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Le mystère subsiste sur le rapt des Suisses au Sahara

otages.jpgInfo Suisse du 11 février 2008

Liés par un accord d’entraide judiciaire, la Suisse et l’Algérie peinent à le concrétiser dans les faits, comme en témoigne l’enquête suisse lancée après l’enlèvement en 2003 dans le Sahara algérien de 32 touristes, dont 4 Suisses.

Confronté au refus de coopérer de l’Algérie, Ernst Roduner, juge suisse chargé de l’enquête préliminaire, demande son classement. Décryptage.

Ernst Roduner a du mal à encaisser le coup. «Nous avons tout essayé, dit-il. Mais l’Algérie refuse l’entraide judiciaire à la Suisse comme du reste aux autres pays concernés par ces enlèvements. C’est pitoyable».

L’enquête suisse sur l’enlèvement dans le sud de l’Algérie de 32 touristes européens au printemps 2003 (4 Suisses, 10 Autrichiens, 1 Suédois, 1 Néerlandais et 16 Allemands) est donc en passe d’être close.

Comme l’a récemment révélé l’agence Associated Press, le juge fédéral en charge de l’instruction a en effet demandé au Ministère public de la confédération de classer la procédure. Une décision qui doit tomber prochainement.

Cette impasse surprend. La Suisse et l’Algérie entretiennent en effet d’excellentes relations politiques et économiques depuis la fin des années 90 à l’issue d’une guerre civile sanglante. Un accord de coopération judiciaire, entré en vigueur le 16 décembre 2007, a même été signé. «L’Algérie coopère»!

«Dès son entrée en vigueur, les Etats sont obligés de coopérer, si les conditions de l’entraide sont réunies», souligne Folco Galli, porte-parole de l’Office fédéral de la justice.

Kamel Houhou, ambassadeur d’Algérie en Suisse, dément les propos du juge. «Ce qui est certain c’est que dans ce dossier comme dans d’autres, nous avons coopéré et nous coopérons pleinement avec les autorités suisses, en particulier dans le domaine judiciaire », assure-t-il. Avant d’ajouter: «Je ne peux pas commenter des déclarations qu’auraient faites des magistrats suisses.»

Pourtant, Ernst Roduner assure n’avoir même pas pu éclaircir la situation du chef des ravisseurs connu sous le nom d’ «Abderrazak el Para».

Le mystérieux Abderrazak el Para

«On nous dit qu’il est emprisonné en Algérie. Mais la justice algérienne l’a jugé par contumace. C’est pour le moins contradictoire!», s’étonne Ernst Roduner qui lâche en guise d’explication: «Cette affaire a une dimension politique».

Pour l’heure, le Ministère public de la Confédération et l’Office fédéral de la justice gardent le silence sur les motifs de ce blocage ainsi que ses conséquences sur la collaboration judiciaire entre Berne et Alger.

Un silence partagé par le ministère suisse des affaires étrangères. «Tant que la procédure suit son cours au Ministère public de la Confédération , nous ne nous prononçons pas sur cette affaire», déclare son porte-parole Jean-Philippe Jeannerat.

Des GI’s américains dans les dunes

Sous couvert d’anonymat, une source proche du dossier avance une première explication au refus algérien. «Après sa capture par des rebelles tchadiens, Amari Saïfi alias Abderrazak el Para a été livré en 2004 aux autorités algériennes à la condition qu’il ne soit pas déférer devant un tribunal. Raison pour laquelle les Algériens ont finit par le juger par contumace, alors qu’ils le détenaient prisonnier», affirme notre source.

Et d’ajouter que le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) affaibli et en quête de légitimité a justifié son affiliation à la nébuleuse Al-Qaïda par l’intervention dès 2003 de GI’s américains sur le sol algérien au nom de la lutte contre le terrorisme. Et c’est justement cette présence que l’Algérie cherche à garder la plus secrète possible.

Ménager Alger

Un dossier complexe et ultra sensible. Raison pour laquelle Hasni Abidi – directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen – n’imagine pas la Suisse en train de faire le forcing dans cette affaire.

«Il s’agit d’éviter de braquer les Algériens, d’autant que l’Allemagne a renoncé à une telle procédure en janvier 2007 déjà», souligne le chercheur genevois.

Hasni Abidi rappelle également qu’une partie de la population algérienne est convaincue que les attentats revendiqués par le GSPC – comme ceux commis le 11 décembre dernier contre la Cour constitutionnelle algérienne et les locaux de l’ONU – sont une conséquence de la guerre des clans au sein du pouvoir algérien.

