Messieurs les diplomates, ouvrez les yeux!

medelci.jpgEl Erg Echergui pour « Algérie Politique »

Les logiques des uns et des autres

Pour comprendre la logique et le raisonnement de quelqu’un qui appartient au système algérien, qui le représente et le défend avec plus ou moins de diplomatie, il faut… appartenir au système, car il y a une incompatibilité totale avec la logique et le raisonnement de ceux qui n’appartiennent pas à l’Etat ou ne subissent pas son influence. C’est une logique qui a ses principes et ses lois qui s’entrecroise rarement avec celle connue universellement. Même les sentiments et les systèmes des valeurs divergent grandement comme on va le voir avec la solidarité qui s’est exprimée çà et là à l’occasion de l’affaire de Hasseni.

Pas plus loin qu’hier, on a vu que ce qui est un crime et un génocide pour le commun des mortels devient dans la logique d’un commis de l’Etat, une simple erreur de parcours de l’Etat, pour laquelle il est honteux d’en faire des vagues ou de boucan sur la place publique. Un besoin aussi naturel et aussi humain que la recherche de la vérité et la justice par les familles des victimes des «erreurs de l’Etat», devient pour le même commis qui parle au nom de l’Etat dans un langage très diplomatique, un simple point de vue respectable, mais contestable, car chimérique et de ce fait, un point de vue ridicule comme les procès ridicules qu’il engendrerait. Et bien sûr l’Etat n’a pas vraiment le goût pour s’amuser aux parodies des procès ridicules contre ses propres erreurs comme l’a proclamé ce commis.

 Les exemples ne manquent pas sur la dichotomie édifiante entre la logique « étatique » qui, pour des considérations conjoncturelles impérieuses, est s’est déployée et s’est imposée souverainement aux citoyens, la logique de ces derniers sidérés ou celle de l’esprit de la loi. L’exemple de la réaction assez tardive du chef de l’Etat suite à la corruption avérée dans laquelle s’était noyé un de ses ministres exprime ce vaste décalage de perception qui nuit à la cohésion et la « concorde » nationale. Après avoir été coupable de dilapidation des fonds publics, d’abus de pouvoir, de trafic d’influence et de bradage de la plus importante société nationale qui ont causé un préjudice se chiffrant en milliards de dollars au profit de ses proches et au profit de sociétés américaines, un légendaire ministre rappelé, a été simplement prié d’aller retourner à son Far West et fut remplacé par un autre ministre. Au moment où un vol à tire est passible d’une peine pouvant aller à l’emprisonnement, relâcher un ministre pourri sans lui demander aucun compte sur sa gestion catastrophique, traduit le fossé dans l’entendement qui sépare ceux qui appartiennent à l’Etat et ceux qui l’observent de l’extérieur est subissent ses lois… à la lettre.

De Hasseni, de Ameur Ouali et du DRS le quel est innocent…

La lettre qu’a envoyée à El Mouhtarem une personne se présentant comme diplomate afin d’exprimer sa solidarité envers un de ses collèges, qui a maille à partir avec la justice française, porte à ce genre réflexion. L’auteur de la lettre dit qu’il parle au nom d’un groupe de confrères attristés par le sort de monsieur Hasseni. Bien qu’imprégnée de beaucoup de tact et de diplomatie, cette lettre ne soulève pas moins d’interrogations sur la logique et le système de valeur sur lesquels elle se base et reflète elle aussi un décalage de perception entre «le gratin de la société» auquel appartiennent le groupe des diplomates et le reste de l’Algérie. Examinons de près deux points qui me paraissent contestables, voire blâmables.

