi.
La malédiction dont parlait le défunt Rachid Mimouni n’est pas une simple vue de l’esprit.
On l’aura meritée.
La démocratie dans les pays arabes, c’est nécessaire mais c’est aussi un piège!
Tout le monde crie à la démocratie pour le développement d’une nation, comme si c’était une baguette magique. Il suffit d’aller voter, de choisir son candidat et d’avoir un vote honnête, transparent. Et le tour est joué : On aura une assemblée et un Président. Et tout va aller à merveille. C’est croire à l’histoire de Don Quichotte. La démocratie est une culture et un long parcours. Même le modèle Occidental de démocratie est vieillot et dépassé. Ces pays n’arrivent pas à faire face à tous les défis, et leur modèle de gouvernance est dépassé. Dans les pays arabes, la démocratie n’est qu’un début mais elle est fondamentale, car l’Homme n’a pas d’autres modèles pour bâtir des nations de paix, de travail , de liberté, et de prospérité, sans distinction de race, ni de sexe, ni de religions. Le seul frein à la démocratie dans ces pays arabes est l’ingérence du religieux dans le politique. L’histoire l’a prouvé de part le monde, cela aboutit au fanatisme et aux absurdités humaines. Même s’il y a des démocraties, modernes, laïques, ou mixtes, les défis restes immenses. Beaucoup de questions épineuses et une plate-forme de réflexion sont indispensables. Certains pensent qu’un pays est producteur de pétrole, le pétrole jaillit du sol comme une bénédiction du Bon Dieu, c’est fini, la nation sera riche et prospère. C’est faux. Cette cagnotte est une chance et un piège politique en soi pour le pays, car le pétrole n’emploie au maximum que 2 % de la population locale. Vue la démographie galopante, et les jeunes qui arrivent sur le marché de Travail, aucun régime, même ces puissances Occidentales prétentieuses peuvent résorber ce problème. Tout politicien avisé, économiste compétent, et leader devraient se poser les questions suivantes :
- Avoir une démocratie moderne basée sur le pétrole, et avoir une économie d’assistanat et d’assistés. A court terme, c’est une solution, mais à long terme, c’est une catastrophe. Tous ces pays du Golfe, toute leur économie est basée sur le pétrole, mais toute la productivité est faite par des étrangers (de l’ouvrier jusqu’au manager, stewardess, etc…inclus). Ce qu’ils savent faire, c’est faire de grands projets dans le Génie Civil, et acheter de l’armement.Et les arabes ne travaillent pas, n’apprennent pas à travailler. Quand le pétrole est fini, ces pays tomberont en ruine l’un après l’autre, car ce sont des pays en carton.
- Se poser la vraie question : Quel modèle de société va-t-on adopter ? où chaque citoyen (ne), Homme et Femme sans distinction, peuvent avoir accès au marché du Travail, avoir leur place dans la machine économique,
- Comment le gouvernement doit-il alléger les choses pour faciliter le secteur privé, car ce secteur est une source de création de richesses et d’emplois ?
- Quel type de démocratie à a à adopter pour avoir une économie productive, compétitive, créatrice d’emplois et de richesses. Si j’étais un industriel de textile, et j’ai envie d’investir. Evidemment, je vais investir en Chine, pas dans un pays arabe. Pour faire un pantalon Jean, un chinois le fait en 4 heures, et un arabe va le faire en 8 heures. Ce n’est une insulte. C’est une réalité de la productivité.
L’Etat à pétrole est une maladie pour le développement d’un pays. Evidemment, il y aura une caste bourgeoise comme dans tous ces pays, et la sous-caste qui doit faire la manche pour faire sa famille. Dans ce grand panorama de ce printemps arabe de la ruée vers la démocratie, les seuls pays qui ont les atouts d’y arriver : la Tunisie a toutes les chances , car elle est pauvre, et c’est une bonne chose. Donc, elle va miser sur la richesse des Hommes et des Femmes. Et peut-être, le Maroc qui va suivre. Quant aux autres pays arabes, c’est une chimère, car cela sera encore un terrain propice pour la création d’Etat islamistes à la Mollah iranienne, sauf s’il y a des Leaders d’une autre trempe.
Zimzem
La crainte, dans un régime qui applique la charia, est que celle-ce prenne une autre tournure!On commence cahin caha et puis on devient de plus en plus exigeant en matiere de droits , comme par exemple décreter une loi pour un port du Hidjab obligatoire pour aboutir sur le niqab …. affaire à suivre en tout cas avec beaucoup d’appréhension!