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Un calendrier pour la généralisation de l’enseignement de tamazight

tazaghart.jpgLa situation de l’enseignement de la langue amazigh est inquiétante.

A la place d’une politique ambitieuse et résolue visant la promotion de cette langue plusieurs fois millénaire, les pouvoirs publics donnent l’impression de reculer sur leurs engagements.

L’affaiblissement du mouvement culturel amazigh, le relâchement de la mobilisation populaire et l’absence d’un projet national intégré et intégrateur semblent redonner de tonus à des forces qui s’entêtent à vouloir immobiliser la marche irréversible de l’histoire.

A ce titre, les avancées arrachées de hautes luttes sont plus que jamais tributaires de l’engagement, de la vigilance, et de l’effort constant des militantes et des militants de tamazight et de la démocratie.

Car, à bien observer, les pouvoirs publics n’affichent pas encore des intentions sincères au sujet de la réconciliation des algériennes et des algériens avec leur histoire, leur identité, leur héritage culturel et leurs langues maternelles.

La suppression arbitraire de 35 postes budgétaires alloués à l’enseignement de tamazight dans la wilaya de Bouira vient à juste titre confirmer les appréhensions de beaucoup de militants et praticiens de cette langue. En effet, face à l’exigence de la généralisation de l’enseignement de tamazight qui réclame un encadrement en très grand nombre, la direction de l’éducation de cette wilaya prend la décision irresponsable de mettre des enseignants de tamazight en chômage.

A plus d’un titre, cette action est scandaleuse. Elle interpelle le pouvoir politique sur sa responsabilité quand à la promotion d’une identité nationale apaisée et apaisante, unie et unifiante, source de fierté nationale et moyen privilégié de mobilisation d’une population qui s’engouffre de plus en plus dans l’indigence intellectuelle et morale.

Elle interpelle les syndicats et les organisations des travailleurs de l’éducation qui ont le devoir de solidarité avec des enseignants qui se retrouvent sans salaires en plein ramadhan et à la veille de l’aîd.

Elle interpelle, aussi et surtout, l’ensemble des défenseurs de tamazight pour qu’ils actualisent leurs engagement, leurs visions et leurs stratégies de lutte.

Pour ce faire, il est primordial de sortir de la conception virtuelle de la lutte et de considère tamazight dans sa réalisation quotidienne et dans ses potentialités à replacer comme un instrument privilégie du développement et du progrès, en ayant un regard lucide sur la période historique qu’elle travers.

Le passage du pourquoi réhabiliter tamazight au comment et avec quel moyen le faire est une exigence stratégique en ces moments d’incertitudes et de troubles.

Plus que jamais, nous avons le devoir de veiller sur le bon déroulement de son enseignement, sur la promotion de sa production intellectuelle et culturelle, et de combattre avec sérénité, audace et responsabilité, les entraves qui se dressent devant son épanouissement.

Les pouvoirs publics doivent admettre, une fois pour toute, que face à une situation exceptionnelle telle que la réhabilitation d’une langue aussi vieille que l’humanité, il y’a l’impératif d’apporter des réponses qui soient à la hauteur de ce défi historique dont l’Algérie ne sortira que grandi.

A cet effet, on ne peux, raisonnablement, considère de la même manière l’enseignement de langues prises en charge depuis l’indépendance telles l’arabe et le français et une langue qui revient de loin, réprimé des décennies durant. Pis, faire en sorte que l’enseignement de cette langue se retourne contre elle, dans un calcul machiavélique sans dignité, peut être préjudiciable non seulement pour cette langue, mais surtout pour le pays qui peut sérieusement en pâtir.

Le moment est très sensible. L’impératif de la cohésion nationale et une condition essentielle à la stabilité de l’Etat. Tergiverser sur des choix qui garantissent l’avenir démocratique de la nation relève de la mauvaise gouvernance.

A la place de l’hésitation ambiante, il faut que l’enseignement de tamazight bénéficie d’une attention particulière. Il est impératif de le doter de structures spéciales, capables d’audaces et de résultats, tant au niveau du ministère de l’enseignement supérieur, du ministère de l’éducation nationale, que celui de la formation professionnelle

A titre indicatif, les départements de tamazight de Tizi-ouzou et de Bejaia, crées suite au rassemblement historique du 25 janvier 1990, doivent accéder sans tarder au statut d’instituts. Tout retard dans cette voie est synonyme de mauvaise volonté. Car, noyés dans des facultés aux traditions anciennes et aux problèmes multiples, ces départements ne peuvent remplir des missions à la hauteur des ambitions de leurs cadres, de leurs enseignants et étudiants, mais aussi de la société qui attend beaucoup de ces foyers du savoir et de la connaissance. Le statut d’institut, garantissant l’autonomie financière et des espaces de recherches plus étendus, ne sera que profitable pour tamazight.

Au niveau de l’éducation nationale, il est urgent, après l’institution du centre pédagogique et didactique pour l’enseignement de tamazight, de créer dans les directions des wilayas des services propres pour l’enseignement de tamazight, avec des moyens suffisants et des prérogatives claires.

Dans cet optique, le principe d’ouverture des postes budgétaires pour l’enseignement de tamazight doit répondre à un seul et unique critère : « Le nombre de postes budgétaires doit être égale au nombre des licenciés sortants de l’université ».

Car, en ce moment historique crucial dans la vie de notre langue, il est criminel de laisser des licencies et des enseignants en chômage alors que tamazight a affreusement besoin de leur apport. A ce sujet, il est utile de prévoir pour les garçons, un service national de forme civile.

En outre, si dans les grandes villes d’Algérie, et dans d’autres villes qui le souhaitent, il y’a lieu de créer des classes pilotes pour l’enseignement de tamazight, avec bien sûr, des directeurs qui soient d’une âme algérienne, dans les régions berbérophones, il est temps de se pencher sur le calendrier de la généralisation de l’enseignement de cette langue.