Les deux points concernent deux sujets qui sortent du cadre de la solidarité de corporation et jettent des doutes sur l’objectif principal de la lettre. C’est à se demander à qui s’adresse la solidarité de ces diplomates représentés par l’auteur de la lettre. Est-ce qu’ils viennent réaffirmer leur solidarité avec monsieur Hasseni simplement ou bien défendent-ils l’intégrité du journaliste Ameur Ouali en appelant au respect de l’éthique qu’El Mouhtarem aurait transgressée ou bien encore les diplomates viennent-ils au secours d’une autre «corporation». Le DRS, en minimisant son emprise sur la société algérienne et en le présentant sous un jour plus humain. C’est probablement tout ça à la fois et c’est ce qui est problématique dans la lettre.

Pour la solidarité avec Hasseni, il n’y a rien à ajouter, il est dans son droit de soutenir son confrère en son âme et conscience. Monsieur Hasseni n’est pas connu par le grand public pour que celui-ci puisse s’exprimer sur son identité réelle. L’affaire suit son cours et on espère que la vérité triomphera quelle que soit sa nature.

L’éthique a été respectée dites-vous?

Par contre là où le bât blesse c’est quand l’auteur de la lettre dépasse ce cadre de solidarité pour exprimer un autre son soutien, celui pour un journaliste qui n’a cessé d’influencer l’opinion publique avec des manières peu honorables pour ne pas dire viles. Et c’est là que la différence de perception entre en jeu entre la haute société et la basse société. Si pour le diplomate Ameur Ouali est un journaliste respectueux de l’éthique observant la déontologie de sa profession, pour une bonne partie des Algériens qui ont eu l’occasion de le lire, il n’en est rien. Mais probablement les écrits de ce journaliste indélicat cadrent bien avec le système de pensée de ce diplomate. Formaté de dans l’école de l’Etat autoritaire, ce dernier ne verra pas d’entorse à l’éthique et ne tiquera pas aux graves accusations qu’a proférées Ameur Ouali contre le colonel Samraoui qui serait tantôt « déserteur de l’armée » au lieu de dissident, tantôt fabulateur et d’autres fois « félon ». Il n’a cessé de le jeter en pâtre à l’opinion publique. Comment dès lors ne pas affirmer qu’entre l’éthique et ce journaliste il y a un grand fossé. Comment ne pas croire qu’il veut peser un tant soit peu sur le cours du procès en décrédibilisant honteusement un témoin. Un fossé créé justement par le DRS. Lorsque l’on sait que le patron de Ameur Ouali a assisté aux funérailles de Smaïn Lamari, le comportement du journaliste, par le principe de cause à effet devient clair…
Je trouve lamentable qu’un diplomate puisse s’immiscer dans une cause si peu défendable au lieu de s’intéresser uniquement au sort de son confrère.

Plus grave encore est la tentative vaine de l’auteur de la lettre à banaliser le comportement des agents des services de renseignements algériens. Là aussi, la différence entre le système des valeurs entre clients du pouvoir et la majorité du peuple algérien entre en jeu. Il est inutile de s’étaler trop sur cette question qui a fait couler beaucoup d’encre, mais il serait possible de dessiller les yeux aux crédules du « gratin de la société » qui vivrait sur leur nuage et dans les bureaux capitonnés en rappelant simplement quelques faits. Messieurs les diplomates, vous représentez un pays dans lequel un Algérien croupit dans les geôles depuis plus de dix ans sans jugement grâce à la loi du DRS. Messieurs les diplomates, l’Algérie ne veut pas ouvrir les dossiers des dizaines de milliers de disparus grâce à la puissance de DRS. Messieurs les diplomates, il y a des centaines de témoignages d’Algériens qui ont subi des tortures dans les geôles des services. Ou bien ces Algériens ne seraient-ils pas de la même extraction que la vôtre ? Messieurs les diplomates, ouvrez vos yeux et tendez vos oreilles, de temps en temps, à ce que dit la plèbe. Vous êtes peut-être un petit peu déconnectés de la réalité.

Commentaires

  1. Taous dit :

    El Erg Echergui

    que voulez-vous de plus ?

    la partie civile voulait que l’affaire soir jugée en France et elle l’a été.

    le diplomate est resté en France, même après que son contrôle judiciaire soit levé et n’a pas fuit, contrairement aux assertions de la partie civile.

    les tests graphologiques et en ADN étaient négatifs

    la confrontation a eu lieu et le témoin à charge, après s’être débiné une première fois, s’est lamentablement rétracté.

