Le quotidien Le Courrier d’Algérie a rapporté dans son édition d’aujourd’hui que l’ex-secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Abdeslam Chelghoum, ancien DG de l’OAIC, , serait la tête pensante d’ un vaste réseau dans lequel seraient impliqués l’ancien président de l’APN, Amar Saadani, un député FLN de Sidi Bel Abbès, ainsi que le frère d’un important responsable au sein du groupe parlementaire de ce même parti.
En effet, des sources ont raconté au journaliste du Courrier d’Algérie qu’une enquête a été ouverte suite à la découverte par le ministre de l’agriculture d’une note signée par l’ancien SG du ministère, interdisant aux 48 DSA (directeurs des services agricoles des wilayas) de traiter directement avec lui.
Entre-temps, le SG semble avoir senti que les choses commençaient à aller mal pour lui, il a, de ce fait, préféré tirer sa révérence, non sans emporter ou détruire une grande partie des dossiers pouvant le compromettre.
Les enquêteurs, qui ont suivi la piste des OAIC (Office algérien interprofessionnel des céréales), puisque ce responsable en a été directeur général avant d’être nommé secrétaire général du ministère de l’Agriculture, ont réussi à découvrir le pot aux roses. Un trafic sans précédent, touchant principalement le blé, mais aussi la mise en valeur des terres, avec le concours de deux sociétés écran (dont l’une appartient à Amar Saïdani, ancien président de l’APN et déjà frappé d’une ISTN, et la seconde au frère d’un député FLN, occupant un poste important au sein de l’hémicycle, et ayant également un frère à la tête d’une OAIC locale dans l’Ouest algérien.
Des sociétés écran pour amasser de l’argent à la pelle
En tout, et même si de nombreux dossiers n’ont pas pu être totalement reconstitués, les enquêteurs ont pu trouver la trace de la manière la plus formelle qui soit de fausses factures d’une valeur globale de 1 400 milliards, dont 800 pour le compte de la première société, et les 600 autres pour la seconde. Les sources du journal, qui ajoutent qu’un autre député de la wilaya de Sidi Bel Abbes serait impliqué dans cette affaire qui est encore loin d’avoir livré tous ses secrets, expliquent que les sociétés en question ont profité des quelque 4 000 milliards de la Générale des concessions agricole, déclarant effectuer de nombreux travaux de mise en valeur de terres, alors que ces derniers ne l’ont jamais été. La wilaya de Sidi Bel Abbès pourrait par ailleurs se retrouver au milieu d’un autre scandale puisque pas moins de 200 tonnes d’engrais phosphatés devaient y être vendus aux enchères il y a de cela deux jours. En dépit du démenti catégorique de l’attaché de presse au ministère, et du DSA de cette wilaya, que nous avons pu joindre au téléphone, nous savons que les services de sécurité se sont saisis de cette affaire, laquelle existe bel et bien. Les engrais phosphatés, dont la vente (interdite pendant très longtemps, avant d’être strictement règlementée), auraient servi en grande partie à la fabrication des bombes utilisées par les terroristes pour commettre leurs attentats. Nos sources, qui s’attendent à ce que le scandale de ces détournements éclate dans les prochaines semaines, expliquent que l’enquête a connu une grande accélération sur la base d’instructions expresses venues de la part du nouveau chef du gouvernement. La lutte contre la corruption, est-il besoin de le rappeler, a été inscrite en tête des priorité du gouvernement Ouyahia, tel qu’annoncé à l’issue de son tout premier conseil. Il est attendu que de nombreux responsables soient également convoqués, et que le préjudice global causé au trésor public soit nettement supérieur à cette somme de 1 400 milliards. Nos sources préfèrent carrément évoquer l’éclatement d’un scandale pire et plus retentissant que celui de Khalifa, d’autant que de nombreux cadres supérieurs impliqués occupent encore d’importants postes au sein de différentes institutions de l’Etat.
Une fois de plus, Belkhadem au pied du mur
La tête pensante de ce complot, à savoir l’ancien secrétaire général du ministère, serait carrément en fuite puisqu’il est lui aussi frappé d’une ISTN (interdiction de sortie du territoire national) et que la justice ne saurait tarder à délivrer un mandat d’arrêt à son encontre. Il est à signaler que Amar Saïdani, qui détient une minoterie basée à l’ouest du pays, est également impliqué dans la très grave affaire de détournement au sein du FNDA (Fonds national de développement agricole). Cet homme, qui aurait agi avec la complicité de nombreux cadres du secteur, mais aussi des députés qui continuent de le défendre à partir de l’hémicycle, aurait amassé plusieurs centaines de milliards en établissant des centaines de fausses factures relatives à des travaux de mise en valeur jamais effectués. Le moins que l’on puisse dire c’est que ces énormes scandales sont encore loin d’avoir livré tous leurs secrets. Mieux, la prochaine campagne présidentielle a toutes les chances de se dérouler sur fond de ces scandales à répétition. C’est la raison pour laquelle, estime-t-on, le FLN a intérêt à assainir ses rangs avant que la justice ne le fasse pour lui. C’est au reste, la seule chance qu’il a de pouvoir encore jouer un rôle de premier ordre, comme le veut son poids, lors de la prochaine élection présidentielle et, accessoirement, lors du débat sur la révision constitutionnelle…