Pour bien cerner cet objectif, et en ciblant pour la première étape les wilayas de Bejaia, Tizi-ouzou et Bouira, un colloque traitant de la question de la généralisation de l’enseignement de tamazight à tous et à tous les niveaux est plus que nécessaire.

L’association des enseignants de tamazight peut s’atteler dés à présent à la préparation de cette rencontre en collaboration avec des associations et des institutions en mesure d’apporter leurs contributions.
Brahim Tazaghart, animateur du MCB et auteur.

Six petits paragraphes…

Par Ammar Belhimer , Le Soir d’Algérie

Six petits paragraphes signés de trois grands hommes d’Etat, un vendredi après-midi à quelques heures du f’tour, cinq jours après les attentats terroristes de Dellys. Ou c’est trop dire — dans ce cas, il faut lire entre les lignes — ou c’est pas assez — il reste alors à savoir pourquoi.
Si les signataires de la déclaration se disent «affligés» par la situation et «gravement préoccupés » par un possible nouvel engrenage de la violence, c’est qu’ils n’écartent pas un regain de violence. Mais, cela reste une éventualité, comme s’ils s’abstenaient de souffler sur le brasier et tiennent à le rappeler, même si leur sentiment laisse entrevoir le pire. Deux des trois signataires ont droit à des grosses manchettes irrespectueuses. Rappelons-nous : «Aït Ahmed est un traître» et «Taisez-vous Monsieur Mehri !». Le troisième l’a échappé de justesse dans un matraquage médiatique qui le faisait passer, lui aussi, pour un signataire des accords de Sant’Egidio alors qu’il n’avait jamais quitté Alger. Que ne leur a-t-on donc pas également imputé comme «insinuations tout aussi répétées que malveillantes » sur de pseudoaccords secrets avec les intégristes en 1991… Ce à quoi, dès avril 1999, Hamrouche répondait dans les termes suivants : «Les faits historiques sont têtus. Ils établissent que les protagonistes des événements de mai-juin 1991 n’avaient d’autre objectif que l’interruption du processus des réformes politiques et économiques par le départ du gouvernement que je dirigeais. C’est l’enseignement de cette époque. Quant à l’accusation que colporte la version du complot ou d’alliances occultes, de quelque nature que ce soit, l’Histoire l’a depuis quelque temps déjà reléguée au rang de contrevérité, de basse manipulation et de mensonge avéré.» Relus huit années plus tard, ces propos donnent un sens sincère à la «condamnation, sans appel, de tous les attentats » et «l’entière solidarité » avec les familles des victimes dont ils partagent la douleur hors de toute instrumentalisation , comme cela est malheureusement souvent le cas. Des victimes sitôt oubliées une fois ensevelies. La réaffirmation, «avec force», que les «terreurs et violences ne sont pas les voies de l’espérance» et le rejet de «la négation du politique, la répression et l’exclusion» comme «solutions aux multiples difficultés et impasses que connaît le régime» s’insèrent dans une continuité inaltérable pour les trois signataires. Aït Ahmed le rappelait assez expressément à l’ouverture des travaux du 4e congrès du FFS en se référant aux controverses, souvent stériles, suscitées par la parution du livre de Bélaïd Abdesselam sur le Net : «Les révélations tardives et les nombreuses mises au point faites ces derniers jours par des acteurs de l’époque, qu’ils soient de premier plan ou des seconds couteaux, montrent avec quelle légèreté s’est joué le destin du pays. Si elles étaient faites à temps, ces révélations, qui sont autant de témoignages tardifs, auraient épargné au pays une décennie sanglante. Si les affaires du pays avaient été menées dans la transparence, sous le regard des Algériennes et des Algériens, sous le regard de l’opinion nationale et internationale, notre pays se serait épargné une décennie sanglante. On mesure aujourd’hui les conséquences néfastes des décisions clandestines, prises entre complices. A l’évidence, les esprits n’étaient pas mûrs pour une médiation politique car il n’y avait pas, dans la période précédente, dans les us et coutumes du régime des habitudes et des dynamiques de négociation. Il n’y avait pas le sentiment de la nécessité du compromis.» Tout concourt à lui donner raison aujourd’hui quant à la prééminence du politique dans les solutions de sortie de crise. D’où la conviction des trois signataires que «la mise en place d’un processus de démocratisation du pouvoir, de son exercice et de son contrôle constitue le chemin de la sécurité nationale, de la stabilité et de l’espoir». Un pouvoir qui n’est du reste pas rejeté en bloc, tant il est loin d’être monolithique. Ce que Aït Ahmed traduit par un réel espoir de jeter des ponts avec nombre de ses branches indemnes de compromission avec la prédation rentière et l’arbitraire : «Serait-ce courir après des fantômes que de croire qu’il existe au sein du pouvoir des secteurs ou des hommes convaincus que le changement et l’ouverture sont vitaux pour le pays, que le statu quo est intenable et exige un prix politique et humain très lourd à cause d’explosions de violence et de répression inéluctables ?», s’interrogeait-il à la même occasion.. D’où cette conviction partagée des trois que «toutes les composantes de la société s’impliqueraient et s’engageraient dans la concrétisation d’un tel processus». Dans un tel processus, le FLN occupe naturellement une place particulière pour des raisons évidentes que Hamrouche ne perd pas de vue, convaincu que «le FLN ne s’arrête pas à une direction ou à un appareil. Bien au-delà, ce sont des convictions et un programme. Ses militants activent et agissent au sein de la société en fonction de leur programme et de leurs convictions. C’est ce qui me permet de garder intact l’espoir que le FLN continuera, à l’avenir, de jouer un rôle et d’occuper une place particulière pour peu que ses militants puissent se mouvoir dans un cadre démocratique et libre de toute interférence extérieure». On aura bien évidemment souligné «cadre démocratique et libre de toute interférence extérieure ».
A. B.

