Par El Mouhtarem
Depuis dimanche, 2 octobre, je suis à Tunis où je prends part à la troisième rencontre des blogueurs arabes. La rencontre est organisée par la Fondation Heirich Böll, Global Voicies et Nawaat tunisienne. C’est une occasion pour moi de revoir des ami ()s blogueur-ses que j’ai rencontrés il y a deux ans à Beyrouth (Liban). L’édition de cette année se tient dans un contexte différent de celui de 2009. En 2009, personne ne pouvait imaginer qu’il était possible d’organiser une rencontre de blogueurs en Tunisie. Et pour cause. La Tunisie de Benali traquait les cybers activistes et contrôlait l’internet au point où il était impossible d’accéder même à certains sites d’information. D’ailleurs, au premier jour de notre rencontre dimanche, le directeur de l’Agence tunisienne de l’internet a révélé que des sociétés américaines et européennes, à l’époque de Benali, expérimentaient les outils de censure en Tunisie !
Bref. La Tunisie a réussi sa révolution. Les Tunisiens ont réussi à chasser leur bourreau. Aujourd’hui tout le pays respire… L’élection d’une assemblée constituante est prévue pour le 23 octobre prochain… J’ai rencontré des candidats indépendants. Je leur ai même évoqué l’expérience algérienne où en juin 1991, à l’occasion des élections législatives reportées, le pouvoir a utilisé les candidats indépendants pour affaiblir les partis politiques. Les « indépendants » tunisiens, notamment les blogueurs, se disent conscients des enjeux…Ils disent qu’ils ne sont pas convaincus par les partis politiques… C’est la seule raison qui les aurait poussées à se présenter à l’élection du 23 octobre… Les « indépendants » se plaignent de leur marginalisation par les médias tunisiens et de l’inexistence de moyens financiers qui leur permettraient de mener une bonne campagne électorale.
A la question de savoir si les islamistes d’Enahda leur font peur à l’occasion de l’élection prochaine, les blogueurs tunisiens répondent par NON. Ils ne souhaitent pas la victoire des islamistes mais, en cas de victoire de ces derniers, les tunisiens n’appelleraient pas à l’arrêt des élections. Ils veulent épargner à leur pays 200.000 morts.
(…) Au premier jour de la rencontre, j’ai retrouvé Hisham El Mirat du Maroc, Sami Bengharbia de GV, Malek El Khadraoui de la Tunisie, Slim Amamou, Leena Benmehenni… Slim Amamou, ancien secrétaire d’Etat à la jeunesse a changé de look. Cheveux bouclés et barbe. On a discuté de l’Algérie et bien sûr de l’avenir de la Tunisie…Actuellement, il a mis son savoir faire et ses compétences au service des candidats indépendants à l’élection prochaine. Lina Benhenni, nominée au prix Nobel de la paix dit que cela ne changera rien en elle. «Le prix Nobel de la paix ne m’intéresse pas », m’a répondu Leena, une blogueuse très populaire en Tunisie. Elle est très touchée par les attaques qu’elle reçoit notamment de certains milieux tunisiens.
Revenons à nos moutons. Alors qu’en Tunisie, le peuple respire l’air pur de la démocratie, chez nous, c’est «Avancer en arrière », comme le disent les receveurs de bus. Il suffit de cliquer sur TSA ou un autre site d’information pour lire ce qui suit: « Des prédicateurs de l’ex-FIS lancent une campagne CONTRE les débits de boissons alcoolisées », «Libyens recherchés : l’Algérie MENACE d’appliquer les résolutions de l’ONU », « Les candidats à la présidentielle INTERDITS de se retirer de la course », « Incursion terroriste dans deux bars au sud de Tizi Ouzou », « Des jeunes descendent dans la rue et se heurtent aux forces de l’ordre », «Un texte éloigné de l’esprit d’une transition démocratique»…Llah Yetar.
Enfin, je suis de tout cœur avec les amis de RAJ qui organisent un sit-in à l’occasion du 5 octobre à la Place des Martyrs à Alger.
NB: Nous sommes deux Algériens à prendre part à la rencontre, moi et Abdou www.abdoumenfloyd.centerblog.net