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Archive pour le 18 novembre, 2011

A propos de la déclaration de Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN : Bernard-Henry Lévy était l’initiateur du «Qui tue qui ?»

belkhadem.jpgPar Boussaad BOUAICH

Invité à un débat sur «l’islam politique et les transformations politiques arabes», organisé par le Centre de Recherches Stratégiques et Sécuritaires à Alger le 15 novembre, le SG du FLN, Abdelaziz Belkhadem n’a pas manqué l’occasion de sortir certaines aberrations et contrevérités historiques. Après avoir disserté sur un hypothétique «plan» préparé par les Occidentaux depuis plus de «15 ans» et qui a donné naissance aux «Printemps Arabe», il met en garde les Algériens et les prévient que notre pays est tout aussi visé tout comme la Tunisie, l’Egypte, et la Libye.

Ce qui a attiré le plus mon attention, c’est quand il est revenu sur la situation algérienne des années 90 et qu’il a attribué à Bernard-Henry Lévy la paternité du «Qui tu qui ?». Il dit en substance ceci:

«En 1995, la période où le terrorisme barbare en Algérie a planifié des massacres, des attentats terroristes quotidiens, des assassinats, une période où également un certain Bernard henry Levy se trouvait en Algérie. Il est le commanditaire de «Qui tue qui ?» à l’époque. C’est ce sioniste qui est derrière cette grande propagande qui avait tenté de pousser l’Algérie vers une impasse avec le reste du monde». (Source : Le Jour d’Algérie du 16.11.2011)

On peut se demander si Belkhadem est amnésique ou bien est-il un fin stratège ? Pour ma part, je dirai plutôt les deux. Amnésique, parce que, question de détail, BHL s’est rendu en Algérie en 1997 après les massacres de Raïs, Bentelha et Beni Messous et non pas en 1995. Mais stratège, car Belkhadem ne doit pas ignorer que BHL est tout le contraire de ce qu’il décrit et que, au contraire, ce personnage a tout fait pour contrecarrer les tenants de la thèse «qui-tu-quiste». Belkhadem sait parfaitement que BHL a porté secours aux militaires algériens au moment où la communauté internationale avait émis de sérieux doutes sur l’identité réelle des égorgeurs de Bentelha et de Raïs, et que l’ONU était presque sur le point d’envoyer une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur ces massacres. Mais en fin stratège, encore une fois, Belkhadem veut surfer sur la vague d’indignation et même de haine que suscite chez les Algériens l’évocation même du nom de BHL, à cause du «rôle» que ce dernier a joué dans le conflit libyen.

Un petit rappel pour rafraîchir la mémoire de Belkhadem

En 1997 ont eu lieu les massacres les plus abjectes de populations civiles en Algérie. Les massacres de Raïs le 29 août 1997 (200 à 300 morts), Beni Messous le 6 septembre (200 morts) et Bentalha le 22 septembre (417 morts). Ces massacres qui ont ciblé pour la première fois et à une grande échelle des populations civiles n’épargnant ni femmes, ni vieux ni enfants et nourrissons, ont suscité une vague d’indignation à travers le monde, et ont fait réagir la communauté internationale qui semblait oublier que le conflit durait déjà depuis 1991.

En effet, plusieurs témoignages des survivants de ses massacres avaient mis en cause l’armée algérienne, du moins pointé du doigt sa non intervention alors que des familles sont allées taper aux portes de ses casernes qui se trouvaient à quelques kilomètres des lieux du drame, notamment à Bentalha, laissant ainsi agir toute la nuit les groupes armés. Mais aussi des témoignages, faits à la presse par d’anciens militaires, révèle l’existence de “300 escadrons de la mort” agissant sous la responsabilité des services de sécurité et qui étaient responsables d’un certain nombre de massacres de civils. Le «Qui tu qui ?» n’était donc qu’une brève formule qui résumait à elle seule l’état d’esprit du petit peuple algérien, lui qui vivait l’horreur au quotidien et n’avait pas besoin d’illuminés pour lui dire qui venait lui rendre visite la nuit tombée, l’arme blanche à la main.