À qui profite la violence actuelle en Algérie ?

     

L’Algérie semble aujourd’hui revenir à la même situation que celle des années noires : attentats, enlèvements, tortures… Seules nouveautés : les attentats-suicides, jusqu’ici inconnus et, en lieu et place du GIA, le GSPC.

Or, le GSPC a toujours bénéficié du soutien de la population dans les zones où il est implanté (les maquis de Khemis El Khechea, de Mizrana et de toute la Mitidja-Est) car s’étant toujours abstenu de s’attaquer aux populations civiles et ce, contrairement au GIA, dont on sait qu’il était infiltré par les services secrets algériens (DRS), comme en témoigne – chose inédite – même la presse algérienne aux ordres, dont le quotidien « Liberté ».

Ce changement dans le modus operandi du GSPC révèle, à notre sens, que ce groupe armé fait l’objet de manipulations opérées par le DRS – comme il l’a fait dans les années quatre-vingt-dix avec le GIA – pour rallier la population civile aux détenteurs du pouvoir, d’une part forts de leurs appuis occidentaux dans la guerre contre cette bien commode internationale terroriste qu’est la Qaida et son principal relais algérien, le GSPC, mais d’autre part aux abois, car incapables de sortir le pays du marasme social et économique.

Il est utile de rappeler que, à l’époque, le DRS manipulait les groupes du GIA non pas pour les anéantir mais pour leur fixer une cible : la population civile. Celle-ci finira par soutenir le pouvoir en acceptant les armes largement distribuées par les centres opérationnels (CTRI) du DRS, notamment dans les localités réputées acquises au GIA. Citons, à titre d’exemple, les douars de Amroussa et les communes de Ouled Slama et de Bouinen entre autres…

Il est évident que cette stratégie de la terreur, appliquée avec succès dans les années quatre-vingt-dix par le DRS, semble retrouver son utilité dans un contexte de fin de règne : le président Bouteflika malade, se pose d’ores et déjà le problème de sa succession comme celle du numéro 2 des services secrets après le récent décès du général Smain Lamari qui était personnellement en charge du dossier de la lutte « antiterroriste », à l’intérieur comme à l’extérieur du pays.

Paré de sa notoire opacité, la junte algérienne vise donc encore une fois à tétaniser la population. Il convient de souligner que ce sont les mêmes généraux, dont certains en retraite apparente, qui tirent encore et toujours les ficelles : Mohamed Mediene, Larbi Belkheir, Mohamed Lamari, Fodhil Cherif, Khaled Nezzar pour ne citer que ceux-là, veulent faire un remake de la décennie noire pour se proclamer de nouveau les sauveurs de la République face au « péril vert ». Cette fois-ci, il est peu probable que la population algérienne retombe dans le piège de ce discours car elle en a payé un lourd tribu : des violations massives des droits humains – qui vaudraient de longues années de prison à ces généraux comme à leurs affidés civils – au lieu de la paix et de la prospérité promises au lendemain du coup d’État de janvier 1992.

Autre carte que le DRS est tenté de jouer, c’est Ali Benhadj, numéro 2 de l’ex-FIS dont les récents propos incendiaires contre les putschistes ont donné lieu à son arrestation. Ali Benhadj serait bien inspiré de s’abstenir de toute déclaration, aussi juste soit-elle, susceptible d’apporter de l’eau au moulin aux putschistes.

A. Tigha, ex-agent des services secrets algériens, réfugié aux Pays-Bas et A. Koutchoukali, Justitia Universalis, ONG des droits humains, La Haye, Pays-Bas

 

 

11 septembre 2007

Mort de Lamari, un des officiers les plus puissants d’Algérie

Par Jeanne Congar (Journaliste) www.rue89.com

 

La mort de Driss Basri, l’homme des basses oeuvres de Hassan II, aura quelque peu éclipsé la sienne. Pourtant, le décès mardi à l’hôpital militaire de Aïn Nadja, à Alger, du général-major Smaïn Lamari (66 ans), directeur de la sécurité intérieure algérienne, marque la disparition de l’un des hauts-gradés les plus puissants et les plus craints d’Algérie.

 

Il a en effet appartenu, au cours de la sale guerre de la décennie 90 contre les islamistes, à la très petite poignée de « décideurs » militaires comme on a longtemps appelé en Algérie ces généraux-majors qui détiennent la réalité du pouvoir depuis l’indépendance. Smaïn Lamari a toujours été « l’opérationnel » de ce club restreint et très fermé qui comptait les généraux Mohammed Lamari, Khaled Nezzar, Larbi Belkheir et « Toufik » Médiène, le puissant chef du DRS, les services secrets algériens, seul d’ailleurs à être toujours en poste aujourd’hui.

 

Ex-officier de l’armée française – nom donné aux hauts gradés algériens qui en ont déserté les rangs très tardivement pour rejoindre l’Armée de libération nationale – Smaïn Lamari fut un proche du général-major Larbi Belkheir, actuellement ambassadeur au Maroc mais longtemps considéré comme le « parrain » du régime. Il a fait partie des hauts gradés qui, avec le général Touati, ont « démissionné » en janvier 1992 le président Chadli Bendjedid et annulé les élections législatives remportées par le Front islamique du salut (FIS).