Selon cette thèse, le GSPC serait instrumentalisé par les services secrets algériens actuellement opposés au président Abdelaziz Bouteflika et à sa réélection pour un 3e mandat.

Sans valider cette explication, Hasni Abidi rappelle que le GSPC est une organisation particulièrement opaque. «Et comme toutes les organisations opaques, elle peut être sujette à des manipulations et à des infiltrations», souligne le chercheur genevois.

La piste des services secrets

Une infiltration dont est convaincu le français François Gèze, directeur des Editions La Découverte et membre de l’association de défense des droits de l’homme Algeria-Watch.

«Nous avons mené une enquête en profondeur sur l’affaire des otages européens au Sahara. Une étude attentive des faits montre qu’il n’y a pas d’autre explication pour cette opération qu’un pilotage de l’enlèvement par le Département de renseignement et de sécurité (DRS), les services secrets de l’armée algérienne», affirme François Gèze.

Et de pointer le rôle joué par Amari Saïfi alias Abderrazak el Para: «Il était le chef des ravisseurs et a été présenté comme un des responsables du GSPC. Mais ce groupe n’a jamais revendiqué cette prise d’otage. De plus, emprisonné en Algérie, il a néanmoins été jugé par contumace.»

«L’enlèvement des touristes européens a permis de crédibiliser la thèse rocambolesque d’un Sahel devenu base de replis pour Al-Qaïda et de renforcer la légitimité du pouvoir algérien terni par les années de guerre civile auprès des Occidentaux», avance enfin François Gèze pour étayer la thèse de l’instrumentalisation du GSPC par le DRS.

Une explication totalement farfelue, affirme pour conclure Kamel Houhou, l’ambassadeur d’Algérie à Berne.

swissinfo: Frédéric Burnand, Genève

Manipulation, dites-vous ?

Editorial, La Tribune du 21 janvier 2008

Par Chafaa Bouaïche

L’année 2008 commence mal pour l’Algérie. Dans son rapport annuel, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (CNCPPDH) a évoqué la situation du front social, qu’elle a qualifiée d’«alarmante». Le président de la commission, Farouk Ksentini, a indiqué qu’une tension importante est perçue en ce qui concerne les droits sociaux, avant d’ajouter que les responsables «sont conscients de la gravité de la situation». En effet, la paralysie du secteur de la fonction publique, suite à l’appel à la grève générale lancé par les syndicats autonomes, ne fait que conforter M. Ksentini dans ses propos. Ce dernier a, par ailleurs, prévenu contre une explosion sociale.
Le front social est en ébullition. Les fonctionnaires sont mécontents de l’aggravation de leurs conditions de vie. Au lieu de convier les syndicalistes à un dialogue, le gouvernement cherche plutôt à savoir qui se «cache» derrière le mouvement. En d’autres termes, il veut connaître qui manipule les fonctionnaires. Cette manière de procéder contribue à jeter le doute sur les initiateurs du «mouvement» et leurs intentions.
En psychologie, la manipulation signifie obtenir de quelqu’un qu’il fasse quelque chose qu’il ne veut pas faire, sans qu’il s’aperçoive qu’on la lui fait faire. Les fonctionnaires ont-ils été obligés d’observer la grève ? Les syndicats ont-ils empêché les fonctionnaires de rejoindre leur poste de travail ? Il faut reconnaître que seule l’aspiration à «une vie meilleure» a «obligé» les fonctionnaires à suivre l’appel des syndicats. Affirmer que les fonctionnaires font l’objet d’une quelconque manipulation, c’est mépriser leur intelligence et piétiner leur conscience. Les enseignants ne sont pas des marionnettes ! Ils sont chargés d’éduquer les enfants. Ils décident de leur avenir.
Ces derniers jours, la grogne a gagné les lycéens. Ils emboîtent le pas aux adultes. Si ces derniers réclament l’augmentation de leur salaire, les lycéens, quant à eux, réclament l’allégement des programmes scolaires. Déterminés à faire entendre leur voix, les lycéens sont allés jusqu’à braver l’interdiction des manifestations publiques, décrétée par le ministre de l’Intérieur au lendemain de la marche du 14 juin 2001.
Dans le cadre du dialogue, le secrétaire général du ministère de l’Education, M. Khaldi, a pris l’initiative de recevoir une délégation lycéenne. La poursuite du mouvement de protestation après cette rencontre révèle l’échec des «négociations». «Il faut faire attention à la manipulation à des fins politiques des doléances des élèves», aurait déclaré M. Khaldi à l’adresse de la délégation. A court d’arguments, le responsable de l’éducation a préféré mettre en garde les lycéens contre la manipulation politique de leurs doléances. Mais comment ose-t-on parler de manipulation politique à des adolescents dans un pays où même les adultes ne connaissent pas le sens de la politique ? Le mouvement des lycéens est-il spontané ? Il n’y a aucun doute. La manipulation, par contre, risque d’intervenir au cours des manifestations.
Après l’assassinat de Guermah Massinissa en avril 2001 par un gendarme à Beni Douala, les lycéens avaient organisé des marches pacifiques pour exprimer leur colère. Ce n’est que plus tard que des apprentis sorciers se sont greffés au mouvement pour le dévier de sa trajectoire. La suite, tout le monde la connaît. Aujourd’hui, le même scénario risque-t-il de se reproduire ? Alléger un programme scolaire pour éviter des dérapages, ce n’est pas la mer à boire.

