Chers amis, chers camarades,
J’ai le sentiment que ma nomination au poste de premier secrétaire par le président du parti, Monsieur Hocine Aït-Ahmed, intervient à un moment où le FFS aborde une étape décisive tant sur le plan interne que sur le plan de la vie politique nationale.
Comme de tradition, à l’occasion de cette session du Conseil national, j’aurais l’honneur de vous présenter mon programme de même que la nouvelle composante du Secrétariat national. Je vous présenterai également le cabinet conseil que j’ai choisi.
Chers amis, chers camarades,
Permettez-moi de vous rappeler que la démarche du président, Hocine Aït-Ahmed en ce qui concerne la redynamisation du parti s’inscrit dans l’esprit des bouleversements intervenus sur la scène régionale et internationale depuis presque une année maintenant.
A travers son message, il nous invite à investir de manière sereine un certain nombre de questions.
Permettez-moi aussi de rappeler que notre ligne politique a été tracée et menée selon un parcours jalonné par des prises de position très claires concernant les 50 dernières années de la vie du pays, et même davantage, si on fait remonter l’esprit qui anime le FFS à ces deux moments-phare que sont l’Appel du 1er Novembre et la plate-forme de la Soummam.
Le caractère national, démocratique et pacifique de notre action; son inscription dans une perspective maghrébine tournée vers l’intégration de cette région d’Afrique du Nord dans un partenariat privilégié avec le bassin méditerranéen, nous font obligation de poser les problèmes politiques et organisationnels dans un cadre stratégique qui ne souffre aucune étroitesse de vue, aucun chauvinisme, aucun tribalisme.
C’est en tous cas cet esprit qui m’a inspiré dans mes premières décisions. C’est en raison de cet esprit que je vous demande de me permettre un détour pour tenter une esquisse de la situation politique du pays.
Huit mois après l’annonce des «réformes» par le chef de l’Etat, on chercherait vainement une quelconque adhésion ou un quelconque intérêt des Algériens à ce processus. Plus surprenant, apparait le satisfecit décerné par les puissances étrangères notamment la France et les Etats-Unis d’Amérique aux autorités algériennes.
La qualité, la tonalité et le rythme des débats qui continuent encore au sein des deux chambres du Parlement sont affligeants. On néglige l’essentiel pour ne s’occuper que de l’accessoire. Le parlement a opté pour la stratégie du stop and go échevelé. Les méandres interminables de certains débats n’ont d’égal que la précipitation et l’unanimisme des votes d’adoption des lois le plus souvent sur injonction.
L’opposition médiatique et politique n’a pour le moment pas réussi à infléchir significativement les options du pouvoir.
Il est vrai que ce même pouvoir à travers l’action de son gouvernement et de toutes les institutions qui lui sont attachées, s’est donné les moyens d’acheter provisoirement la paix sociale et de réactiver ses séides et soutiens politiques. De même que la bienveillance des milieux financiers et économiques internationaux.
En conclusion, tout indique que pour le moment l’ère du temps est au statu quo, que la crise dans le pays gagne en complexité et en acuité. Je ne peux qu’exprimer l’espoir que des décisions seront prises dans le très court terme pour redonner ses chances à un processus de transition politique et pacifique vers la démocratie.
Chers amis, chers camarades,
Nous sommes conscients que les échéances électorales à venir, législatives et locales, surviennent dans un contexte international, régional et national particulier. Les interactions entre ces différents contextes auront un impact certain sur notre pays et que nous ne mesurons pas encore son ampleur et dans toutes ses dimensions. Mais il est certain que ces échéances seront décisives pour les années à venir. C’est pourquoi nous avons le devoir d’initier un débat libre, franc, serein et responsable pour déterminer nos choix politiques et notre stratégie.
C’est pourquoi dans son message au conseil national réuni le 18 novembre dans cette salle, le président, Hocine Aït-Ahmed, a décidé, conformément aux Statuts du parti, de la convocation d’une convention nationale sur les échéances électorales, et a exhorté au «rassemblement des énergies». Je voudrais vous faire part de la manière dont nous comprenons, en tant que responsables du parti, la notion de «rassemblement des énergies». La notion est assez vaste pour permettre à tous ceux qui ont participé à la vie du parti à venir en toute légitimité apporter leur talent et leur expérience à la réalisation des objectifs communs.
Le «rassemblement des énergies» ne doit par contre pas ressembler au stéréotype de «l’auberge espagnole» où chacun ne trouve que ce qu’il a ramené avec lui ou les limites de sa perception des choses.
Ce n’est pas non plus un rassemblement hétéroclite de personnes que rien ne lie entre elles, hormis un vague label partisan qui ne correspondrait à aucune ligne politique.
La notion de «rassemblement» ne peut donc signifier le défilé banal des notabilités et des apparatchiks à la manière folklorique avec lequel le pouvoir a géré et gâché les potentialités humaines du pays. Le sport qui a consisté à jouer les compétences humaines en les mettant en position de bandes rivales s’affrontant et aggravant le déficit du pays ne doit en aucune manière trouver le moindre reflet dans nos pratiques militantes.
Au FFS, on peut diverger, on peut se tromper, on peut faire des erreurs et trouver toujours ouvertes les portes du parti, mais si on se met à régler des comptes alors c’est que l’on a rien compris.
La meilleure manière d’incarner cet esprit est dans la qualité et la tonalité qui vont être données aux débats que nous allons devoir mener dans les semaines et les mois qui viennent.
Qu’il s’agisse de questions de procédures ou de questions politiques, le respect de la méthode collégiale et le respect des principes qui ont guidé la démarche du parti, doivent prévaloir dans un esprit de dépassement des inimitiés personnelles.
Nous aurons ensemble à préparer la convention nationale dans toutes ses dimensions.
Avant de vous présenter le nouveau secrétariat national et le programme, je voudrais revenir un instant aux évolutions politiques dans le monde arabe pour insister sur l’originalité et les chances de notre pays pour peu qu’il y ait une volonté d’ouverture politique réelle. Les chemins de la liberté, de la dignité et de la démocratie ne sont jamais des chemins tout tracés. Ils empruntent rarement la ligne droite; les issues politiques qui se font jour dans la région, ne sont que des formes d’organisation possibles des communautés politiques nationales. La seule fatalité c’est de pérenniser la dictature.