 

Alors que cette interruption du processus électoral fait plonger l’Algérie dans une décennie de violence, Smaïn Lamari et ses « services » mènent la répression. En mai 1992, Lamari a affirmé en présence de plusieurs officiers: « je suis prêt à éliminer trois millions d’Algériens s’il le faut pour maintenir l’ordre que les islamistes menacent », rapporte Mohammed Samraoui, un ex-officier algérien dans un livre publié en 2003 « Chronique des années de sang ». C’est en tout cas le début de l’infiltration des maquis et des groupes armés par les « services » de « Smaïn » – comme on l’appelait pour le distinguer du général Mohammed Lamari, le puissant chef d’état major de la décennie 90 -, le temps aussi de la manipulation de la violence pour mieux discréditer les islamistes.

 

Assassiné en juin 1992, le président Boudiaf envisageait-il de le limoger? La rumeur en a couru, y compris au sein des services de sécurité français où « Smaïn » entretenait de solides amitiés, notamment avec le général Rondot ou la DST.

 

Sa mort survient au moment où la santé du président Abdelaziz Bouteflika se détériore au point que plusieurs de ses sorties – déjà très rares – ont été annulées. La dernière apparition de Bouteflika remonte au 6 août où il a accueilli son homologue iranien, Mahmoud Ahmadinejad à Alger. « Ce jour là, comme lors de sa tournée à Mostaganem et Oran fin juillet, il paraissait exténué, rappelle le quotidien francophone El Watan. Et il avait, au retour d’une pause, un pansement sur sa main droite comme si on l’avait mis sous perfusion ».

43 milliards de dollars, bien de la collectivité nationale chez BUSH

boutefbush.jpgIl a fallu que le Peterson Institute rende publique l’information pour que les Algériens le sachent. Environ la moitié de leurs réserves de change sont placées en bons du Trésor américain chez l’Oncle Sam ! 43 milliards de dollars d’après cette source et cette opération de « placement a débuté en 2000. c’est-à-dire un an après l’arrivée de Bouteflika au pouvoir. En sept ans, il n’en n’a jamais informé le peuple algérien. C’est encore une fois la preuve du mépris à l’égard des Algériens. Les Américains, Bush, Cheney , Rice et compagnie le savent et le « ghachi » local est maintenu dans l’ignorance. Pourquoi, placer cettte somme colossale là-bas et pas dans des banques suisses, japonaises ou européennes ? Plus sûres, au demeurant, surtout si cette somme est convertie en un panier de devises pour palier aux aléas de cette monnaie de singe qu’est le papier dollar. Evidemment, c’est trop demander aux Chakib Khellil et consorts, eu égard à leurs liens supposés ou réels avec l’administration américaine.
Tout aussi choquant est le silence assourdissant des prétendus représentants du peuple (APN- Sénat) qui pour une telle affaire auraient du convoquer séance tenante des séances extraordinaires pour s’enquérir de cette initiative pour le moins discutable. Il est malheureusement vrai que ces occupants de sièges dorés ont d’autres préoccupations plus personnelles et plus lucratives: terrain de construction, primes, passeport du hajd, logements sociaux, voitures etc……
Le silence a été également leur attitude quand Belaid Abdeslem a publié son autobiographie gouvernementale. On pouvait y lire que des swap d’or ont été pratiqués, lesquels ont rapporté des centaines de millions de dollars à l’Algérie. L’absence de continuité de l’Etat, l’absence d’hommes d’Etat, l’absence de gens dignes de confiance fait que personne n’a rappelé que pour un swap d’or, l’ancien gouverneur de la Banque Centrale d’Algérie Hadj Nacer avait subi un lynchage médiatique orchestré par le tandem Kamel Belkacem – Mohamed Meguedem pour le compte des prédateurs du régime afin de faire main basse sur la banque d’Algérie. Aujourd’hui, c’est chose amplement faite. Aujourd’hui, et le cas de ces 43 milliards de dollars chez BUSH, en est une nouvelle illustration, l’argent de la collectivité nationale est l’objet d’un hold-up absolument extraordinaire , contre lequel personne – oui, personne – ne peut rien. Un Etat où la reddition de comptes est sacrilège, n’est pas un Etat. Bled Miki, république couscoussière, ripoublik, neverland ou republique kleptocrate…tout cela, réuni, ne suffirait pas à la qualifier.

 

A vos commentaires !

Attentat contre Kertali: analyse pertinente de Benchenouf

kertali2.jpg« On ne sait pas ce qui s’est réellement passé et on ne le saura pas, de toute évidence. Parce que ceux-là même qui superviseront l’enquête sont les premiers suspects. Cet attentat semble porter leur signature. Ce qui est certain, c’est que des milieux qui disposent de grands moyens et d’une liberté de mouvement ont décidé de replonger l’Algérie dans une dynamique de violence. Qu’ils soient des terroristes islamistes ou des terroristes « sécuritaires ». Il serait intéressant de savoir comment les auteurs de l’attentat ont fait pour piéger le véhicule de la victime. L’article nous dit que la bombe a explosé à l’intérieur même de la voiture. Il nous apprend aussi que la bombe a explosé au moment où Kertali faisait démarrer son véhicule, après avoir accompli sa prière du fajr à la mosquée. Donc, il était venu à bord de son véhicule, et c’est lorsqu’il faisait sa prière que la bombe a été installée et probablement connectée sur le dispositif de démarrage. Tout ça parait très troublant. Si les auteurs étaient des islamistes, n’aurait-il pas été plus facile pour eux de l’attendre à la sortie et de l’abattre? Plutôt que de prendre le risque d’être surpris pendant qu’ils piégeaient le véhicule? De plus, comment ces gens qui ont placé la bombe et qui, par conséquent, sont des spécialistes en la matière, n’ont-ils pas placé une charge suffisante pour tuer leur victime sur le coup? Il y a aussi le fait que Larbaa est une petite ville et qu’à l’heure du fajr, aux aurores, il n’y a pas beaucoup de monde dans la rue. Des étrangers seraient vite repérés, surtout s’ils perdent leur temps à placer une bombe. A moins que celle-ci n’ait été placée beaucoup plus tôt, la veille par exemple, et qu’elle a été actionnée à distance au moment où Kertali s’est mis au volant. Et dans ce cas, il devient très difficile d’expliquer comment des islamistes auraient pu disposer d’une liberté de mouvement aussi grande. »

 

Djamaledine BENCHENOUF

Union méditerranéenne, une coquille vide ?