C. B

L’Algérie, un nouvel Irak ?

Par François Gèze*, Le Journal du dimanche, 16 décembre 2007

La terreur sanguinaire continue à frapper l’Algérie, au détriment d’une populirak.jpgation qui vit dans la misère et qui craint désormais la recrudescence d’attentats suicides, formule jusqu’au mois d’avril jamais utilisée par les groupes terroristes algériens. Mais comment imaginer que des actions de cette ampleur puissent se commettre en plein cœur des quartiers les plus sécurisés d’Alger ? Comment imaginer que les services de sécurité n’aient rien remarqué ? D’où sont arrivés les explosifs ? Plus de 1 600 kg à la barbe des renseignements algériens ? Il y a de quoi se poser des questions. Même la presse algérienne, qui ne présente en général qu’un seul son de cloche, commence à s’interroger, à évoquer des luttes de clans à l’origine des attentats.

Lors de la conférence de presse qui a suivi les attentats du 11 décembre, le ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni a expliqué : « Les services de sécurité savaient depuis des mois que le siège du Conseil constitutionnel figurait parmi les cibles des groupes terroristes. » Et d’ajouter : « Les services de sécurité ont acquis une grande capacité d’infiltration des groupes terroristes et sont parvenus à affaiblir un grand nombre de ces groupes. » Que faut-il comprendre ? Les services secrets savaient parfaitement que les attentats étaient en préparation ? Pourquoi ne les ont-ils pas arrêtés ? Faut-il croire qu’ils ont laissé faire ? Le Département de renseignement et de sécurité (DRS), le vrai centre du pouvoir, se sert-il d’Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) pour frapper ses cibles et faire des dizaines de morts… ?

Bouteflika est un président au pouvoir limité. Mais depuis deux ans il est tenté de l’élargir. D’où une lutte sans merci qui oppose son clan à celui des chefs du DRS, en particulier pour le partage entre eux des richesses pétrolières et gazières du pays. Le président a ainsi suspendu une loi sur les hydrocarbures qui aurait permis aux multinationales américaines de mettre la main sur ces richesses et cela au plus grand profit des généraux qui touchent des commissions sur les grands contrats liés à l’exploitation des hydrocarbures.

Les causes profondes de la recrudescence du terrorisme ne viennent donc pas de Ben Laden. Elles sont endogènes et se situent au cœur même du pouvoir algérien. Pour cette raison, il n’y a pour le moment pas de risque que l’Algérie devienne un nouvel Irak. Il semble très improbable que l’AQMI bénéficie du soutien logistique d’Al-Qaida. Les seules « informations » sur ce point viennent du DRS. Et toute enquête indépendante est impossible. Mais beaucoup d’indices montrent que l’AQMI est un instrument entre les mains des chefs du DRS. En particulier le fait que les dizaines de milliers d’hommes de cette police politique sont partout, contrôlent tout.

Le choix de l’ONU comme cible n’est peut-être pas sans rapport avec ce qui s’est dit il y a un mois à Genève au Comité des droits de l’homme des Nations unies. Pour la première fois, le gouvernement algérien a été mis en cause : l’expression de « crime contre l’humanité » a été utilisée pour qualifier les événements de la « sale guerre » des années 1990. Cette déclaration a rendu furieux les officiels algériens. En revanche, le risque d’attentat en France est faible. Pour le moment du moins. Nous ne sommes pas dans le même scénario qu’en 1995, où la France avait pris position par le biais d’Alain Juppé contre la guerre qui se déroulait en Algérie [et qui avait conduit le DRS, par GIA interposés, à organiser des attentats sur le sol français].