En France, des articles ont paru, notamment dans le Monde Diplomatique, et avaient clairement posé la question de la responsabilité des militaires dans les massacres de cette année-là. Et c’est donc à ce moment précis que les généraux algériens et leurs soutiens vont faire appel aux services de leur ami BHL. Ce dernier vient séjourner pendant quelques jours en Algérie, se rend dans les lieux des massacres, escorté par les forces du régime, et rentre en France avec un carnet de voyage qu’il publiera dans le journal Le Monde. Il faut dire que BHL n’en était pas à son premier coup. Il en a déjà fait des voyages dans beaucoup d’autres pays en crise, par le passé, et publié ses «comptes rendus» souvent critiqués.

C’est ainsi que, une fois rentré d’Algérie, il publie dans Le Monde un pseudo reportage paru en 2 parties les 8 et 9 janvier 1998 sous les titres «Le jasmin et le sang» et «La loi des massacres». BHL tente alors de remettre en cause la thèse très répondue selon laquelle les derniers massacres commis en Algérie étaient commis par des groupes armés appartenant aux services de sécurité. Donc contrairement à ce qu’affirme aujourd’hui Belkhadem, BHL avait combattu jusqu’au bout la thèse des « qui tu quistes » et a tout fait pour dédouaner les généraux algériens.

Il résume son reportage en ces mots :

« Et si je devais, au bout du compte, résumer mon propre sentiment, je dirais comme, d’ailleurs, la plupart des intellectuels ou des démocrates algériens que j’ai pu rencontrer, comme Saïd Sadi, le patron du RCD, comme Fatimah Karaja, la directrice du Centre de réparation psychologique des enfants handicapés, comme Abla Cherif, Khalida Messaoudi, Yasmine et Myriam Benhamza, ces héroïnes de la cause des femmes en Algérie : incompétence des militaires, sûrement ; indifférence, peut-être ; l’arrière-pensée, dans la tête de certains, que la vie d’un bon soldat ne vaut pas celle d’un paysan qui, hier encore, jouait le FIS, pourquoi pas ; mais un « état-major », ou un « clan », ou même un « service spécial », fomentant les massacres, ou armant les massacreurs, ou déguisant cela s’est dit ! leurs hommes en islamistes, voilà une hypothèse à laquelle je ne parviens pas à croire ». (Lire l’intégralité ici : http://2doc.net/1hsxb)

Et quelques jours plus tard, lors du meeting sur l’Algérie, qui a eu lieu à la salle de la Mutualité, à Paris, le mercredi 21 janvier de la même année, il déclare même qu’il trouvait la question « Qui tu qui ? » obscène !

Ce « reportage » et toute cette agitation avaient d’ailleurs fait réagir le sociologue Pierre Bourdieu d’une manière très violente. Dans un article intitulé « L’intellectuel négatif », il descend en flammes, sans les nommer, BHL et son ami André Glucksmann. Il écrit :

« Deux articles écrits au terme d’un voyage sous escorte, programmé, balisé, surveillé par les autorités ou l’armée algériennes, qui seront publiés dans le plus grand quotidien français, quoique bourrés de platitudes et d’erreurs et tout entiers orientés vers une conclusion simpliste, bien faite pour donner satisfaction à l’apitoiement superficiel et à la haine raciste, maquillée en indignation humaniste. Un meeting unanimiste regroupant tout le gratin de l’intelligentsia médiatique et des hommes politiques allant du libéral intégriste à l’écologiste opportuniste en passant par la passionaria des « éradicateurs ». Une émission de télévision parfaitement unilatérale sous des apparences de neutralité. Et le tour est joué. Le compteur est remis à zéro. L’intellectuel négatif a rempli sa mission : qui voudra se dire solidaire des égorgeurs, des violeurs et des assassins, — surtout quand il s’agit de gens que l’on désigne, sans autre attendu historique, comme des « fous de l’islam », enveloppés sous le nom honni d’islamisme, condensé de tous les fanatismes orientaux, bien fait pour donner au mépris raciste l’alibi indiscutable de la légitimité éthique et laïque ? ».  (Lire l’intégralité ici : http://2doc.net/pp5lj) 