L’Economiste Maghrébin (Tunisie) via webmanagercenter.com, 9/8/7
Par Hichem Ben Yaïche

Une chose est sûre : avec Nicolas Sarkozy président, la France est entrée dans une ère politique inédite dont les effets marqueront durablement le paysage institutionnel et politique. Le paradoxe, dans cette histoire, est que, en matière d’action, rien de véritablement concret n’a été mené et traduit dans les actes.
Le vrai changement est certainement l’entrée en scène d’une nouvelle et jeune génération d’hommes politiques, lesquels se voient ainsi, en partie, investis de responsabilités ministérielles. D’autres œuvrent dans les arcanes des cabinets ministériels et autres lieux de pouvoir.
Incontestablement, la physionomie politique est en train de se transformer, après des années de blocage générationnel. Des idées nouvelles sont en circulation sur tous les sujets. Politique intérieure et politique étrangère –même si elles font partie d’un socle commun– sont en train de vivre une sorte de «révolution culturelle».
Il est encore trop tôt pour porter un jugement sur des faits précis de l’ère Sarkozy, mais le nouveau chef de l’Etat entend agir en hyperprésident : maître de la communication, son verbe dessine une France –encore virtuelle– qui interpelle, séduit, fascine parfois. Son style nouveau, en rupture avec les anciennes pratiques présidentielles, introduit une touche nouvelle, dont lui seul a la paternité. Mais c’est surtout sa méthode qui bouscule l’ordre établi et modifie les repères : faire bouger constamment les lignes. C’est peut-être la clé de voûte du sarkozysme en émergence comme nouvelle doctrine politique.
A l’Elysée, la cellule diplomatique qui «travaille» sur le contenu de l’UM n’en est qu’au stade de l’étude préliminaire –consultations, rencontres, exploration de pistes, etc. Les hommes clés de ce dispositif sont Jean-David Levitte, conseiller diplomatique du président -un grand superviseur qui chapeaute l’équipe–, Henri Guaino, «plume» du chef de l’Etat, et son inspirateur sur cette orientation présidentielle –de par ses origines espagnoles, il est personnellement sensible à cette question–, Boris Boillon, jeune diplomate et conseiller technique sur les questions arabes. Sur l’UM, Philippe Seguin, en ombre chinoise, est chargé de la rédaction d’un rapport sur le sujet. Les visiteurs de l’Elysée sont nombreux pour donner leur point de vue : diplomates, experts, universitaires, chefs d’entreprise, etc.
Parallèlement à cette mission, le ministère des Affaires étrangères français vient de se doter d’une task-force composée de plusieurs personnalités pour alimenter la cellule présidentielle en idées, études, propositions. Le réseau diplomatique implanté dans la région méditerranéenne est mobilisé à cet égard.
Dans cette phase exploratoire, un certain nombre de thèmes sont d’ores et déjà retenus : immigration, eau, énergie, éducation, santé, etc. Selon des interlocuteurs de premier plan impliqués dans ce dossier, la France souhaiterait, sous sa présidence de l’Union européenne (deuxième semestre de 2008), lancer des initiatives majeures sur l’UM, nouvel axe stratégique de la diplomatie française.
Dans sa volonté de faire bouger les lignes, Nicolas Sarkozy a-t-il présumé de ses forces? Que peut faire la France seule ? Pourquoi n’a-t-il pas pris le temps de consulter les autres partenaires européens les plus volontaristes sur cette problématique (Espagne et Italie notamment) ? De quelle manière la Commission européenne (CE), en charge de la gestion du processus EuroMed à l’intérieur de la Politique européenne de voisinage (PEV), va-t-elle être associée à ce projet ?
Les interrogations sont nombreuses et les incertitudes aussi ! Le moins qu’on puisse dire, malgré les assurances et les explications après-coup du président français, les autres pays européens sont furieux et mécontents de la manière de faire de Nicolas Sarkozy. Malgré cette maladresse, Romano Prodi et José Luis Zapatero restent des alliés pour faire avancer ce projet.
D’un autre côté, les responsables et les hauts fonctionnaires de la CE, pris de court et non consultés, sont encore plus en colère. Ils sont sceptiques sur les chances de survie de cette initiative. Ils considèrent que l’UM n’a pas de contenu réel à offrir par rapport à l’EuroMed (1). Ils considèrent qu’il y a là une vraie occasion pour relancer le «processus de Barcelone», car l’acquis, en termes d’expertise et de réalisation de projets, demeure considérables, même s’il faut, selon eux, corriger le tir et améliorer ce qui existe aujourd’hui.
S’il est vrai que Nicolas Sarkozy a produit un réel électrochoc sur l’Euro-Méditerranée, cela ne doit pas empêcher de dire que son improvisation et l’absence de maturité de l’Union méditerranéenne risquent de décevoir et, surtout, de multiplier des obstacles de toutes sortes.
Reste cette chance unique, qui ne se renouvellera pas de sitôt, pour les pays du Sud. Tirer les enseignements du processus EuroMed, préempter le contenu des thématiques qui constitueront l’épine dorsale de l’UM pour que leurs points de vue soient au cœur de ce projet, au lieu de le subir. Il est encore temps, particulièrement pour les pays du Maghreb, de se concerter, et d’aller dans un front commun, à la seule condition d’avoir mené un travail d’audit en interne dans chacun de ces pays. C’est le moment de dépasser les rivalités, et d’ouvrir une nouvelle ère entre les pays maghrébins et entre l’Europe et la Méditerranée. Est-ce un vœu pieux ?…

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(1) une délégation de la CE était à Paris –dans la première quinzaine du mois de juin–, pour une rencontre avec les diplomates du Quai d’Orsay, en quête de précisions sur l’UM.