* Directeur des Éditions La Découverte et membre de l’ONG Algeria-Watch

Sans nous

mamarfarah.bmpAu moment de la grosse gueule de bois du 9 avril 2004, certains journaux ont cherché à toucher ces officiers et autres experts qui leur rendaient visite quotidiennement, avec un tas d’assurances en béton sur la prochaine victoire de Benflis ! Brusquement, leurs numéros de portable ne répondaient plus !

Certains journaux seront privés de publicité, leurs directeurs et journalistes traduits devant la justice, Benchicou emprisonné dans l’indifférence générale, militants et sympathisants de l’ancien SG du FLN traînés dans la boue … Les fameux numéros ne répondaient toujours pas !
En ces jours où se dessine une autre grosse manipulation, j’entends les mêmes refrains ! Tout le dispositif va se mettre en place et les visiteurs du soir vont assaillir les rédactions avec de très, très lourds dossiers et des engagements sans faille !
Faites donc, mais sans nous ! Car, et si le roi est connu d’avance, nous on ne joue pas aux fous du roi cette fois-ci !
farahmaamar@yahoo.fr , Le Soir d’Algérie
 

«Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent.»

Le troisième mandat ou la mandat…habituel?

mehri2.jpgDepuis l’indépendance, à toutes les étapes décisives et graves qu’a connues le pays, l’usage s’est installé pour penser l’Algérie en tant que présidence et de reporter ou d’éviter carrément de la penser en termes d’Etat. La réflexion sur la présidence, elle-même, est davantage centrée sur la personne du président plutôt que sur l’institution présidentielle.

A toutes les étapes, nous choisissions un président, ou pour être plus précis, on nous présente un président, en la personne de qui nous plaçons tous nos espoirs, à qui l’on confie tous nos problèmes, en qui l’on découvre des qualités qui justifient la confiance portée en lui, en ses capacités et sa sagesse.

Des voix s’élèvent alors, par conviction ou conformisme, pour appeler à son élection ou à sa réélection.

Mais le mandat du président, ainsi investi de notre confiance, s’achève en règle générale dans un flot d’accusations et de critiques. Des voix s’élèvent alors, par conviction ou par conformisme, pour lui faire assumer, seul, la responsabilité de l’impuissance, des erreurs, du marasme, des déviations et des dépassements qui ont eu lieu dans le pays au cours de sa magistrature.

Telles sont les caractéristiques, à de rares exceptions près, qui ont marqué le parcours et le destin de la plupart de ceux qui ont assumé la responsabilité de la première charge du pays. Certains de ces hommes sont partis dans un silence relatif, d’autres ont laissé leur vie en guise de fin de mandat.

Durant toutes ces étapes décisives et graves, les voix des opportunistes sont celles qui s’élèvent le plus haut, qu’il s’agisse des campagnes de glorification ou de celles de dénigrement.

Dans toutes ces étapes, l’on constate systématiquement l’absence de tout débat sérieux sur l’évaluation du système de pouvoir établi depuis l’indépendance, de ses institutions, des programmes et des politiques suivies durant l’étape précédente dans la gestion du pays. Ou, plus justement, ce débat est délibérément éludé.

Si nous avions mené ces débats, nous aurions pu identifier les causes réelles de l’impuissance, des erreurs, du marasme, des déviations et des dépassements subis par notre pays.

Si ces débats avaient pu être menés, l’on se serait rendu compte que la part négative qui revient aux hommes qui se sont succédé à la présidence est peut-être moins importante — que leur apport positif aurait pu être plus grand — si le système de pouvoir à la tête duquel ils ont été placés reposait sur des structures saines et si ses institutions exprimaient réellement la volonté du peuple. Autrement dit, si ces structures et institutions étaient démocratiques, et effectivement représentatives et efficientes.

De nombreuses voix commencent à s’élever aujourd’hui, par conviction ou par conformisme, avec les mêmes méthodes et les mêmes approches politiques antérieures, pour appeler le président de la République, le frère Abdelaziz Bouteflika, à se porter candidat pour un troisième mandat. Comme si l’Algérie n’avait besoin aujourd’hui de rien d’autre que de perpétuer la situation actuelle que tout un chacun connaît et sur laquelle je n’éprouve pas la nécessité de m’étendre. La majorité des Algériens s’en plaignent ou subissent amèrement.