Pourquoi donc Belkhadem essaye aujourd’hui de pervertir la vérité et faire passer BHL pour le chantre du « Qui tu qui ? » si ce n’est, au risque de me répéter, pour surfer sur la vague de haine que suscite ce personnage ? Mais les Algériens ne sont pas dupes. Ils savent que l’heure est venue pour que le système qui est au pouvoir depuis l’indépendance du pays, ce système qui les humilie chaque jour un peu plus, en les réduisant à la mendicité, et en faisant d’eux la risée du monde entier, tombe enfin pour laisser place à la volonté du peuple. 

Ali Laskri nouveau premier secrétaire du FFS

laskri.jpgLe président du Front des Forces Socialistes, Hocine Aït-Ahmed a procédé aujourd’hui, à l’occasion de la réunion du conseil national du parti, à la nomination de M.Ali Laskri au poste de Premier secrétaire en remplacement de Karim Tabbou. 

« Je nomme le camarade Ali Laskri comme Premier secrétaire avec pour mission de rassembler les énergies du parti. J’ai pleinement confiance dans son aptitude à mener à bien cette mission », a déclaré Hocine Aït-Ahmed dans un message-vidéo.

Qui est Ali Laskri ?

Ali Laskri est né en 1955 à Chabet Lameur dans la wilaya de Boumerdes. Titulaire d’un diplôme de post-graduation spécialisée en sciences de gestion et administration, Ali Laskri est administrateur conseil à l’université de Boumerdes. Il a adhéré au FFS en janvier 1990. Durant son parcours militant, « Aami Ali », comme aiment l’appeler ses camarades, a été élu président du conseil communal de Boumerdes en 1990 puis membre du conseil national lors du premier congrès du parti en 1991.

Deux ans plus tard, en 1993, M. Laskri a été élu coordinateur de wilaya du parti, alors qu’il occupait déjà le poste de chargé de l’organique au niveau de cette instance. En 1997, il a été nommé secrétaire national chargé du monde du travail, un poste qu’il a quitté fin 1998. A l’occasion de l’élection présidentielle d’avril 1999, Ali Laskri a occupé le poste de directeur de campagne de Hocine Aït-Ahmed dans la wilaya de Boumerdes.

Lors du troisième congrès en 2000, il a été élu président de la commission organisation. Il était également premier secrétaire fédéral de Boumerdes. En 2002, il a conduit la liste APW du FFS à Boumerdes lors des élections locales. En 2003, il a été désigné secrétaire national chargé de la Solidarité avant d’être nommé premier secrétaire en 2004, un poste qu’il a occupé jusqu’en avril 2007. Il est président de la commission stratégie politique du conseil national et membre du comité éthique. El Mouhtarem

Hocine Aït-Ahmed: «Notre peuple ne doit pas oublier qu’il a déjà su être un exemple de libération et d’indépendance »

haa.jpgMessage de Hocine Aït-Ahmed au Conseil national du FFS, réuni le 18 novembre 2011

Ikhwani, akhawati salami alaykoum

Cher (e)s camarades, cher (e) s ami (e)s, cher (e)s compatriotes,

Il  y a un temps pour toute chose en politique.

La crise nationale arrive à un point de non retour. A la veille du 50ème anniversaire de l’Indépendance nationale, les potentialités et les rêves qui ont porté la révolution algérienne ont été détruits par les dérives accumulées par le pouvoir.