Des massacres en Kabylie, vous y avez pensé?

Le conte n’en sera que plus beau …même macabre !

Par Ahmed Kaci
Si vous n’y avez jamais pensé, eh, bien y’en a même qui en rêvent. Non, ce n’est pas une plaisanterie. Dans son blog qu’il tient depuis sa retraite parisienne, Mohamed Benchicou a mis en ligne dans l’édition du 16 juillet dernier, soit le lendemain de l’attaque par un groupe armé de la caserne de la gendarmerie de Yakouren en Kabylie, le témoignage d’un lecteur anonyme sur cette attaque, on prenant le soin au passage de l’affubler d’un titre bien étrange : « J’ai tout vu, on a échappée à un second Bentalha ! ».
Fait curieux, à la lecture du témoignage du début jusqu’à la fin, à aucun moment il n’est question de volonté de commettre un quelconque carnage. Au contraire, les assaillants n’étaient animés d’aucune visée belliqueuse à l’encontre des habitants de Yakouren puisque, selon ce témoin oculaire, ils contrôlaient tous les recoins de la ville sans faire la moindre victime parmi les civils. Nous faisons l’hypothèse alors que le témoignage ne sert que de prétexte pour le montage d’une autre version –toujours la même en réalité- plus à même de concorder avec la vision des tenants de l’éradication auquel appartient Benchicou. La distorsion qu’introduit Benchicou dans le témoignage par le biais de son titre a une logique identifiable et sert des objectifs politiques très précis que confirme son second article « Yakouren : que nous cache-t-on ? » paru le 18 juillet. Dans cet exemple typique de désinformation, Benchicou n’aura plus besoin de nous expliquer comment par la suite la population de Yakouren aurait échappé lors de ce raid terroriste à un carnage assuré, dés lors que les assaillants sont connus et identifiés suis generis, cette espèce « sanguinaire » qui a sévi à Bentalha.
Ainsi, le témoignage de ce lecteur, vraisemblablement un habitant de Yakouren, selon le récit qu’il en fait, et le titre choisi à dessein par Mohamed Benchicou ne sont contradictoires que d’un point de vue formel. Il faut considérer que tout énoncé de langage, loin de ne constituer qu’un codage d’information, constitue d’abord et avant tout un acte de langage. Parler et même écrire, c’est toujours agir, faire agir et voir agir. De ce point de vue, le titre de Benchicou et le témoignage en se soutenant l’un et l’autre acquièrent une force illocutoire décisive. De celle qui réclame un agir. On ne peut un instant croire que M. Benchicou ne fait juste que s’inquièter d’une probabilité forte de voir se rééditer les massacres des années 1997 et 1998 dans les villages de Kabylie. Et il est hors de question de croire un moment que Benchicou exprime en projection un acte de voyeurisme morbide.
Il est fort possible que de sa retraite parisienne depuis qu’il est sorti de prison, Benchicou et tout un courant d’opinion auquel il est affilié, soient persuadés que des massacres en Kabylie seraient la chose la plus radicalement dommageable à Bouteflika. Pour rappel, Zeroual avait été acculé à la démission après la série des massacres collectifs de 1997-1998 attribués au GIA. Si cela a bien marché avec Zeroual, il n’y aurait aucune raison pour que ça ne marcherait pas de nouveau avec l’actuel chef de l’Etat. Des massacres de l’ampleur de Bentalha en Kabylie suscitant à coup sur une très vive réprobation internationale, voire des troubles en Kabylie ne pourraient que forcer Bouteflika à la porte de sortie et la cessation de sa soi- disant politique de « réconciliation nationale ».
Reste maintenant la question de savoir si un scénario de ce genre serait envisageable par ceux qui depuis quinze ans alimentent la violence en Algérie, soit en instrumentant des franges islamistes radicales, soit en agissant de façon indirecte à travers des organisations para-militaires et autres escadrons de la mort. Si cela venait à se confirmer, il s’agira véritablement d’une escalade dangereuse dans la guerre menée contre la société algérienne, car elle portera un coup fatal à l’unité du pays et engagera dans le conflit de nouveaux acteurs qui poseront comme on peut aisément le deviner de nouvelles problématiques. Il faut rappeler ici que jusqu’à maintenant, les algériens dans leur immense majorité ont observé une position de retrait aussi bien vis-à-vis des groupes de guérilla d’obédience islamiste que du pouvoir en place. Même au plus fort de la crise, aucun des deux camps n’a réussi à leur faire changer d’avis. Et malgré les narrations fabuleuses à propos d’une lutte héroïque contre « l’hydre intégriste », ainsi que toute la rhétorique qui l’accompagne comme celle d’une armée « au secours de la démocratie », les Algériens n’ont pas succombé à la « guerre sale » contre une partie des leurs qui aurait fracturé le pays définitivement et ce, en dépit de toutes les manipulations et des violences qu’ils subissent depuis plus d’une décennie. Une « sale guerre » alimentée par des minorités déboussolées et sans ancrage dans le vécu national.
Ce n’est pas pour rien si la Kabylie est ciblée et qu’elle devienne aux yeux d’un courant de plus en plus aux abois le sésame de leur retour aux devants de la scène. La Kabylie comme territoire à sensibilité démocratique tel que martelé par un certains nombre de discours depuis au moins 1992 et que les événements du « Printemps noir » vont en renforcer la croyance est investi d’une mission quasi tautologique : dire et interdire et plutôt que dire, interdire pour mieux dire. Des massacres semblables à ceux de Bentalha et de Rais en Kabylie « bastion de la démocratie » et espace « réfractaire à l’intégrisme » ne peuvent que susciter des sentiments d’indignation à une vaste échelle, mais surtout redonner un second souffle au tout sécuritaire que certains commentateurs ont crû déceler même chez Bouteflika lors de son récent discours devant les cadres de l’armée. Mais l’objectif est plus ambitieux que cela qui consiste à arracher une mobilisation populaire derrière les thèses en place afin de donner l’illusion d’un régime en phase avec ce qu’il proclame depuis le coup d’état de janvier 1992 : un régime en guerre contre « l’intégrisme » qui s’attaque partout dans le monde aux valeurs « universels de la modernité ». Et dans ce registre, les têtes pensantes du régime jouent bien la partition des victimes originelles et esseulées du terrorisme avant que le monde ne se réveille un certain 11 septembre 2001. Et comme un conte qui se poursuit sans discontinuer, « vous voyez bien, semblent dire ces têtes pensante, nous aussi on a eu notre 11 septembre sous la forme d’un 11 avril. Et si cela ne suffisait pas, avec la Kabylie, on devrait clouer définitivement le bec à tous ceux qui doutent de notre bonne foi. Et comment ne nous croiraient-ils pas, ces kabyles de peu de religion ne sont-ils pas tout désignés pour être passés au fil de l’épée ? »Mais comment on y a pas pensé plus tôt, semble suggérer, in fine, et l’article présumé témoignage et le titre de Benchicou «Yakouren : J’ai tout vu; on a échappé à un second Bentalha ! » Une fin heureuse pour un courant d’élites en désarroi et qui a le sentiment d’avoir été trahi et mal rétribué en retour de son soutien sans réserve à la politique menée depuis 1992 prétendument contre « l’intégrisme ». La situation de ce courant est d’autant plus déplorable que sur le marché victimaire, il n’a pas la cote comme au début des années 90 où ses représentants faisaient les Unes des grands médias français. Sur ce registre, ils ont été supplantés par les islamistes –avec toutes les réserves sur ce point- qui, eux, alignent une quantité plus importante de victimes et même réussi à se faire reconnaître ce statut par des instances internationales hautement symboliques comme la commission de l’ONU pour la défense des droits de l’homme dans le cas de Abassi Madani et des organisations non gouvernementales du même genre dans le cas des disparitions forcées, et surtout depuis que Bouteflika a donné du « Monsieur Hattab », au chef du GSPC alias Al-Qaïda au Maghreb et auteur présumé de l’attaque de Yakouren.
Des massacres en Kabylie, ce serait l’aubaine inespérée pour reprendre pied sur le marché de la martyrologie et des héros. Mieux, ce serait un coup de génie, de ceux que seul un démon peut en élaborer, car il va une fois pour toute faire coïncider le conte et la réalité. Une fin heureuse quitte à ce qu’elle soit macabre. L’essentiel est qu’elle remplisse sa fonction de rédemption pour une souche d’élite qui n’a de cesse caressées le rêve d’un conflit dans un mode où se mêlerait héros romantiques, officiers courageux, républicains et loyaux, pasionarias et masses prêtes au sacrifice pour la défense de la république et de la démocratie menacées par le fascisme « vert » comme lors de la guerre civile en Espagne.