Ma conviction est que la prolongation du mandat du président, sans changement radical du système de pouvoir, conduit le pays, au minimum, à une impuissance plus marquée à résoudre ses problèmes et à faire face aux grands défis qui l’attendent à l’intérieur et à l’extérieur.

De même que l’intronisation d’un nouveau président, quelles que soient ses qualités, sans changement radical du système, conduira aux mêmes résultats.

Cette problématique est fondamentalement celle qui a dicté l’appel que j’ai signé avec les frères Hocine Aït Ahmed et Mouloud Hamrouche, au mois de septembre dernier et que certains ont qualifié d’initiative.

En réalité, il s’agissait, en plus, d’une invitation à l’initiative adressée aux responsables et aux citoyens, individus et organisations et à tous ceux qui croient en l’impérieuse nécessité d’un changement démocratique et en la nécessité d’appeler à ce changement et d’agir pour le réaliser.

Le problème central qui se pose aujourd’hui n’est pas, simplement, le choix d’un homme, capable de résoudre les problèmes du pays, mais l’édification d’un système de gouvernement qui donne à tous les Algériens la possibilité d’apporter leur contribution à la solution de ces problèmes.

Abdelhamid Mehri, 2 janvier 2008

Président à vie, pourquoi pas ?

bouteflika.jpgIl est difficile maintenant d’imaginer Abdelaziz Bouteflika autrement qu’en Président de la République. Comme le répète Belkhadem, y a pas mieux ! 

D’abord on ne voit pas qui pourrait le remplacer. Du moins dans le rôle qu’on a su lui tailler en 8 ans. Sur mesure. Parfaitement adapté à ce régime si particulier qu’est le système politique algérien vieux d’un demi-siècle. Un tribun éloquent au sommet de l’Etat et un pouvoir occulte qui décide puis qui gère. Un régime qui a toutes les apparences de la démocratie… mais qui n’a rien à voir avec la démocratie : les élections sont continuellement truquées afin qu’elles aillent dans le bon sens, une presse suffisamment libre pour s’autocensurer et ainsi avoir la paix tout en bénéficiant d’une riche manne publicitaire octroyée aux gentils ; une télévision unique gérée directement par le pouvoir ; un pluralisme politique maîtrisé à l’aide de coups d’état «scientifiques» permettant d’obtenir des responsables dociles tout en étant bien nourris : un appareil judiciaire bien tenu avec, pour les magistrats, une obligation de réserve et une obéissance qui permettent d’avaler tous les ordres. Et une population traitée par une soporifique manne pétrolière sur un fond de violence contrôlée selon l’agitation du moment. 

Ensuite, dans son rôle, le Président est réellement populaire, et si vous avez des doutes regardez le à la télévision quand il décide de prendre un bain de foule. Qui oserait aujourd’hui s’en prendre à lui et le voir quitter son poste à la manière de Jacques Chirac, de Bill Clinton, de Mitterrand, de De Gaulle, ou d’un quelconque Président d’un Etat démocratique après avoir été battu au cours d’élections libres. Dans le système politique qu’on nous a bricolé, notre Président est vraiment à sa place. 

Et puis certains Algériens envient notre voisin de l’ouest, le Maroc, où rares sont ceux qui souhaitent voir détrôné le roi, fils de roi et même, nous dit-on, descendant du Prophète. Notre voisin de l’Est est bien élu Président à vie et nos frères tunisiens sont bien obligés de le supporter. 

Bénissons le Seigneur, notre Président n’a pas de progéniture pour lui succéder: nous n’aurons pas les problèmes de Moubarak ou de Kadhafi obligés de se battre pour installer leurs enfants à leur place. 

Un débat est suscité autour d’un troisième mandat de Président que pourrait autoriser la Constitution si elle était modifiée. A la faveur des élections locales le chef du gouvernement, secrétaire général du FLN, avait relancé la campagne du troisième mandat. Le timing est cousu de fil blanc: que chacun s’aligne pour intervenir chacun son tour, au moment voulu, c’est-à-dire le moment décidé par les vrais chefs. 

Au lieu de répéter le même scénario à chaque élection présidentielle pour sauver les apparences qui ne trompent que les innocents, pourquoi ne pas aller au bout de la logique de ce régime : un Président à vie une fois pour toutes et on n’en parle plus. Bouteflika fait l’affaire. Il aura ainsi droit au terme de sa vie à des obsèques grandioses comme seules peuvent les vivre les populations arabes. 

Et peut-être l’humiliation que subissent continuellement les Algériens les fera finalement réagir comme des citoyens…pour défendre leurs droits, tous leurs droits. 