Aujourd’hui, nous arrivons avec plus de blessures que de promesses réalisées. C’est le résultat d’une politique de mépris. De tous les mépris: mépris de la liberté, mépris de la concertation, mépris du travail en commun, mépris des règles et des lois qui ordonnent et organisent l’action collective.

Chacun de nous sent intimement, instinctivement que nous sommes, en tant que société, largement atteints par l’action et les dérives du pouvoir. Nous avons le devoir de dénoncer chacune d’entre elles.

Une violence extrême a été infligée au peuple algérien pour imposer des choix et des options politiques et économiques désastreux. Des choix qui hypothèquent et compromettent notre avenir mais aussi celui des générations futures.

Les actes d’aujourd’hui ont leur prolongement dans la société de demain. C’est pour cela que nous devons appréhender l’étape actuelle pour ce qu’elle représente. Un défi majeur, un enjeu vital.

Nous avons l’obligation de nous organiser en conséquence pour faire face, en conscience de l’extrême modestie de nos moyens mais avec l’ambition de porter notre part de la lutte démocratique et pacifique des Algériens pour un Etat de droit, pour le respect des libertés publiques, pour la solidarité, pour la justice sociale.

Cher (e) s amis,  cher (e ) s  camarades,

Les forces compradores qui ont confisqué l’indépendance algérienne veulent réaménager la façade d’un pouvoir de violence et de prédation et ainsi lui donner un vernis démocratique.

Nous avons le devoir de nous y opposer démocratiquement et pacifiquement en mobilisant les énergies capables de nouer entre les militants du parti un contrat éthique et politique, qui les mette en mesure de le proposer aux Algériens et aux Algériennes demain.

Cette lutte marathonienne nécessite courage et constance dans l’action. C’est pourquoi je rends hommage à l’ensemble des militants, aux responsables et aux élus qui continuent de s’investir au quotidien.

C’est pourquoi j’exprime également mon estime et ma considération à Karim Tabbou. Sa «grinta spanioulia» bien de chez nous mais aussi la force de conviction et le sens politique qu’il a démontré dans l’exercice de ses fonctions de Premier secrétaire le promettent à un bel avenir dans le parti.

Chers camarades,

Aujourd’hui, vous et moi mesurons pleinement les exigences du temps politique. Les chantiers sont nombreux, parfois immenses; les obstacles considérables, les échéances sont là.

Voici venue l’heure des plus durs efforts. Nous devons rester fidèles à nos engagements primordiaux et assumer nos principes. Renouveler nos méthodes avec intelligence et imagination politique.

Nous devons, plus que jamais, faire preuve de lucidité, de maitrise individuelle et collective. Agir dans la liberté mais aussi dans la discipline et la responsabilité.

Pour ma part, la feuille de route du parti m’apparait clairement: des mesures immédiates doivent être prises pour permettre de développer notre action politique et aborder les échéances à venir  dans de bonnes conditions.

C’est pour quoi, en vertu des pouvoirs que me confèrent les statuts du parti, je décide le report du 5ème Congrès et la tenue d’une Convention nationale. Celle-ci permettra le débat le plus large et le plus libre autour des échéances électorales à venir. Et le consensus le plus fort pour la prise de décision.

Je nomme également le camarade Ali Laskri comme Premier secrétaire avec pour mission de rassembler les énergies du parti. J’ai pleinement confiance dans son aptitude à mener à bien cette mission.

Le prochain congrès du FFS sera un moment décisif pour le parti et un événement national dans le pays. Nous nous donnerons le temps et les moyens de le réussir en le plaçant sous le signe du «Changement patriotique, démocratique, pacifique et respectueux de la souveraineté populaire et nationale». J’ai la certitude morale et la conviction que ce changement est inéluctable pour notre pays.

Cher (e) s ami (e ) s

Notre peuple ne doit pas oublier qu’il a déjà su être un exemple de libération et d’indépendance.

Merci.

Je vous embrasse.           

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