Livre de Belaid Abdesselam à télécharger

Bélaïd ABDESSELAM
POUR RÉTABLIR CERTAINES VÉRITÉS SUR TREIZE MOIS À LA TÊTE DU GOUVERNEMENT

(Juillet 1992 – Août 1993

Présentation

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Les premières pages du présent livre ont été rédigées vers la fin de l’année 2001. Puis, en raison de circonstances personnelles, familiales et même nationales, la rédaction de cet ouvrage n’a pu reprendre qu’en 2005 et s’achever vers la fin du premier semestre de cette année. Encore une fois, certains ne manqueront pas de qualifier les pages qui vont suivre d’être une simple manifestation de la volonté de régler des comptes ou de présenter « un plaidoyer pro-domo » si tardif. Pour ma part, je ne vois et je ne vise, à travers les pages que je transmets à ceux qui voudraient bien les lire, que l’accomplissement d’une obligation : celle de contribuer à l’émergence et à la consolidation de la vérité. Durant l’existence de mon Gouvernement, puis depuis qu’il a été mis fin à mes fonctions de Chef du Gouvernement et même de nos jours, j’ai été et continue à être l’objet d’attaques ou, à tout le moins, d’écrits et de commentaires tendant à dénigrer mon action à travers les actes de mon Gouvernement et à dénaturer les idées qui ont toujours guidé mes initiatives ou inspiré mes prises de position sur les problèmes relatifs à la vie de notre pays. N’étant inféodé à aucun clan, ni lié à un quelconque groupe d’intérêts et ne disposant pas de relais politiques ou médiatiques en vue de prendre la défense de la politique qui a été la mienne ou de répondre aux affirmations mettant en cause ma personne ou mes préférences politiques, il ne me reste que le moyen direct de ma plume pour tenter de faire connaître mes points de vue et de communiquer ma vérité, tant au sujet des affaires auxquelles j’ai été mêlé, que des actions ou des décisions dont je porte la responsabilité ou bien des conceptions qui sont les miennes, à propos des questions touchant à ce qui fait l’actualité dans mon pays. Tel est l’objet de ce livre et des annexes qui y sont jointes. En les mettant aujourd’hui à la disposition du public, je transmets mon témoignage à ceux qui souhaiteraient le connaître. Bien d’autres choses restent encore à dire à propos de l’action du Gouvernement qu’il m’a été donné de diriger de juillet 1992 à août 1993, de la même manière que je me dois d’éclairer notre opinion et la quête de nos chercheurs sur ce que fut notre politique de développement dans le passé, en particulier sur notre industrialisation. J’espère avoir la possibilité d’en traiter à travers d’autres travaux à publier dans l’avenir.

