- Le FFS revient à l’APN après deux législatures boudées. Qu’est-ce que cela représente pour votre parti ?
Tout d’abord, appelons les choses par leur nom. Nous n’avons pas «boudé» mais boycotté les deux législatures précédentes. Aujourd’hui, nous entamons une nouvelle étape avec les défis qu’elle pose. Sans vouloir refaire tout le débat, je rappelle que nous avons expliqué que nous participions parce que tout allait mal et non parce que tout allait bien. Je rappelle aussi que la participation «tactique» du FFS est liée au «contexte» national et international et qu’elle a toujours comme but fondamental la remobilisation politique du parti et de la société.
En ce qui nous concerne, la problématique politique dépasse la problématique électorale. Il s’agit de construire un consensus politique le plus large possible pour préserver la souveraineté du pays, restaurer son autonomie de décision et aussi promouvoir la citoyenneté et la démocratie. Ce consensus politique devra être assez fort pour permettre la refondation démocratique et la stabilisation des institutions nationales. En fait, il s’agit de redonner un sens à la parole et à l’action politiques et de faire reculer toutes les violences, quelles qu’en soient les formes et de chercher ensemble une vraie issue à la crise. Nous pouvons nous en sortir, si nous nous en donnons les moyens. Notre retour à l’Assemblée est avant tout un moyen de rendre plus visible et, pourquoi pas, plus efficace le travail que nous menons inlassablement dans la société.
- Pourquoi le choix «tactique» de la participation du FFS aux législatives suscite-t-il autant de débats ?
Permettez-moi un mot sur l’importance que nous accordons au débat dans le parti.
Nous avons toujours pris nos décisions après en avoir débattu avec nos militants, qui sont d’une extrême exigence si ce n’est d’une extrême vigilance. Nous l’acceptons parce que c’est la preuve de la vitalité de notre appareil et de nos instances. Nous estimons que c’est ce qui fait la force du FFS. Cette fois-ci, nous avons tenu à faire un saut qualitatif en associant nos partenaires dans la société lors d’un processus préparatoire qui a duré plus d’un mois avant la tenue de notre convention. Ce processus a permis au conseil national du parti de trancher.
Effectivement, la difficulté de l’exercice réside dans le fait qu’il n’est pas évident de faire admettre un choix «tactique» qui ne modifierait pas, à lui seul, de façon significative les donnes politiques dans le pays, d’autant qu’il était illusoire de penser que l’élection allait être ouverte.
- Le FFS peut-il intégrer le gouvernement ?
La formation, voire la participation à un gouvernement est à mettre en corrélation avec une volonté et des mesures politiques. Pour le moment, et je vais encore insister, notre priorité est la remobilisation politique du parti et de la société.
La réhabilitation du politique ne rime pas forcément avec radicalité politique, semble dire aujourd’hui le FFS à l’opinion…
Je crois qu’il faut voir les choses autrement. La vraie radicalité politique, la réhabilitation du politique, c’est répondre à la nécessité de construire un vrai rapport de forces en faveur de l’ouverture et de la démocratisation. L’attitude déclamatoire a fait son temps, les Algériennes et les Algériens n’y sont plus sensibles.
- On parle de crise au sein du FFS. Qu’en est-il ?
Essayons de voir clair. Est-ce notre participation aux élections législatives qui pose problème ? A l’évidence non, le conseil national du parti a voté la participation à une écrasante majorité. Est-ce la constitution de la commission nationale de choix des candidatures et de la commission de recours qui a été décriée ? Non, cela s’est fait dans le strict respect des statuts du parti et elles ont été avalisées par le Conseil national. Est-ce le choix des listes électorales et surtout les classements des candidates et des candidats qui ont été contestés ? Certainement, et c’est parfaitement compréhensible.
Ce qui l’est moins et qui est parfaitement condamnable, c’est de s’autoriser de mener un travail fractionnel et une campagne contre le parti et sa direction politique. Pour tout dire, la campagne électorale a permis aux militants de s’investir totalement dans ce qu’ils veulent faire, à savoir le combat politique.
Elle leur a permis de reprendre confiance en eux-mêmes, en leur parti et en leurs capacités d’intervention sur le terrain. Ils ont su renouer des liens politiques solides avec la population. Ils ont pu mesurer combien l’audience et la crédibilité du FFS dans la société étaient fortes. Pour beaucoup d’adversaires du parti, c’est cela qu’il faut détruire, c’est cet élan qu’il faut briser. Et ils s’y sont employés par tous les moyens. Sans succès. Aujourd’hui, dans le parti, certains mécontents se transforment de manière irresponsable en alliés objectifs de ces adversaires. On ne peut pas l’accepter, même pas le tolérer.
Le FFS a déjà fait face à des crises de la même nature ; il a toujours fait face à l’adversité, il continuera la route qu’il s’est tracée depuis sa fondation.
- Le président du FFS a demandé des sanctions fermes contre des responsables du parti. De qui s’agit-il ? Que leur reproche-t-on et quelles sanctions seront appliquées à leur encontre ?
Vous comprendrez que je ne peux pas répondre à vos questions de manière précise pour le moment. Les différentes instances du parti font leur travail dans la sérénité, selon leurs champs de compétences. La base militante est impatiente de voir les responsables qui ont failli et qui ont fait campagne contre le parti sanctionnés de manière exemplaire, mais nous sommes confiants qu’elle comprendra que le temps politique a ses exigences. Les décisions seront annoncées au moment voulu.
En ce qui concerne le secrétariat national, il ne se laissera pas détourner de l’essentiel, à savoir la mise en place du dispositif du parti pour la prochaine étape politique à travers tout le territoire national. Nous en avons la volonté et les moyens, nous devons maintenant apprendre à maîtriser notre temps et à rationaliser notre travail et nos efforts.
- Ces nouveaux contestataires accusent, pour certains, la direction du parti de compromission avec le pouvoir. On parle de «tentative de normalisation» du parti. Quel est votre commentaire ?
Personne dans le parti n’assume publiquement une telle accusation. Pour ce qui est des tentatives de normalisation, toutes les directions du parti ont eu à subir ces accusations, qu’en reste-t-il ? Au final, seuls les actes et les positions politiques permettent les décantations et les évaluations.
- Pensez-vous que le malaise qui traverse actuellement le parti aura des incidences sur sa vie et sur sa participation aux prochaines élections locales ?
Ce malaise est passager. Les polémiques s’apparentent à des combats d’arrière-garde. Je pense au contraire que les élections locales seront l’occasion de capitaliser et de démultiplier les avancées réalisées lors des élections législatives.
C’est la mission à laquelle mon secrétariat ainsi que toutes les structures du parti vont s’atteler. Notre espoir est de voir que le FFS exploitera les élections locales pour renforcer son audience et son implantation à travers le pays.