Pr Kamel DAOUD, militant des droits de l’homme

Pakistan : les limites de la politique américaine dans le monde musulman

Par said kaced le 28/12/2007 in toutsurlalgerie

 

 

Derrière chaque régime impopulaire, retrouvera-t-on la bienveillante caution de l’administration Bush ? Est-ce «défendre le monde libre» que de soutenir à bras le corps des juntes militaires «vomies» par les populations ? L’assassinat de Mme Bhutto, principale opposante au général-président Musharraf, repose la question de la fiabilité de ce type de «montage»- pouvoirs fascisants recevant la couverture politique de la première puissance planétaire– car au lieu de renforcer le camp de la démocratie, la «bénédiction» américaine sert à asseoir la toute-puissance des potentats locaux. Au nom de la lutte générique contre le terrorisme, les USA apportent l’aide militaire à des gouvernements liberticides qui traquent l’opposition pacifique– en recourant parfois à la liquidation physique de ses principaux leaders – tout en permettant au discours fondamentaliste de se nourrir de l’exaspération grandissante de la rue à l’égard des pratiques répressives. Aujourd’hui, la multinationale du crime terroriste n’éprouve aucune peine à recruter des contingents de kamikazes qui n’ont «plus rien à perdre», le travail de préparation «psychologique» ayant été préalablement fait par des gouvernants à la courte vue politique pratiquant l’exclusion et la répression de masse pour se maintenir au pouvoir.

 

Après avoir échoué à «pacifier» l’Afghanistan et l’Irak, les Etats-Unis feront-ils entrer, de «bonne foi», le Pakistan – qui dispose, lui, de la redoutable arme atomique à ne pas mettre entre les mains de tous !– dans la zone des tempêtes dans une région du monde à très haute sensibilité stratégique ? Les premières émeutes, successives à la disparition tragique de la «dame de fer» pakistanaise, confortent pareil scénario. Dans un pays où le pouvoir central peine à fédérer les puissantes tribus – Ben Laden et le mollah Omar profiteraient des largesses de chefs de clans dans quelque zone tribale frontalière pour échapper à leurs traqueurs – tout paraît ouvert à une confrontation généralisée qui profite, dans la plupart des cas, au camp des généraux toujours prompts, comme chacun le sait, à voler au secours de la patrie menacée.
Là aussi, pour protéger le pays de la division – les pires dictateurs réalisent des mobilisations miraculeuses au nom de «l’unité nationale», on imposera l’état d’urgence qui œuvrera au renforcement de toutes les causes – les islamistes affectionnent particulièrement ces situations de crise – sauf celle de la paix et de la démocratie. Et tant pis si ça vous rappelle quelque chose…

La sanction, un préalable au pardon ?

Par Chafaa Bouaiche, La Tribune 24 décembre 2007

 

Le double attentat perpétré à Alger le 11 décembre dernier a suscité des réactions fermes suivies d’une condamnation unanime et sans ambiguïté de toutes les franges de la société et de la communauté internationale. Mais qu’est-ce qui a permis aux terroristes de perpétrer deux attentats à la voiture piégée notamment contre le siège du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à Hydra ? Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, a lié l’attentat à la baisse de vigilance au lendemain des élections locales. Le ministre est conforté dans sa thèse par le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, lequel a reconnu, à son tour, que les terroristes ont profité de la baisse de vigilance. «Le laxisme peut coûter la vie à des citoyens dont la sécurité dépend de vous», a-t-il déclaré à l’occasion de la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux de l’Aïd El Adha. Le message est clair : la sécurité des citoyens est du ressort exclusif de l’Etat et le manque de vigilance entraîne la mort. Mais, au-delà du constat, des déclarations et des discours, le citoyen algérien souhaite que des décisions fermes soient prises pour rétablir la sécurité et que des sanctions contre les responsables du «laxisme», qui a coûté la vie à de paisibles citoyens, soient prononcées. «Attendez-vous à de nouvelles dispositions, mais également à un grand mouvement dans les rangs de la Sûreté nationale au cours des prochaines semaines», a encore déclaré le patron de la police. Mais de quel mouvement s’agit-il ? Comment agiront les responsables des forces de sécurité pour rendre justice aux familles des victimes ? S’agit-il de mutations, de permutations, de dégradations ou simplement de radiations que les responsables prononceront dans les prochaines semaines ? Le citoyen est en droit de se poser toutes les questions et d’avoir des réponses claires, convaincantes et rassurantes. «Tous les responsables vont faire l’objet d’évaluations très précises et des sanctions positives ou négatives seront prises selon les cas», a ajouté M. Tounsi. L’évaluation de tous les responsables signifie logiquement que personne n’est au-dessus de la loi et que des sanctions seront prononcées contre toute personne ayant d’une manière ou d’une autre «permis» aux terroristes de massacrer des citoyens. Faut-il souligner que les Algériens ne supportent plus les demi-mesures, le replâtrage et la poudre aux yeux ? A chaque fois qu’une affaire importante est traitée par la justice ou toute autre institution, ce sont les sous-fifres qui tombent et les fusibles qui sautent ! Faut-il préciser que le discrédit jeté sur l’ensemble de nos institutions est lié, en grande partie, à l’impunité dont bénéficient les responsables à tous les niveaux ? En Algérie, les responsables bénéficient d’importants privilèges liés à la fonction sans pour autant accomplir les missions que l’Etat leur confie. Il est pourtant clair que la principale mission d’un responsable sécuritaire est d’assurer la sécurité des biens et des personnes. La Constitution stipule que la sécurité des citoyens est du ressort exclusif de l’Etat. La loi prévoit également qu’un responsable qui a failli à sa tâche rende compte de ses actes avant qu’il ne soit sanctionné. Finalement, la sanction est une forme de justice que l’Etat doit rendre aux victimes et à leurs familles.
Elle est tout simplement un préalable au pardon qui fera oublier la douleur et panser les blessures.