Alger, le 1 er octobre 2006.

Bélaïd ABDESSELAM

NB/ Pour télécharger le livre intégralement www.belaidabdesselam.com

Larmes de Juillet

par Abed Charef
Le Sénat algérien est une institution peu démocratique. Deux tiers de ses membres sont cooptés par des appareils politiques, et le reste, directement nommé par le chef de l’Etat, constitue une minorité de blocage en mesure de contrer tout dérapage législatif non souhaité par le pouvoir. C’est donc une assemblée sur mesure, conçue par un pouvoir autoritaire soucieux de se donner une image d’ouverture tout en verrouillant les institutions. Pourtant, même dans une assemblée aussi hermétique, l’émotion a fait son entrée de manière fracassante cette semaine, alors que le pays s’apprêtait à commémorer le 45ème anniversaire de l’indépendance. Une personnalité de grande stature, Mme Zohra Drif, n’a pu retenir ses larmes en évoquant les échecs du pays et le peu de crédit qu’elle accorde au gouvernement pour sortir l’Algérie de sa crise.

Ce n’est pas une jeune fille fragile, ni une dame ambitieuse, qui a ainsi laissé éclater son émotion. Zohra Drif est au-dessus de tout cela. C’est une militante forgée dans la douleur, qui a tout sacrifié, études, famille et confort, pour aller se battre à coups de bombes pendant la guerre de libération. Elle a vécu l’enfer de la prison, puis celle de la condamnation à mort pendant de longues années, s’attendant chaque matin à être exécutée. Une expérience qui forge les nerfs et apprend à celui qui la subit à quel point la vie peut être fragile et les honneurs éphémères.

A 79 ans, Zohra Drif s’est laissée aller pour exprimer un désarroi que ressentent nombre de militants de sa génération. Désarroi face à ce sentiment de gâchis dans un pays où tant de promesses n’ont pas été tenues, face à ce sentiment d’impuissance à influer sur le cours des événements. Comme si ces hommes et ces femmes qui ont libéré le pays ont, peut-être involontairement, donné naissance à une machine infernale devenue hors contrôle. Désarroi enfin face à ce double sentiment : d’un côté, leur responsabilité qui les incite à faire quelque chose, et, de l’autre côté, cette question à laquelle ils ne trouvent pas de réponse : que faut-il faire ? Mohamed Nabi a parfaitement résumé cette question en se demandant ce qu’il faut faire dans « le désert politique et institutionnel » actuel.

Il suffit de les rencontrer, de les écouter, pour découvrir ce sentiment de malaise face à une évolution qui semble leur échapper. Comme cet ancien chef d’Etat qui, ne trouvant pas d’explication à des décisions dangereuses prises au sommet de l’Etat, avance l’hypothèse selon laquelle le pays n’est plus dirigé par une volonté nationale. Ou cet ancien officier supérieur de l’ALN qui, refusant d’admettre qu’un haut responsable de l’Algérie indépendante se comporte comme un administrateur colonial, n’estime pas excessif de dire que « libérer l’Algérie aujourd’hui est plus important que de la libérer de l’ordre colonial ».

Aux côtés de ces réactions poignantes, il y a celles, plus rationnelles, émanant d’intellectuels, comme Mohamed Harbi, qui essaient de comprendre quels mécanismes ont produit ce système, quelles erreurs ont été commises pour pousser le pays vers cette dérive, et quelles forces le maintiennent ainsi dans l’impasse. Leurs analyses vont parfois plus loin, pour tenter d’ébaucher des solutions à construire sur le long terme, en introduisant de nouvelles règles dans le jeu politique, notamment dans l’accès et l’exercice du pouvoir. Mais leur démarche n’est pas non plus dénuée d’amertume, particulièrement chez ceux qui ont participé au rêve de la libération et tenté de le théoriser, car eux aussi mesurent ce que le pays a perdu en s’enfermant dans des solutions illusoires.

Tout ce monde se retrouve finalement dans un même embarras, que chaque jour conforte davantage. Plusieurs personnalités historiques, interrogées sur ce qu’elles feront le 5 Juillet, avouaient ne pas savoir. Certains envisageaient de rester tranquillement chez eux, d’autres ont prévu d’aller rendre visite à des anciens compagnons plus âgés, alors qu’un ancien de l’ALN affirme qu’il se rendra, avec son fils, auprès d’une stèle érigée à la mémoire de son meilleur compagnon de guerre. Mais la plupart adoptent une position commune sur deux points. D’une part, ils relèvent, avec la même colère, que c’est en premier à l’Etat de donner un sens à cet anniversaire, pour que la commémoration se fasse de manière consensuelle et solidaire. D’autre part, ils affirment leur refus de participer aux commémorations folkloriques organisées çà et là par la bureaucratie et les appareils politiques. Enfin, on ne peut éviter de noter cette réaction d’un ancien officier de l’ALN, lorsqu’il a été interrogé sur les récentes déclarations du ministre des Moudjahidine faites à la veille du 5 Juillet. Il s’est contenté de détourner le regard. Il a gardé le silence pendant de longues minutes. Il n’a pas pleuré, mais s’il ne l’a pas fait, c’est simplement pour éviter de verser à son tour des larmes de honte et de désarroi qui ont remplacé les larmes de Juillet, les larmes de la liberté retrouvée, de la joie et du souvenir.

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