    Alors, si avec tout ça, vous n’êtes pas convaincu cela s’appelle de l’acharnement;

    Pour ceux qui veulent vraiment que la justice soit faite en cette affaire, alors qu’ils s’investissent pour faire rendre gorge à Samraoui qui a reconnu lui même avoir accompagné le commenditaire pour rencontrer l’assassin à Skikda.

    Pourquoi diable, cela ne semble-t-il pas compter ?

    Quelle est cette connivence qui ne dit pas son nom entre la partie civile et ce pseudo-témoin?

    Franchement, cela n’est pas normal, mais alors là, pas du tout.

  2. El Erg Echergui dit :

    @Taous

    Excusez-moi, je viens juste de lire votre commentaire. On ne trouve pas toujours nos repères parmi la flopée des sujets riches proposés.

    Dans ma contribution, je n’ai fait que répondre à un supposé diplomate sur des questions qui n’ont pas de relation directe avec le procès. J’ai rappelé que certains journalistes, au lieu de garder une position neutre dans le récit d’une chronique judiciaire, s’arrogent le droit de participer à diriger le procès dans un orientation déterminée. Votre jugement, le mien et a fortiori celui d’un journaliste doit se caractériser par de la réserve et la distance autrement il conduit vers la cacophonie et la haine. Le journaliste a utilisé des mots offensants pour un témoin. Le journaliste en question aurait pu, à la limite, formuler ses convictions autrement. Ce n’était pas le cas malheureusement; il y avait de la haine “douce” dans ces écrits. Il s’est comporté comme un agent déguisé en journaliste. C’était l’essentiel de ce que j’ai dit sur le sujet dans ma contribution.

    Les insultes contre un officier supérieur qui a déjà à ses trousses tout un service de renseignement, l’un des plus redoutables et des plus sanguinaires qu’a connu l’Algérie, en plus que ce n’est pas un acte de bravoure et qu’ils n’honorent pas leurs auteurs, ils laissent plutôt entrevoir des soupçons d’appartenance ou d’allégeance aux Services qui font tout pour abattre un dissident qui a démasqué leur méthodes inhumaines.

    Maintenant, mon avis est partagé sur l’identité de Hassani. L’affaire, pour moi, n’a pas révélé tous ses secrets malgré les apparences. Le procès ne s’est pas déroulé d’une façon ordinaire. La pression sur le témoin à charge était très grande. Il est possible qu’il se soit trempé, dans ce cas, sa rétractation devait être totale et non 50-50 %. Le 50% qui restait trahirait ses craintes et non ses doutes sur l’identité. Il a dû penser à beaucoup de choses avant d’accepter de jouer aux contradictions. On fait on peut même supposé que sa conscience l’a empêché de blanchir totalement monsieur Hasseni et que si demain il y aurait des preuves autres que son témoignage, il ne rougira pas devant la famille de maître Mecili.

    Tous les éléments à décharge que vous avez cités n’ont pas convaincu le juge d’instruction. On se demande pourquoi.

    Je dis que c’est un avis personnel et que pour plus de probité du non-lieu, il aurait fallu deux choses capitales: que l’Algérie qui soutien monsieur Hasseni annule le mandat d’arrêt international contre Samraoui pour qu’il puissent voyager sans crainte et que la France accepte d’assurer sa sécurité; La France étant infestée de barbouzes algériens qui n’ont pas de mal à trouver un proxénète-tueur-patriote…

    Je connais bien votre position pour avoir déjà lu votre dernier commentaire sous un autre article du même sujet. Et croyez-moi votre avis gagnerait davantage de respect et de crédibilité si vous faites l’effort de ne pas innocenter une partie en incriminant une autre (témoin/complice).

    Merci

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