 

C. B.

 

ALGÉRIE • Quand Sarkozy ruine les espoirs gaziers russes

sarko.jpgAu grand dam de Moscou, les vastes projets de coopération russo-algérienne engagés en 2006 n’aboutissent pas. Pour le journal russe Kommersant, les causes du revirement d’Alger sont à chercher du côté du président français Nicolas Sarkozy

 

Les entreprises russes rencontrent de plus en plus de difficultés en Algérie, considérée jusqu’ici comme le partenaire privilégié de Moscou en Afrique. Récemment, le journal américain The Wall Street Journal, citant Mohamed Meziane, PDG de la Sonatrach [société énergétique nationale algérienne], a annoncé que « le pacte de coopération entre les compagnies pétrolières nationales algériennes et russes, signé en août 2006, est caduc depuis quelques mois ». L’accord en question posait les bases juridiques de projets d’extraction d’hydrocarbures et de production de gaz liquéfié. Par ailleurs, la Russie et l’Algérie avaient déjà tenté de consolider leurs positions sur la scène énergétique mondiale. Ainsi, le pouvoir algérien avait soutenu, l’année dernière, la proposition russe de créer une « organisation des pays exportateurs de gaz » sur le modèle de l’OPEP.

 

La déclaration surprenante du patron de la Sonatrach intervient peu après la visite officielle en Algérie de Nicolas Sarkozy [du 3 au 5 décembre 2007]. Ce dernier a annoncé la signature de contrats en Algérie pour 5 milliards d’euros, avant tout sur le gaz naturel. Ainsi, Gaz de France a conclu un accord pour la fourniture de gaz naturel liquéfié par la Sonatrach jusqu’en 2019. L’Algérie est le troisième fournisseur de gaz naturel en Europe, après la Russie et la Norvège.

 

Des divergences entre la Russie et l’Algérie existent également dans le domaine de la coopération militaro-technique. Rappelons qu’en mars 2006, durant la visite officielle du président russe Vladimir Poutine en Algérie, plusieurs accords avaient été signés pour une valeur de 8 milliards de dollars [5,45 milliards d'euros]. En contrepartie, la Russie avait entièrement annulé la dette extérieure algérienne de 4,7 milliards de dollars [3,2 milliards d'euros], héritée de la période soviétique.

 

Mais, par la suite, l’Algérie a cessé d’honorer certains de ses engagements. Ainsi, après une première livraison d’avions de chasse, fin 2006, l’Algérie n’a plus acheté d’autres appareils, prétextant la mauvaise qualité de deux des MIG qui lui avaient été fournis. Au mois de novembre, la question des exportations vers l’Algérie a été examinée au sein de la commission de coopération militaro-technique, présidée par Poutine. « Nous avons rédigé une réponse officielle, mais n’avons pas réussi à la transmettre au président algérien, même par le biais de son ambassadeur, déclare le représentant du Service fédéral de coopération militaro-technique. La partie algérienne ne donne aucune suite. »

 

Ces problèmes successifs résultent manifestement de luttes intestines entre dirigeants algériens. Ainsi, d’après Rouslan Poukhov, directeur du Centre d’analyse des stratégies et des technologies, « il existe une opposition entre élites militaires et énergétiques. Dans les deux camps, il y a des groupes d’intérêts prorusses, profrançais et proaméricains », dit M. Poukhov. « Ces six clans s’affrontent et prennent le dessus à tour de rôle. »

Natalia Grib, Konstantin Lantratov, Mikhaïl Zygar Kommersant Dail

Développement ou démocratie pour l’Afrique ?

Au fil du jour…La Tribune du 10 décembre 2007

Chafaa Bouaiche 

 

Le continent africain est célèbre pour la famine qui ravage ses peuples, les épidémies, les maladies, le sida, la misère, les coups d’Etat permanents, l’instabilité des régimes politiques, la dictature des dirigeants, la violation des droits de la personne humaine, le verrouillage de la vie politique et, enfin, la dépendance, voire la soumission à l’Occident, fruit d’un sous-développement chronique.
Les raisons des catastrophes qui frappent le continent africain sont diverses et complexes. Il y a d’abord la responsabilité des dirigeants des pays d’Afrique qu’il faut mettre en évidence. En effet, les dérives autoritaristes et les velléités d’une gestion souvent monopolistique des affaires publiques sont à relever avec force. Mais le désastre économique, l’instabilité politique et la situation peu reluisante des droits de la personne humaine en Afrique ne relèvent pas de la seule responsabilité des dirigeants. Nul ne peut ignorer la responsabilité plus que directe de l’Occident dans les malheurs qui frappent le continent africain. Doit-on rappeler que les pays africains ont été colonisés des siècles durant par la puissante Europe ? Faut-il souligner que les richesses de l’Afrique ont été spoliées par les puissances coloniales, les populations assassinées, des tribus et villages entièrement massacrés, les peuples réduits à l’état d’esclavage. Seules l’ignorance, la misère et la famine ont été démocratisées par les puissances coloniales. A leur indépendance, les pays africains étaient livrés à eux-mêmes sans outils de production et sans moyens de développement. L’Europe a «abandonné» des pays en ruine après les avoir spoliés de leurs biens. Le tribalisme, la guerre entre les ethnies et autres conflits de bas étage ont été entretenus durant des siècles. Tout cela au nom de la célèbre devise : diviser pour régner !
L’Afrique demeure-t-elle encore victime des anciennes puissances coloniales ? Les nostalgiques de l’Afrique colonisée refusent de croire en la capacité des Africains à prendre en charge leur destinée. Ils continuent à traiter les Africains en indigènes qui ne peuvent vivre sans tutelle étrangère, voire occidentale plus éclairée, moderne et civilisée !
«L’Afrique des pauvres, l’Afrique des despotes, a besoin plus que jamais de démocratie pour se relever.» Le message nous vient de l’Europe. Il est vrai que la démocratie est l’une des conditions pour un développement humain et durable pas seulement pour l’Afrique. Il est vrai aussi que la démocratie ne s’impose pas, mais se construit dans la pratique de tous les jours. Les dirigeants européens, tout comme les Américains d’ailleurs, n’utilisent l’arme de la démocratie que pour contraindre les pays africains à garantir leurs intérêts économiques. Le sommet Afrique-Union européenne qui se tient à Lisbonne doit s’imposer la règle de travail d’égal à égal. L’esprit de domination sur l’Afrique doit être banni à jamais. L’Europe a le devoir d’aider les pays africains «à surmonter les problèmes liés à son développement», comme l’a déclaré le commissaire européen chargé du développement et de l’aide humanitaire, Louis Michel. Les dirigeants africains ont également le devoir d’œuvrer au développement de leurs pays et d’assurer la paix et la sécurité à leurs peuples. L’institution d’un comité des sages de l’Union africaine (UA) qui sera installé officiellement le 18 décembre et qui s’inscrit dans le cadre de l’engagement de l’Union africaine à prendre en charge elle-même la résolution de ses conflits, avec l’aide logistique et financière de l’UE, servira-t-elle à libérer l’Afrique de l’emprise de l’Occident ou sera-t-elle une institution de plus, voire de trop ? La démocratie et le développement sont intimement liés. Le développement renforce la démocratie tout comme la démocratie renforce le développement. Deux conditions pour se libérer des menaces de l’Europe qui, à son tour, doit reconnaître sa responsabilité historique dans le sous-développement de l’Afrique.

C. B.

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